jeudi 28 février 2008

J’ai trois blessures de guerre !


Cher amis, le combat d’hier fut extraordinaire. Je le sens dans mon corps… On a bombardé en masse. Vous pouvez vous reposer un peu et retirer vos casques…
Avant que les effets de la chimiothérapie d’hier fassent des siennes, comme l’arrivée d’un train… je veux vous dire que je me porte bien malgré tout. La médication est formidable. Aucune nausée ou vomissements depuis 24 heures. Je suis vraiment contente parce que moi, les vomissements, c’est pas ma tasse de thé ! J’ai donc eu le temps de faire mon épicerie, laver mes serviettes et les draps de mes jumelles, arroser mes plantes. La concentration n’est pas extra mais ça c’est le Décadron. Il me tient aussi en éveil… Mais je termine de le prendre demain matin. Alors je crois bien que je vais dormir comme un loir demain soir, ce qui ne fut pas le cas de ma nuit dernière que j’ai passé sur You tube, en compagnie de Jacques Brel et de Roberto Allagna, mon ténor préféré !
Hier, en chirurgie, on m’a installé le cathéter sous-cutané. Imaginez deux autres cicatrices. Ajoutée à celle de la biopsie du 25 janvier, me voilà une véritable guerrière : j’ai trois blessures de guerre ! On voit bien que j’ai du vécu…C’est correct, je vais avoir 56 ans après tout !
J’ai appris aussi que j’aurai un scan le 17 mars prochain. Donc, j’aurai sûrement une idée si nos batailles ont commencé à porter fruit. Je vous informerai, soyez sans crainte, car trois jours plus tard, le 20 mars, ce sera le troisième traitement. Donc, vous avez tout le temps de nettoyer vos casques pour qu’ils brillent de milliers d’éclats le jeudi 20 mars prochain lorsqu'on dardera cet intrus qui me fait la vie dure..
C’est bizarre, mais on dirait que je ne le sens pas en moi, ce maudit cancer… Puis on dirait que ma ligne de vie se modifie dans ma main gauche…. Bon, je sais, vous allez dire que j’ai des visions et que le Decadron me fait halluciner.. O.K. Je ne dis plus rien….Je veux un miracle ! Je veux m’en sortir de cette grosse farce plate de la Vie.
Pierre m’a envoyé des fleurs ce matin… Il y avait pensé avant de partir pour le Brésil… Wow… L’amour… Il me dit que ce n’est que le début d’un temps nouveau pour lui et moi et qu’on va s’en sortir de ce damné de cancer qui nous empêche de voyager… Mais, on se fera sûrement des petites escapades de temps en temps, d’ici la guérison.
Faudrait bien se composer une chanson de victoire…Quand j’aurai la tête un peu moins genre compote de pommes, je tenterai l’exploit de nous offrir un chant de victoire !
Je vous embrasse bien fort chacun et chacune….
Il est 15 h 31 et le train n’est pas encore arrivé… Wow ! m’oubliera-t-il ?

Claire.

mardi 26 février 2008

La guerre se poursuit





Demain, c’est le 27 février… Sortez vos casques de guerrier… J’ai besoin de vous tous. On passe à l’attaque pour une deuxième fois. Faut bombarder. Faut faire mal. Faut meurtrir ce parasite qui se nourrit de mon énergie, de ma vie.
Cette deuxième bataille, nous la gagnerons…
Ce soir, avant de me coucher, je vais me préparer au combat, en relisant tous vos mots qui me font tant de bien et qui me fortifient. Si vous saviez combien ils me protègent de la peur qui essaie de s’approprier mon âme, surtout la nuit quand je ne dors pas… Oui, la peur… C’est angoissant… À vrai dire, c’est épeurant, la peur ! C’est comme une énorme vague qui me frappe et m’enveloppe pendant quelques secondes. Elle m’enserre, m étouffe quasi…puis soudain, elle repart. Je crains son retour… s’il fallait qu’elle ne reparte pas… C’est ça ma peur… la peur de ne pas passer au travers cette masse d’eau et d’y plonger sans fin… Cette vague énorme que je ne vois pas venir. Cette vague subite et si violente qui me réveille en sursaut. Heureusement… elle me réveille !
Demain matin, je vous emmène tous avec moi.
Vers 13 h 30, commencera le bombardement.
Préalablement, j’aurai subi une petite chirurgie locale en imagerie médicale car on m’installera un cathéter permanent sous-cutané, i.e. complètement inséré sous la peau à un endroit pratique et discret dans la région sous la clavicule. C’est un petit boitier…Je n’aurai que quelques points de suture. Rien d’énervant…On l’utilisera pour m’injecter des médicaments dans la veine cave supérieure, comme ceux de la chimiothérapie, les produits sanguins, l’hydratation et autres médications. Il servira aussi aux prélèvements sanguins. C’est nécessaire lorsqu’on a un traitement à long terme. Cela durera un petit deux heures. Peu de temps après, on me préparera pour le traitement de chimiothérapie en m’injectant des médicaments qui empêcheront la nausée et les vomissements et certains effets secondaires. C’est vraiment extra ! Je n’ai pas eu de nausées lors du premier traitement… J’étais contente ! L’expérience est moins traumatisante…
Après l’heure du dîner, commencera le traitement de trois heures de Taxol, suivi de celui d’une heure de Carboplatine. Durant tout ce temps, je sais que vous aurez des pensées positives pour moi. Vous êtes mes guerriers. Ensemble, on se battra contre cet ennemi mortel. Vous savez, je refuse que le cancer gagne sur moi, malgré toutes les statistiques désolantes et vraiment pessimistes que je lis et qui me désolent quelque peu. Avec vous tous autour de moi, j’ai tout ce qu’il me faut pour combattre… et faire fi de tout ça.
J’aime la vie, et vous ? Je l’ai et je la garde pour longtemps encore…
J’ai décidé qu’ensemble, tous ensemble, avec la force de votre énergie et de ma volonté, nous irons vers la victoire. Évidemment, le chemin ne sera pas toujours facile… On se relèvera, s’il advenait que nous tombions, hein ?. Ce ne sera qu’une petite chute sans importance…et non un effondrement. Je sais que la force qui nous habite est une arme indestructible.
Oui, je veux la Victoire… ! Ensemble, nous l’aurons… c’est évident. Je ne l’ai pas demandé ce foutu cancer…
À l’attaque, guerriers et guerrières de mon cœur ! Si vous saviez combien vous êtes essentiels dans mon combat… Des piliers, voilà ce que vous êtes !

Claire.

dimanche 24 février 2008

Je les ai perdus !


Depuis deux jours, j’avais terriblement « mal aux cheveux » ! Au cuir chevelu, plus précisément…
Dans la dernière heure, j’ai presque tout perdu mes cheveux. Ils s’enlevaient à pleine poignée… Je n’avais qu’à passer ma main dans mes cheveux pour que soudainement elle soit pleine. Il ne m’en reste que quelques-uns que je perdrais sûrement au cours de la nuit. Je ne me reconnais plus… C’est horrible ! J’ai envie de crier…

Claire.

samedi 23 février 2008

Message de Pierre


Il y a 4 semaines aujourd’hui, que le maléfique verdict tombait. Une grande onde de choc, comme un tsunami, nous envahi tous. Une fois la vague retirée, on constate qu’on est encore tous vivants mais on constate aussi que le mal a vaincu les remparts de notre cité et que dès lors, il habite et habitera pour toujours parmi nous.

Mais face à cet envahisseur malsain, nous, les enfants et moi, avons créé notre propre guérilla et approchons cette épreuve de façon combative. Notre attitude est positive, nous arborons rires et sourires. Car c’est de cette sorte d’énergie dont se nourrit Claire quotidiennement et qui lui permet d’entrevoir de très nombreux lendemains. On tente le plus souvent possible de tous se réunir dans le cadre de nos « Banquets des Guerriers », où se dégage concrètement cette énergie.

Alors, cette énergie, additionnée à celle de tous ceux qui écrivent ici ainsi que toutes ces pensées positives et prières que d’autres dirigent vers Claire, illumine nos journées et alimente notre détermination à vaincre le monstre…

La semaine dernière, Claire et moi avons rencontré son médecin traitant pour la première fois; Claire vous en parle dans son texte du 14 février. Mais en se quittant, elle a dit à Claire : « J’espère que nous allons bien nous entendre vous et moi car nous serons ensemble pour plusieurs années… » C’était la plus belle phrase de la journée.

Tous les espoirs sont permis.

Pierre

vendredi 22 février 2008

Est-ce Noël ?

Il y a un mois, c’était encore l’époque AVANT-CANCER. Je rangeais l’arbre de Noël ! Je sais, il était temps… ! Je n’étais pas très pressée… Mais vous saurez que j’ai vu pire… L’année 1991, j’ai défait l’arbre en… mars. Oui, oui, en mars ! Fin mars, à vrai dire. Il a même fallu que j’époussette les boules ! Les jumelles étaient nées en décembre… Alors pendant trois mois, comme je vivais à leur rythme et à celui de Marie-Claire, 2 ans, de Pierre-Étienne, 4 ans et de Catherine (une aide précieuse), 15 ans, le temps me manquait diablement. Mes priorités étaient définitivement ailleurs ! Saviez-vous qu’un 14 février sous les guirlandes est très joli et très, très romantique… ? Que nourrir des bébés en pleine nuit, sous un éclairage de Noël, est magique ! Évidemment, j’ai fini par défaire mon arbre quelques jours avant Pâques, tout de même ! Je crois même tout juste avant l’arrivée du printemps…

Le 22 janvier dernier, en enlevant chacune des boules de mon arbre, je me disais que ce serait bien de garder à l’année notre arbre de Noël dans le coin du salon. Il a tant de dignité ! Puis, j’adore l’éclairage tamisé et chaleureux qu’il diffuse. Ça porte aux confidences… Mais peut-être ne l’admirerions-nous plus, trop habitués à sa présence. Il deviendrait un bibelot qu’on ne remarque plus… En fermant la boîte dans laquelle on l’enferme l’année durant, je fermais la porte sur mon dernier Noël, dans l’espérance du prochain à venir. J’aime le temps des Fêtes !
Deux jours plus tard, j’ai basculé dans l’ère PENDANT-CANCER. Je dis basculé parce que c’est un peu ce qui s’est passé dans ma petite tête. Le coup de poing est vraiment fort…Violent ! Oui, ce jour-là, la magie de Noël m’a semblée vraiment loin…Tellement loin, si vous saviez.
Mais depuis, croyez-le ou non, Noël est toujours là. Même sans arbre. Sans décoration. Sans guirlande. Si vous saviez tous les cadeaux que je reçois. Chacun de vos mots si encourageants, énergisants. Chacune de vos prières qui me rejoignent et me réconfortent, surtout la nuit…Chacun de vos appels téléphoniques au cours desquels j’entends vos rires lorsque vous me racontez si bien votre journée. Chacune de vos visites au travers desquelles je reçois vos caresses lors de nos étreintes. Chacun de vos présents, ces fleurs magnifiques qui égaient ma cuisine, ces roses en soie qui me rassurent tellement, cette courtepointe cousue avec tendresse et amour, imprégnée de musique et de signatures de personnes que je chéris énormément, ce prochain massage qui fera tant de bien à mon corps endolori par les effets de la chimiothérapie, ces livres qui me nourrissent l’esprit… Oui, c’est Noël… Tous les jours, je ressens votre présence autour de moi. Elle me fortifie… J’ai déclaré la guerre au cancer !
Je ne me suis jamais sentie aussi vivante... Même si je sais que je ne vivrai sans doute jamais l’après-cancer. Mais l’entre-deux cancers, oui ! YES ! Car il ne m’aura pas tout de suite…Je vais lui faire la vie dure, à celui-là. Laissez-moi vous dire qu’il va regretter amèrement de m’avoir choisie…

Tout l’amour que vous me portez, me fait vivre Noël à tout instant. C’est fou, mais c’est comme trop d’amour ! Je sais qu’il n’y a jamais trop d’amour… Mais, ça fait drôle de recevoir tant de solidarité, tant de prières même de gens que je ne connais pas…mais que vous connaissez et qui veulent soutenir la chaîne d’énergie que vous avez créée autour de moi. Je ne sais trop comment vivre tout ça… Je prends tout ce bonheur, cette force… Je sais que je dois tout prendre… Je sais que chaque étincelle me vivifie et me mènera jusqu’à la victoire. Je veux la victoire sur cette première année. Je la VEUX aussi sur plus de cinq ans. Je l’aurai parce que vous êtes tous là à me soutenir par vos pensées, par vos prières. Je suis chanceuse de vous avoir… Je ne sais pas pourquoi j’ai le cancer mais je sais déjà qu’il va m’apprendre beaucoup… Mais pas autant que la VIE !

Dans cinq jours, je serai au combat. J’ai tellement hâte. Je sais que vous êtes derrière moi… Est-ce Noël ? Oui. Grâce à vous…à chacun de vous.

Décidément, on dirait que cette année, je vais battre mon record de 1991…Contrairement à ce que je croyais en fermant ma grosse boîte de décorations, l’amour et la magie de Noël n’ont pas quitté mon salon… Cette fois-ci, ils verront naître le printemps…et fêteront Pâques ! Et pourquoi pas … ?

Je vous aime tous, le saviez-vous ?

Je vous serre tous très fort dans mes bras et…soyons fins prêts, mercredi prochain, pour le deuxième bombardement. On attaque ! Pis, pas juste un peu…

Claire.

mardi 19 février 2008

Un minuscule petit mot…

Demain, commence ma semaine de récupération. Je dois bien me nourrir et bien dormir. Prendre des forces de manière à affronter mon deuxième traitement de chimio du 27 février prochain à la suite duquel débutera alors ma semaine de détérioration ! J’ai hâte à ce traitement. Tellement. D’ici là, je poursuis l’écriture du tome 3. Je me porte bien et le plus important, je me bâtis un moral d’enfer…
Je vous aime. Vous êtes tous essentiels à ma vie. Votre énergie me dynamise…
Je vous embrasse.
Claire.

vendredi 15 février 2008

Notre équipe Relais pour la vie


Nous avons maintenant nos 10 personnes minimum pour former notre équipe. Vous pouvez encore vous joindre à nous pour agrandir cette équipe. Aussi, il faudrait choisir un nom rapidement pour s'inscrire au plus vite. Pour l'instant (et je mettrai ce message à jour avec les ajouts), voici notre équipe Relais pour la vie pour le 6 juin 2008:

  1. Pierre Touchette
  2. Catherine Lussier
  3. Marie-Claire Touchette
  4. Élise Touchette
  5. Emmanuelle Touchette
  6. Pauline Matteau
  7. Hélène Matteau
  8. Suzanne Rivard
  9. Claudette Giard
  10. France L'Allier
Idées de noms d'équipe
  1. Les idées Claire (Hélène Matteau)
  2. Clairevie (Suzanne Rivard)
  3. Les Hé ! Claire (Ginette Lamothe)
  4. La gang à Claire et Matteau (André Matteau)
  5. La gang amato(André Matteau)
  6. Les Hé Matteau ! (André Matteau)
  7. C les Mato (André Matteau)
  8. Les Clercs hémato (André Matteau)
  9. On s'ra clair d'hémato (André Matteau)
  10. Les Touchette Hémato (...et Matteau) (André Matteau)
  11. Touche et Matteau (touche hémato...) (André Matteau)
  12. Touche êtes Hé ! Matteau ! (André Matteau)
  13. Tous êtes hémato (André Matteau)
  14. Les Guerriers (Danielle Chassé)

Notre équipe de cheerleaders !
  1. Solange Coutu
  2. André Matteau
  3. Germaine Touchette
  4. Yvon Charette
Je voudrais aussi vous remercier pour les encouragements que nous avons reçus en une seule journée !

Chagrin métastasique

Jeudi, 14 février… plutôt 15 février 2008


Oui, j’ai du chagrin…
On a beau être fondamentalement positif, viscéralement, foncièrement, intrinsèquement, profondément positif… il y a des moments où « ça va mal à shop ! » Cette nuit, je dors mal. À vrai dire, je ne dors pas… Je suis à mon ordi, à déplacer des mots… J’essaie de comprendre. Mais c‘est difficile. C’est comme si j’assemblais un casse-tête fait de milliers de morceaux teintés de couleurs sombres, enchevêtrées les unes aux autres. Je n’y arrive pas très bien…Je ne discerne pas très bien non plus. Puis, je n’ai vraiment pas de patience…
A vrai dire, je refuse de comprendre… C’est ça mon problème. J’ai trop de peine…
Pourtant, j’ai eu le plus beau souper du monde. Pierre est formidable ! Nous sommes allés au resto pour la Saint-Valentin. Le vin ? Suave… ! La fondue chinoise ? Magique ! La conversation ? Comme à l’habitude… ! On se dit tout… enfin, je crois. Disons qu’on se dit surement presque tout ! Entre vous et moi, avouons que ces temps-ci, le jardin secret en a pris un coup ! Il a pas mal perdu de son territoire personnel et ses palissades ne semblent plus insurmontables ! Je l’aime, mon Pierre… On a parlé de nous deux. On est tellement bien ensemble… Puis, on a rêvé de la prochaine maison et exprimé notre vif désir que celle du moment se vende … au plus sacrant ! Évidemment, on a jasé de mes rencontres d’aujourd’hui avec l’oncologue et l’infirmière pivot. Rencontres marquantes. Deux femmes extraordinaires. Franches. Honnêtes. Très honnêtes même…. On sait tous que la franchise fait du bien, mais qu’elle fait mal aussi…
Pierre et moi avons compris cet avant-midi, que je suis abonnée au cancer ! Oui, j’ai un abonnement à vie. Wow ! Puis, ça ne me coûte rien… C’est gratuit ! C’est ça un cancer métastasique…
« Combien d’années voulez-vous ? », me donne-t-elle comme réponse lorsque je lui demande combien de temps, il me reste… Dans ses yeux, j’ai bien lu que tout est entre mes mains. Entre moi et le cancer. Entre moi et la force de ma santé. Entre moi et mon esprit combatif. Entre moi et… le compte à rebours qui est commencé. Qui court un peu… un peu trop vite, à mon goût. Mon charmant petit cancer des ovaires gobe mon utérus, mes intestins et ses petites amies métastases sont en forme et visent à se disséminer avec férocité. Comme le Larousse, elles sèment à tout vent, les maudites ! Pourquoi pas un superbe voyage dans mon cerveau, sur mes poumons, mes seins…? se proposent-elles.
Je croyais que les traitements de chimio en viendraient à bout. Les trucideraient. Les anéantiraient. Les piétineraient. Écraseraient. Émietteraient. Tueraient. Tueraient une fois pour toutes.
Je croyais que le combat serait de force égale. Taxol et Carboplatine contre métastases ! No way ! On ne tue pas des métastases : on les neutralise… jusqu’à ce qu’elles se dévoilent ailleurs. Je les ai dans le corps jusqu’à ma mort. Selon la vitesse et la force qu’elles ont les maudites, les périodes de « repos » de leur expansion varieront au fil du restant de ma vie… J’ai un cancer de force 4 et de grade 3. !!! Mais j’ai aussi une tête de cochon !
Anyway, je sais qu’on finit tous par mourir un jour. Cancer ou pas. Sauf que j’essaie de comprendre ce qui m’arrive. C’est un gros coup de poing ! Je suis vindicative de nature, mais là…Disons que les larmes me montent pas mal aux yeux ! On dirait que les dés sont pipés ! Que ma guerre est perdue d’avance… Je vais gagner des batailles….puis va toujours falloir que je recommence. Jusqu’au bout…Combattre… Je ne savais pas que je jouerais à cache-cache avec ce monstre… Je ne savais pas que le gagnant était déjà choisi dans cette lutte inégale, et qu’il s’appelait métastase. Je croyais que c’était une « colonie » de la mère patrie, nulle autre que ma tumeur. À vrai dire, je croyais qu’après six mois de chimio, ces petites pourritures ou moisissures qui se sont déplacées rapidement dans mon cou, seraient reléguées aux oubliettes. Une vieille histoire, quoi ! Pantoute. Ce sont des colocs ! Pis, elles ne payent même pas de loyers, les salopes ! C’est ma santé qui les nourrit. Plus je suis en forme, plus elles sont voraces. Elles vont me bouffer !
« Combien d’années voulez-vous ? »… Je ne sais pas… Cette nuit, je me dis qu’être en santé, c’est pas toujours une bonne idée ! Ça se retourne contre moi… Oui, nous connaissons tous des gens qui ont eu le cancer, à qui on donnait peu de temps et qui s’en sont sortis gagnants. La question qui tue ? Avait-il un gentil cancer métastasique… ? Sûrement pas… Car on ne guérit pas d’un tel cancer. On vit avec ! On se bat contre lui jusqu’au bout… On meurt avec. On est un abonné du cancer !
J’ai tout relu encore une fois vos commentaires. Quelle idée géniale ma fille Catherine a eu que de créer ce blogue. Cette nuit, pendant que vous dormez, je me reconstruis le moral en lisant vos écrits qui me rassurent, me réconfortent, m’apaisent et surtout me consolent.
Comme me le disait, mon grand ami Claude : "Vois-toi comme une éponge. Laisse-toi imbiber de toute l’énergie qu’on t’envoie. Prends tout. Tout. Et ne laisse plus rien ressortir. Garde tout. Tu as dorénavant besoin de tout… »
Vos commentaires, votre force s’imprègne en moi… Je me sens mieux… moins triste…Merci.
Mais quelle journée !
J’ai aussi appris que l’un des effets secondaires de ma chimio étant le fourmillement dans les pieds et les mains deviendra un effet permanent, avec le temps… J’ai rien que d’affaire à jouer du piano tous les jours… J’espère que ça ne m’empêchera pas de toucher le clavier de l’ordi et d’écrire mes romans…
J’ai aussi rencontré la pharmacienne. C’est elle qui prépare les potions magiques de mes traitements de chimiothérapie. « Vous n’avez pas perdu vos cheveux ? » s’étonne-t-elle en m’apercevant. Car j’ai tous mes cheveux même s’ils sont coupés très court au ras de la tête. Ordinairement, je devrais les avoir déjà perdus… Ben, on verra dans quelques jours, sans doute…. Sachant qu’elle et moi, on risque de devenir des intimes puisque c’est elle qui me fournira en poison plus souvent que je l’aurai cru, on a parlé « cheveux ». Elle m’a confirmé qu’il est vrai que l’année suivant une chimio, notre cheveu repousse différemment, souvent frisotté…pendant dix à douze mois…et reprend sa forme par la suite. Considérant les primes que m’offre gracieusement mon abonnement à vie au cancer, je n’aurais sans doute plus le plaisir de porter des cheveux longs. Je n’aurai pas le temps de les refaire pousser, puisque je risque de me reshooter du venin dans les veines pour une autre période de combat ! Je vais donc m’acheter plusieurs perruques. Différentes les unes des autres. Je vais changer de look, selon mon bon plaisir. Je vais m’amuser avec de nouvelles têtes, selon mon humeur et ma folie. Des cheveux longs, des cheveux courts, Claire la Rousse, Claire la Noire, mais pas Claire la Blonde ! Claire, au toupet, Claire pas de toupet, Claire la Couette, Claire la Queue de cheval, etc., etc.…
Ça me fait du bien de me décharger le cœur auprès de vous… C’est vraiment thérapeutique, ce blogue. J’ai envie de sourire tout à coup. Je me trouve folle d’avoir ces idées de perruque !
Je suis toujours vivante ! Tant que je serai vivante, je mènerai le combat même s’il semble sans fin et perdu d’avance… Dans le coin à gauche, Métastase et dans le coin à droite, Claire la cancéreuse. Engageons le combat !
Décidément…Jamais, mais jamais de ma vie, je n’ai cru devoir vivre ce que je vis présentement. C’est capoté !Je me retrouve devant une femme oncologue que je ne connais pas, dans un minuscule bureau pas plus design qu’il faut et vlan ! Ma vie bascule !
« Combien d’années voulez-vous ? »
Je veux voyager avec Pierre… Quand j’aurai des périodes tranquilles, parce qu’on aura fait peur aux petites métas, on partira lui et moi voir Bahia sans doute ! Puis l’Egypte. Puis Stonehenge…La Toscane…
Les petites maudites métas. Ça sonne aussi bêtes que bétas… Que gros tas ! C’est fou, me voilà en train de rire de mes grosses rimes débiles….Franchement ! Puis, pourquoi pas…
« Combien d’années voulez-vous ? ». Mais, je réponds quoi… ? Je ne veux pas m’astreindre à donner un chiffre… Je ne veux pas enclencher le compte à rebours… même si je sais que biologiquement il est déjà engagé depuis un petit moment. Tac, tac, tac….tac, tac, tac…
J’ai des frissons !
C’est fou, mais j’ai tellement hâte au 27 février. J’ai hâte à mon deuxième traitement de chimiothérapie. J’aime être au combat. J’aime savoir que j’agis en laissant s’infiltrer dans mes veines le poison, mon allié, mon arme. Là, je suis vivante !
Dieu seul sait combien l’attente peut faire mal, beaucoup plus mal, terriblement mal. Parce que c’est mon âme qu’elle attaque ! Faut que je me protège contre cette arme malsaine, horripilante qui me plonge dans une certaine fragilité… que je connais mal.
Bonne nuit… !
Je vais aller dormir…
Je vous aime. Tous. Tellement. Chacun. Chacune. Merci de vous battre à mes côtés. Qui a dit que la guerre était facile ? Personne…
Merci de me laisser m’épancher sur votre épaule pendant que vous dormez…
Je me sens mieux. De vous avoir écrit, j’ai calmé ma peine, mon chagrin métastasique.
Dieu que je suis chanceuse de vous avoir…
Demain, est un autre jour…

Claire.


**note du blogueur (est-ce que ça se dit ?): pour plus d'information sur les stades et grades, vous pouvez allez ici **

jeudi 14 février 2008

Relais pour la vie


Marie-Claire et moi voulons créer une équipe pour participer au Relais pour la vie de la Société Canadienne du Cancer qui aura lieu le 6 juin 2008 à Chambly. Pour former une équipe, nous avons besoin d'être 10. Nous sommes déjà les quatre filles (Marie-Claire, Élise, Emmanuelle et moi). Ceux et celles qui sont intéressés à venir marcher avec nous et faire partie de notre équipe durant cette journée, vous êtes les bienvenus. Nous aurons besoin de se trouver un nom d'équipe pour s'inscrire au site, donc si vous avez des idées, vous pouvez nous les envoyer.

Nous attendons vos réponses,

Merci,

Catherine et Marie-Claire

catherinelussier@gmail.com

Vous voulez laisser un message ?

Plusieurs d'entre vous ont demandé la procédure pour laisser un commentaire. Je veux vous rassurer tout de suite que vous n'avez pas besoin de vous créer un compte Google ou Blogger.

Donc, voici la procédure, étape par étape:

1. Cliquer sur Commentaires au message où vous voulez laisser un commentaire.

2. Dans le gros carré blanc à droite, écrire votre message.

3. Sous le carré, dans la section Vérification du mot recopier le même code qu'au-dessus.

4. Cliquer dans le cercle Nom/URL

5. Entrer votre nom sur la première ligne et rien dans URL

6. Cliquer sur Publier commentaire.

et voilà ! Si vous avez des problèmes, n'hésitez pas à m'écrire à catherinelussier@gmail.com je me ferai un plaisir de vous répondre.

mardi 12 février 2008

Aujourd'hui, je me pose des questions...

Je veux juste vous dire que je vous aime… Énormément. Votre énergie me fait un sacré grand bien, au moral et au corps. Même si, aujourd’hui, je ressens encore une grande fatigue, un peu comme un voile tout léger qui m’enveloppe. C’est cette fatigue quasi rassurante qui me fait prendre conscience de l’amour que je vous porte… On dirait que je ne peux pas trop penser deux choses à la fois, ces temps-ci… Alors je ne pense qu’à ce qui me fait du bien… Le cancer, ça ne change pas le monde ! Ça confronte son monde… Moi qui étais toujours sur une patte, faisant deux choses en même temps et pourquoi pas trois même… me voilà, un peu plus calme, posée… Je prends le temps de réfléchir… J’ai du mal à comprendre pleins de petites choses encore, des significations existentielles qui se cachent derrière ce mal qui est venu me visiter. Dans le fond, si je m’étais cassée une jambe, je ne sais pas si le choc aurait été aussi violent… Quand on se brise une jambe, on ne s’interroge pas sur sa propre mort… Le cancer, oui. Ma mort… ? Je suis éphémère ? N’ayez crainte, je ne suis pas dépressive. Je ne veux pas m’en aller… Je refuse de mourir… J’ai bien trop encore à faire… Puis, j’ai besoin d’espérer et de continuer d’espérer. C’est un besoin intrinsèque… Mais,malgré ce besoin viscéral de lutter, d’être positive face à ma bataille contre cet ennemi qui m’habite, mes pensées divaguent un peu et m’interrogent plus souvent. C’est un peu ça, je crois, le cancer…. Quand on porte dans sa chair sa carte de membre du « club », les pensées morbides envahissent notre esprit. Il est même difficile de les chasser. Faut vraiment faire des efforts et se concentrer sur le moment présent, l’instant même. Mais je vais avouer quelque chose, il m’aura vraiment fallu attendre 55 ans dans ma vie pour comprendre profondément que sa propre mort est un événement inattendu. Je prends aussi conscience que je peux vivre, avec la volonté et le désir de vivre, plus longtemps peut-être… C’est fou ce qui peut nous traverser l’esprit quand on est fatigué. On n’a pas la force de s’étourdir en faisant plusieurs choses à la fois, à une vitesse telle qu’on ne peut s’attarder à aller au fond des choses. Décidément, j’ai à apprendre à vivre ma vie autrement… J’ai l’air bien sérieuse avec mes petites réflexions, mais ça me fait du bien de vous les partager. Oui, ça me fait du bien de les exprimer, de trouver les mots pour décrire un peu ce que je ressens. Je me sens vivante quand je vous écris. Si je me sens vivante, je redeviens une battante… Là, je me reconnais… Je vous aime et cent fois mercis de vos bons mots, vos pensées, vos prières et toute cette énergie incroyable dont vous me gratifiez et qui virevolte autour de moi, de ma famille, de mon Pierre… J’ai beau pensé à la mort, n’ayez crainte…Je ne veux pas m’en aller tout de suite… J’ai encore à faire, hein ?

Claire.

dimanche 10 février 2008

Réflexions cancéreuses... la suite

Après deux autres jours, soit le 3e et 4e jour suivant le traitement de ma chimiothérapie, je peux vous dire que c’est moins drôle. Comme certains le disent, oui, c’est exactement comme si un train vous passait dessus. Il n’y a pas de meilleure description…On dirait qu’il m’a comme écrasé le bassin et les rotules et peut-être même les os des jambes. Je me sens comme une poupée très, très fragile. Quand je marche, j’ai l’impression que les os de mes jambes sont morcelés en milliers de morceaux retenus dans une substance semblable à du Jell-O. Heureusement que je sais que tout ça n’est qu’une illusion et non le constat de milliers de fractures qu’aurait laissé un horrible accident de voiture. Mais enfin, je sais que je vais remonter la pente… Je le sens dans ma tête… qui elle va mieux, anyway ! J’ai la tête en pleine forme ! Bon, voilà pour mes impressions …. Je saurai donc dorénavant ce qui m’attendra aux lendemains de mes traitements… Mais je vais continuer de tenter de marcher fréquemment un peu malgré tout, même si ça me semble difficile tant je tremble dans mes muscles. On dirait que ça fait du bien même si ça fait mal… Que ça renforcit les muscles…
Quelle idée aussi d’avoir eu un cancer ! J’aurais pu avoir une autre idée, il me semble… Mais je profite de cette nouvelle forme de vie. Je lis beaucoup… puis, Pierre me prépare de ses petits plats pleins de santé, à s’en délecter les doigts. Des plans, pour vouloir demeurer cancéreuse longtemps ! C’est tellement bon ce qu’il me prépare, avec des courges, de l’aubergine et il beurre épais en curcuma. Wow ! Je suis une femme heureuse et comblée !
Je vous embrasse chacun et chacune et prenez le temps de vivre l’instant présent… On est tellement pressé… trop pressé, hein ?

vendredi 8 février 2008

Réflexions cancéreuses

Mes deux premières journées suivant mon premier traitement de chimiothérapie n’auront pas été trop, trop difficiles. On m’avait avertie tout de même que je sentirais une grande fatigue, qui s’installe d’ailleurs vers le début de l’après-midi. Hier, j’ai dormi quasi 16 heures. Aujourd’hui, j’ai lu… beaucoup…

J’ai aussi pris conscience combien mon corps aura toujours été un allié pour moi. De toute ma vie, jamais il ne m’a fait faux bond. Jamais malade, toujours disponible, tant à courir, qu’à marcher, qu’à me plier, me déplier, et fuir au grand galop… Puis là, voilà que le cancer vient l’embêter, le confronter… Pas mal, d’ailleurs. Je ne suis pas en colère contre mon corps d’avoir laissé une tumeur faire son nid dans mon ventre…Je ne lui en veux pas à mon corps. Au contraire, c’est à moi maintenant de l’aider, de le soutenir dans ce duel assez grand, merci !
Avec mon moral et un esprit de guerrier pour l’aider à combattre contre l’envahissement des cellules cancéreuses, avec une alimentation des plus conscientes pour vaincre la maladie, avec mes marches quotidiennes, il me semble que lui et moi on va en venir à bout de ce satané de débile de cancer. Ensemble, on saura sûrement manigancer une façon pour mener au suicide ces maudites cellules. Oui, on va les massacrer, les trucider comme dirait ma belle Emmanuelle.

Dans le fond, cette maladie n’est pas si mauvaise…Elle me fait apprécier encore plus que jamais la force de mon corps et de la chance d’être en bonne santé, malgré tout ! Oui, oui, en bonne santé, je le suis. Mis à part le cancer évidemment…Bonne santé mentale aussi et surtout… et tout ça grâce à chacun de vous… Merci de m’insuffler cette énergie...

Claire

mercredi 6 février 2008

Jour 1... suite

Mercredi 6 février… la suite en soirée.

Quelle journée ! J’ en ai eu pour mon argent et le monstre pour une bonne frousse ! Au moins 10 000 missiles, et tous les canons d’artillerie lui ont sauté dessus avec du méchant Taxol, une perfusion intraveineuse de trois heures. Puis, juste pour lui faire encore plus mal, une autre perfusion intraveineuse d’une heure du nul autre que Carboplatine. YES !

Tout s’est bien déroulé, tant toute la période préparatoire à la chimio au cours de laquelle on te shoote de l’Anzemet pour les nausées et du Décadron, du Benadryl, pour les allergies et du Pepcid pour les reflux gastriques. Méchantes potions magiques !

Je n’ai eu aucune réaction ou allergie durant les perfusions…On prenait ma température et ma tension artérielle régulièrement et tout est sous contrôle ! Je suis contente, puisque ça n’entraîne pas des complications non souhaitables. Ce soir pour 48 heures, encore du Décadron pour les nausées qui pourraient survenir. Je suis armée jusqu’aux dents ! Pauvre dragon qui habite mon ventre… Il doit souffrir … Ben bon !

Pierre et moi sommes entrés à l’hôpital vers 7 h 40 et en sommes ressortis vers 16 h 00. Mais je n’étais pas trop fatiguée… On m’a tout de même laissée sous-entendre, que vu que je suis en bonne santé, le premier traitement devait bien se passer. Mais au fur et à mesure des prochains traitements, comme les bonnes cellules auront malheureusement été bombardées par la chimio, ma fatigue va s’amplifier. C’est un peu normal…

L’équipe d’oncologie est vraiment formidable. On est bien traité et surtout respecté… C’est tellement important…puis on rit autour de nous, avec nous…Normand Jolicoeur, un journaliste du Journal de Montréal et ami de Manon et de mon jumeau André, m’avait bien décrit l’ambiance…Il connaît ça puisqu’il a eu le cancer, le cancer et encore le cancer… Il ne s’est pas trompé, l’ambiance est vraiment sympathique entre la gang de cancéreux et le personnel. Une belle gang, solidaire surtout !

Mon prochain traitement aura lieu le 27 février. J’ai hâte. J’ai tellement hâte que le poison fasse effet sur la Bête…

En arrivant à la maison, je suis allée chez la coiffeuse. « Coupe-moi ça à un pouce de la tête », lui ais-je dit… On a tressé mes longs cheveux et cut, cut, cut ! J’enverrai mes tresses à la Société canadienne du cancer qui les vendra à des perruquiers et gardera le fruit de sa vente. Des cheveux naturels gris, il n’y en a pas beaucoup…Ce soir au souper, j’ai mis ma perruque… Je ne suis pas encore à l’aise…Dans quelques jours, ce sera une habitude… Mais, j’ai pleuré quand j’ai vu ma nouvelle tête. C’est la première fois que je voyais le cancer…C’est incroyable ce que des cheveux peuvent faire partie de notre identité. Cela me dérange… Mais ça aussi dans quelques temps, je m’y serai fait… Je ne m’ennuie vraiment pas ces temps-ci…je passe mon temps à changer mes habitudes !

Dites-vous bien, que lorsque je fermais les yeux, je pensais à chacun de vous… Très fort… Je vous savais trous près de moi. Je me sentais tellement forte. Immense. Goliath, quoi ! Le monstre en moi ne pourra tenir longtemps. Avec vous derrière moi, je sais que je vais gagner.
Je vous embrasse tous avec tendresse…

Claire.

Jour 1...

Jour I. Enfin… ! Je l’attends depuis des jours ce fameux premier jour de combat. Évidemment j’ai bien mal dormi. Je suis inquiète et j’ai peur un peu… la peur au ventre ! (Beau titre de roman… !) Lundi, à la session d’informations, on nous disait que nous étions le capitaine de notre bateau, que nous avions à diriger ce voyage !!! Je me sens tellement enragée contre ce satané cancer, cette maudite tumeur… Je ne suis pas un capitaine de bateau… Je suis le meilleur pilote de F-16 et dans ma soute, j’ai une énorme cargaison de missiles. Des méchants missiles. De violents missiles. D’immenses missiles. Je commence le bombardement ce matin… J’ai peur, mais ma rage me motive… Puis, derrière ma peur, j’ai tous vos mots d’encouragements que je viens de relire sur le blog… Cette énergie là étouffe mon anxiété…
Je pars avec Pierre dans moins d’une heure… Je vais au combat… J’ai les rires de mes enfants du banquet des guerriers d’hier soir qui résonnent dans ma tête et des tonnes et des tonnes de bons mots, d’énergie et de prières avec moi que j’ai presque tout appris par coeur. De chacun de vous. Chacun et chacune. C’est puissant, ça. Une force incroyable. Puis dans mon corps, j’ai les 10 comprimés qu’on m’a prescrits et qui eux ont aussi m’aident à me préparer au traitement. C’est la première fois de ma vie que j’ai hâte d’avoir du venin dans mes veines !
Merci à tous. Tant et tant de fois mercis. Merci de faire de mon combat, le vôtre… Aujourd’hui, s’enclenche ma guérison… Toute la gang ensemble, on va gagner hein ?

Claire

mardi 5 février 2008

Banquet de guerriers


Ce soir, nous nous sommes réunis pour concentrer collectivement toute notre énergie et nos forces derrière Claire pour lui donner la pulsion nécessaire à assurer le succès au combat. Bonne chance Claire. On t’aime; on sait que nous allons tous réussir!

Pierre

lundi 4 février 2008

Visite d'orientation au département d'oncologie de Charles-Lemoyne

Ce matin, Claire allait rencontrer l'équipe qui s'occupera d'elle ainsi que les locaux où elle aura ses traitements. Il y a quelques secondes, j'ai reçu un message d'elle qui nous explique un peu sa journée. Bonne lecture !

Aujourd’hui, Pierre et moi sommes allés à la session d’informations donnée à l’hôpital Charles Lemoyne à tous les nouveaux « adeptes » du cancer. Le club, quoi ! J’ai appris beaucoup de choses qui auront à me servir au long de toute cette démarche que seront mes prochains six mois de traitement de chimiothérapie. Chacun réagit différemment à ce genre de traitement. Tout dépend du type de chimio, du type de cancer, du genre de réactions physiques. J’aimerais bien ne pas avoir de réactions ennuyeuses ou désolantes. J’aimerais bien aussi ne pas me sentir trop « malades ».

J’ai vu la salle où auront lieu mes injections. C’est ensoleillé, pleins de fenêtres qui nous donnent le goût de vivre, ou de survivre, je suppose. Mais, je vais vous avouer, j’avais des papillons dans le ventre lorsque je me suis avancée vers ce local qui sera le mien dès mercredi..


Cet après-midi, au téléphone, j’ai parlé avec Martine, mon infirmière pivot. Vraiment gentille, dévouée. J’ai appris que j’aurai un traitement de 4 à 5 heures, aux trois semaines…. Elle m’a conseillé fortement de me dorloter au cours de cette étape de 6 mois à venir et d’accepter d’être à la merci de mon état de santé, et de la fragilité de mes globules blancs. Pour contrer le désastre, j’aurai donc un thermomètre dans ma sacoche. Car je ne peux me permettre la plus petite infection… Paraîtrait que c’est loin d’être charmant de se retrouver à l’urgence… d’autant plus que tout ça retarde la poursuite des traitements de chimiothérapie. Je vais donc faire très attention. Des hôpitaux, je ne connais à vrai dire que les salles d’accouchements et c’est bien loin d’être tristes… Je vais voir un autre volet de ces grandes institutions.


L’impression de ma journée ne me laisse aucun arrière-goût ! Au contraire, l’équipe du service d’oncologie est vraiment formidable. Je me sens entre bonnes mains et j’ai confiance en leurs compétences, leur professionnalisme… Tout comme moi, cette équipe ne désire qu’une chose : combattre le monstre, l’anéantir !

Puis, si je regarde le beau côté des choses, j’aurai des heures et des heures de lecture puisque je devrai rester assise sur un énorme fauteuil qui m’a paru fort confortable. Tiens, j’y piquerai bien des petites siestes de temps en temps…

Merci, merci, merci de tous vos encouragements et de vos bons mots qui me réconfortent tellement, tellement et encore tellement.

samedi 2 février 2008

la nouvelle tête de Claire


Ce matin, maman et moi sommes allées chez La Baie aux Promenades St-Bruno pour rencontrer Louise, la dame qui aiderait maman pour sa perruque. Nous sommes arrivées et maman savait déjà que Louise était une ex-combattante du cancer. Elles ont parlé beaucoup, maman a pu lui poser plein de questions et ce fut une très belle rencontre.

Nous avons essayé quelques perruques, essayant de trouver le gris le plus proche pour ne pas avoir un trop gros choc. La première qu'on a essayée était de la même couleur que ceux de maman et frisés un peu avec l'arrière court au niveau de la nuque. Ça lui faisait bien, mais un peu difficile à placer et à peigner. Ensuite, on en a vu d'autres qui étaient un peu plus longues, un peu plus foncées, un peu plus pâles. Il y en avait une belle, avec une coupe carrée rousse, mais elle ne venait pas en gris.

Il y en avait une qu'on avait vue dès notre arrivée, sur un modèle qui était d'un beau gris clair. Finalement, on a demandé d'essayer celle du mannequin du début. Les cheveux étaient raides (un peu plus proches de ceux de maman dans la réalité) et très soyeux. Le gris était clair, mais c'était beau. Quand elle a mis la perruque sur sa tête, c'était vraiment beau. Elle est facile à peigner, il y a de beaux reflets dans le cheveu et elle est d'une très bonne qualité. Elle lui va vraiment bien. Louise lui a expliqué comment la mettre, comment en prendre soin, comment la laver, etc. Donc, puisque nous l'avons aimé tout de suite, vous n'aurez pas de Perruques Académie... mais nous vous donnons quand même la chance de voir ce qu'elle a l'air avec.

vendredi 1 février 2008

message de Claire

Ce qui me chagrine pas mal, c'est que le cancer des ovaires est tellement silencieux qu'il est trop souvent détecté sur le tard, ce qui est mon cas. Il a eu amplement le temps de faire des ravages avant que sonne l'alarme... En fait, j'ai de 15 à 20% de chances d'y survivre plus de cinq ans... Ça m'inquiète pas mal... puis ça me joue sur le moral un peu, pas mal aujourd'hui... Enfin, une journée à la fois...