vendredi 15 octobre 2010

Un air d'automne

Il pleut…
Une pluie froide. Très froide.
Il y a ce vent aussi. Puis par moments, une rafale...
À travers la fenêtre, je me rends compte combien les arbres ont perdu de leurs feuilles aux couleurs flamboyantes au cours de la journée… Elles se répandent partout sur le sol et soudain se soulèvent sous l’effet du vent. Elles virevoltent jusqu’à moi comme si elles voulaient se réfugier, s’éloigner du sort morbide qui les attend…
J’ai l’impression de comprendre un peu ce qu’elles tentent de fuir : la mort.

On oublie beaucoup trop souvent que la Vie est un privilège.
On oublie beaucoup trop souvent sa propre fragilité.
On oublie beaucoup trop souvent que cette vie présente est éphémère et combien loin d’être acquise. Je sais, c’est difficile de faire sienne cette vérité avec un grand sourire.

Ces feuilles qui s’éparpillent et qui semblent avoir perdu tout contrôle sur leur existence me ramènent à l’essentiel : le moment présent. Il n’y a que cet instant qui compte, qui est vrai. Il n’y a que cet instant présent qui me confirme que je suis vivante. Bien vivante…

En 2008, lorsque j’ai appris qu’il n’y avait que 7% de chances que je puisse survivre 5 ans à mon diagnostic, tenant compte du stade élevé du développement de mon cancer des ovaires, j’ai pris la ferme décision que je ferai partie de ce 7% de femmes chanceuses….Si chance, il y a. Dans trois mois, cela fera trois ans que je survis… Il me reste donc encore deux belles années…mais j’avoue que je commence à entendre le son des grains de sable qui coulent dans le sablier du temps…

Deux ans, c’est long… Deux ans, c’est court. Question de perception…
Mais, je vais vous faire un aveu : la peur s’installe un peu en moi. Je visualise le compte à rebours, bien malgré moi. Je suis de plus en plus en contact avec ma finitude qui me rappelle qu’on ne fait que passer sur cette planète.

Oui, aujourd’hui, la chute des feuilles des érables et des centaines de chênes qui m’entourent me conscientise à la vie qui m’habite. Je m’arrête et je fais silence pour respirer ma vie, la saisir pour lui donner toute la place afin que je sois encore plus vivante que jamais…

Le cancer m’aura appris à vivre ma vie, à la vivre autrement…

Bon automne…
Prenez soin de vous. Et pas juste un peu… Beaucoup!

Je vous aime.
Claire.