mercredi 31 décembre 2008

La nouvelle année…


Je suis heureuse… C’est un grand jour… Le dernier jour de l’année !
Dans la famille Matteau, le 31 décembre, c’est la fête ! Personne ne peut s’absenter…sauf force majeure.

Cette réunion familiale est vraiment une tradition. Elle remonte au temps de mes parents, lorsque j’étais enfant. Par la suite, une fois devenus adultes, mes frères et sœurs et moi avons poursuivi le maintien de cette rencontre annuelle. Ce qu’on aura chanté autour de la table, entre deux services… le vin aidant, évidemment.

J’ai eu la chance de recevoir chez moi ma famille pendant un certain nombre d’années. Un cadeau… Nous étions une trentaine… Des rires à profusion… Du bonheur, quoi !
Depuis deux ans, je recentre cette fête autour de la famille que je me suis créée, mes cinq enfants et leurs conjoints ou copains. Nous sommes une dizaine maintenant… Les petits-enfants viendront sûrement dans quelques années…

C’est au cœur de l’après-midi du 31 décembre que nous échangeons nos cadeaux pour ensuite se retrouver autour de ma table. Tout comme autrefois, c’est au tour de ma progéniture de s’amuser et de rire autour de la table. Évidemment, on chantera un peu…

Puis, comme plusieurs d’entre nous, on se serrera les uns contre les autres durant le Bye Bye, en attente du décompte…

10…, 9…, 8…,

À minuit, j’aurai mes cinq enfants autour de moi. Quelle richesse !

Ce soir, à minuit, c’est le cœur ému et plein de tendresse que je tiendrai dans mes bras chacun d’entre eux, leur offrant la plus belle année à venir.

Une année heureuse. Une santé de fer. Une année pleine d’amour.

C’est aussi ce que je vous souhaite le plus ardemment.
Que vienne vite 2009 et que 2008 disparaisse à jamais.

Mon souhait ? Que la Vie puisse librement nous proposer un éventail de projets à réaliser, des élans d’avenir plein de soleil…et des certitudes sur lesquelles se reposer l’esprit. Loin de nous les coups durs et bas inutiles…

Je vous aime…

Claire.

samedi 27 décembre 2008

Une épidémie… ?

Voici ce que je peux lire…en glanant par-ci-par-là sur internet :

Selon l'Organisation mondiale de la santé, le cancer est en train de devenir la plus grande épidémie que le monde ait connue. D'ici à 2020, le monde comptera 20 millions de nouveaux cas de cancer chaque année, tandis que le nombre de morts dépassera les 10 millions. L'OMS prévoit un accroissement des cas de cancers dans la plupart des pays en raison du vieillissement des populations.



Le nombre de nouveaux cas de cancers augmente deux fois plus vite que la population au Canada : désormais, 44 % des Canadiens et 38 % des Canadiennes en seront affectés au cours de leur vie. Des augmentations signifiantes de cas de cancer sont comptabilisées à tous les âges. Certains médecins parlent maintenant «d'épidémie», voire d'une «pandémie» de cancers.

On prévoit qu’en 2010, au Canada, une personne sur deux sera touchée par le cancer.

Je suis secouée…
Vitement, en deux petites secondes, je calcule dans mon entourage une dizaine de personnes atteintes d’un cancer : des amies, des collègues de travail, un beau-frère, deux belles-mères, le conjoint d’une cousine, une tante, l’enfant d’une amie… sans oublier maman affectée d’un cancer du pancréas…
C’est complètement aberrant…
Faites cet exercice, vous verrez ! Le cancer est partout. Le mot épidémie a décidément sa place…

Selon la Société canadienne du cancer, voici les statistiques générales sur le cancer pour 2008 :
Au Canada, on estime à 166 400 le nombre de nouveaux cas de cancer et à 73 800 le nombre de décès attribuables au cancer en 2008.

En moyenne, chaque semaine, 3 200 personnes recevront un diagnostic de cancer.

En moyenne, chaque semaine, 1 419 personnes mourront des suites de la maladie.

On estime à 79 400 le nombre de Canadiennes qui recevront un diagnostic de cancer et à 35 000 le nombre de Canadiennes qui mourront du cancer.

On estime à 87 000 le nombre de Canadiens qui recevront un diagnostic de cancer et à 38 800 le nombre de Canadiens qui mourront du cancer.

Au Canada, d'après les taux d'incidence actuels, 39 % des femmes risquent d'être touchées par le cancer au cours de leur vie ; la proportion est de 45 % chez les hommes.

Le cancer est la principale cause de décès prématuré au Canada : 1 026 700 années potentielles de vie se sont volatilisées en 2004 à cause du cancer, ce qui représente près de 32 % de toutes les années potentielles de vie perdues aux mains de toutes les causes de mortalité.

Le cancer est une maladie qui touche principalement la population canadienne plus âgée : 42 % des nouveaux cas de cancer et 60 % des décès par cancer surviendront chez des personnes de 70 ans et plus.

C’est quasi épeurant ! Une épidémie ? Je commence sérieusement à le croire… C’est pire que la guerre, on dirait !

Bon sang, prenez soin de vous…Je suis sérieuse…
Je vous aime…Je suis sérieuse encore plus…

Claire.

mercredi 24 décembre 2008

Joyeux Noel !


Mercredi, 24 décembre 2008

Il y a quelques heures, j’ai pris plaisir à relire tous les commentaires que vous avez inscrits sur ce blogue au fil des semaines et des mois … C’est incroyable… ! De beaux messages d’amour. J’en suis encore tout bouleversée. Que d’espoir vous m’avez donné. Que de tendresse. Que de solidarité. Que d’amitié ! Je suis profondément comblée… Je constate avec émerveillement combien je suis choyée.

Si vous saviez le bien que je ressens à vous écrire sur ce blogue. Je demeure vivante. J’y libère mes pensées, toutes ces petites secousses faites de joie et d’angoisse. J’y traduis les hauts et les bas de mon petit parcours d’humain qui apprivoise la maladie par à-coup. Je me permets même une certaine introspection, malhabile par moment, mais qui me permet de tenter de comprendre un peu mieux ma destinée. Du moins, j’essaie…

Ce blogue est un énorme cadeau… Merci, ma belle Catherine, ma fille si formidable. Merci d’avoir eu cet éclair de génie de me créer cet espace virtuel dans lequel j’y fais d’admirables rencontres au travers de tous ces mots que chacun de vous prenez le temps de joindre si gentiment.

Merci.

Merci encore.

Merci à chacun de vous. Pour votre générosité. Votre affection. Votre soutien. Je le redis, je suis une femme comblée. La force que vous me prodiguez avec tant d’amitié me nourrit l’âme. Elle fait de moi une combattante malgré certains moments bien normaux de découragement, mon trajet n’empruntant pas toujours une ligne nécessairement droite, bien évidemment. Je suis débordante de reconnaissance… Oui, je suis une femme choyée. Quel privilège de vous avoir autour de moi. Merci… Si je suis toujours bien vivante en cette veille de Noël, vous y êtes pour beaucoup.


J’attends…
Dans quelques heures, ce sera Noël. Je suis fébrile…

Je vous souhaite un Joyeux Noël. Un beau Noël. Un bon Noël, plein de ravissement. D’émerveillement. Avec un brin de folie et d’éclats de rire.
Prenez le temps de chanter au moins un peu…

Je vous aime.
Merci d’être là.
Merci de m’encourager, de m’épauler, de me soutenir…
Joyeux Noël ! Que Dieu vous protège…

Claire.

vendredi 19 décembre 2008

J’ai peur…

Ces temps-ci, je ne sais si c’est à cause de la grippe qui me visite le corps, mais je dors mal et vraiment peu. Alors que je suis éveillée, mon esprit vagabonde et j’ai des pensées négatives qui nourrissent allègrement mes craintes de rechute. Tout petit mal ou élancement qui survient dans mon corps provoque instantanément en moi un sursaut de frayeur.

La nuit dernière, je réalisais combien j’étais plus forte mentalement durant mes traitements de chimiothérapie que depuis les derniers jours. Les maux de ventre qui m’habitent ces temps-ci suscitent toute une gamme d’émotions…qui n’ont pas des couleurs attendrissantes.
Oui, il n’y a pas si longtemps encore, j’étais une guerrière… J’avais de l’énergie à revendre. C’est tout le contraire dans le moment … Je suis fatiguée… J’ai beau me dire que tous ceux qui ont la
grippe se sentent éreintés, épuisés, tout comme moi. Non, cette fatigue me rend quasi dépressive. Malgré moi, j’interprète la situation comme un symptôme de récidive.
Je ne savais pas que le cancer m’affecterait dans tout mon être, dans ma condition physique. Qu’il atteindrait mon état mental, affectif et même spirituel.

Pourtant, je pétais le feu, il n’y a pas si longtemps. J’étais tellement contente d’avoir terminé mes traitements de chimiothérapie et avec un certain succès…

Là, j’ai peur. J’ai peur des prochains résultats de mon scan passé mardi dernier. C’est évidemment ridicule… D’autant plus que la petite bosse dans mon cou semble disparue…Je ne la sens plus… Mais pourquoi j’ai mal dans mon ventre… ?

Cette nuit, je tentais de me réconforter en reconnaissant qu’il y avait une gastro-entérite qui courait…Un maudit virus qui touche tout le monde, quoi ! Que je n’y échappais pas, tout simplement. Que dans quelques jours, la forme physique viendrait me ragaillardir le mental qui se dégonfle pas mal et vitement, tout reviendra à la normale... Que c’est sécurisant la normalité, hein ?

Je n’y arrive pas aujourd’hui.
La rechute…Elle m’effraie. Elle m’obsède.

L’avenir m’inquiète évidemment… J’essaie de ne pas y penser mais tous les jours, le mot cancer
me traverse l’esprit, bien malgré moi… J’ai tant de questions sans réponse… Mon traitement a-t-il réellement porté fruit… ? Puis-je croire que pour un certain temps je suis revenue « à la normale » ? Heureusement qu’il y a ma routine à laquelle m’accrocher…Puis-je vraiment croire aux projets d’avenir au-delà d’une année… ? Est-ce que le mot avenir a vraiment droit de résidence dans ma vie ?

Oui, la grippette qui me rend visite me fait prendre conscience que ma santé n’est pas acquise… Je dois apprendre à vivre avec ce constat… Pas facile.
Peut-être aussi que j’exige trop de moi ? Trop rapidement sans doute…

Puis, entre vous et moi, quand on est face au cancer, quand il nous regarde en plein dans les yeux, y a-t-il une seule manière de réagir ? Non, évidemment… On n’a que celle qui nous convient… De toute façon, toutes les réactions doivent inévitablement finir par nous secouer le cœur et l’âme…

C’est difficile de tout prendre du bon côté. Je rêve d’y arriver… mais est-ce vraiment atteignable ? Réaliste ? Je pousse peut-être trop loin mon besoin de combattre… Je me demande un peu trop… Qu’est-ce que je suis en mesure d’affronter… ?

Vivre avec le cancer n’est pas une sinécure… Demeurer positif exige beaucoup d’énergie… Je crois que ma grippe en me rendant un peu moins vigoureuse me fait comprendre que je ne peux être optimiste à toutes les secondes de ma journée. Que je ne dois pas m’en culpabiliser et par le fait même être déçue de mon inaptitude…

Aujourd’hui, je ne suis pas une guerrière… J’aurais davantage envie de pleurer. De crier mon incapacité…

La crainte de la récidive se transforme en une véritable épouvante quand je ne parviens pas à dormir la nuit… L’anxiété prend toute la place… Elle me rend presque prête à hurler.
Je trouve cela vraiment difficile, vous savez… Je sais aussi que toute cette angoisse va finir par se résorber d’ici peu… et m’aider à fuir ce dédale quasi inextricable de réflexions et de troubles qui se logent dans ma tête.

Va falloir que j’apprenne à vivre de six mois en six mois, je crois…
Je me sens fragile aujourd’hui, comme si mon moral battait aux quatre vents…
Toutefois, le fait de vous l’écrire m’apaise déjà un peu… Merci d’être là. Vous êtes une source de réconfort dans cette petite tempête d’émotions.

Je vous embrasse,
Claire.

mercredi 10 décembre 2008

Il y a un an que….

Depuis quelques jours, je me rends compte que je suis arrivée à la période de l’année où je peux dire : « Il y a un an que… ».
Mauvais souvenirs…
Désagréables souvenirs…

Le 7 décembre dernier, il y a quelques jours, cela faisait déjà un an que je découvrais une petite boule bien dure qui se développait dans mon cou…J’étais dans l’avion me menant vers Winnipeg.
Demain, cela fera un an que je rencontrais mon médecin de famille…Quelques minutes plus tard, je sortais de son bureau avec une prescription d’antibiotiques dans les mains…!!!

Et le 24 janvier prochain, cela fera malheureusement un an qu’on m’aura confirmé ce maudit cancer. Je n’oublierai jamais combien son annonce m’a terriblement secouée… Je peux vous décrire dans les moindres détails le bureau du médecin, la couleur des murs, du plancher, la température à l’extérieur, les vêtements que portait ma fille Catherine qui m’accompagnait. Je me rappelle la gamme d’émotions qui m’a criblée l’âme en quelques secondes. Je me souviens surtout de ma gorge qui se serrait, m’empoignant presque, m’indisposant, m’oppressant. Chacun des mots qui sortaient de ma bouche me faisait mal…Ils étouffaient un cri…
Mauvais souvenirs…
Désagréables souvenirs…

Le 25 janvier prochain, il y aura un an qu’on m’apprenait que mon cancer était de stade IV, grade III… Que j’avais de fortes chances de ne pas survivre à l’année qui commençait à peine. Vite, on m’expédiait rapidement en chimiothérapie, en souhaitant ardemment que les traitements puissent me donner un peu de temps supplémentaire…
Encore plus de mauvais souvenirs…
Encore plus de désagréables souvenirs…

Je crains cette réaction du « Il y a un an que… »… Elle me rend mal à l’aise…
Évidemment, c’est plus fort que moi. C’est difficile d’y échapper… Mais je crois que je vais persister à refuser de poursuivre plus longtemps cet exercice. Je devrai tenir tête à cette remémoration très humaine pourtant. Bien sûr, elle peut sembler réconfortante puisqu’elle me permet de constater que j’ai outrepassé les pronostics négatifs : je suis toujours là… et en meilleure forme ! Oui, je suis en pleine forme… Non ! Cette évocation constante du « Il y a un an que… » m’inquiète. Elle me dérange quelque peu. J’ai peur de me laisser habiter par mes souvenirs tristes et malheureux… Je crains qu’ils s’imprègnent en moi et squattent un peu trop longtemps à mon goût... J’appréhende leur force négative… Ils me paraissent inutiles dans le combat que je mène. Dans le défi que je me suis lancé et que je tiens à relever…
Que de mauvais souvenirs qui boufferont mon moral.
Que de désagréables souvenirs qui grugeront l’espoir que je mets dans la vie…

Je préfère regarder en avant. Croire en ce qui vient et viendra malgré les détours qui me cachent parfois l’horizon. Imaginer ce que je ne vois pas encore et le désirer de tout mon être.
Non, je ne veux pas jouer le jeu du « Il y a un an que ». Je préfère, et de beaucoup, celui de « Dans un an, je… » J’ai tout à bâtir malgré les prévisions horribles sur l’issue de mon cancer… « …Moins d’un an…»’ m’a-t-on dit en septembre…
NON ! J’en fais mon affaire ! Je veux faire mentir le diagnostic. J’en appelle aux miracles… Je l’aurai mon miracle, foi de Claire !
Je veux la Vie. Pas juste un peu. Longtemps encore.
Que de beaux souvenirs.
Que d’agréables souvenirs.

Ce n’est pas demain la veille que je cesserai d’écrire sur ce blogue…
J’ai des années devant moi à écrire… Des lignes et des lignes de mots…
Des mots forts. Des mots clairs. Des mots puissants. Des mots courageux.
Pleins d’espoir, de certitude et de conviction.

J’aime bien trop la Vie pour qu’elle me glisse ainsi entre les doigts.
Il y a un an, je ne savais pas que j’aimais la Vie à ce point… Je ne m’y attardais pas. Elle était là…et je ne la voyais pas dans toute sa plénitude…Merci cancer de m’avoir ouvert les yeux ! Maintenant, disparaît. J’ai compris le message.
La vie et moi, on fait marche ensemble. On a beaucoup à faire, elle et moi.

Je vous aime…
Prenez soin de vous. De votre âme et de votre santé…
Claire.

P.S. Le 16 décembre prochain, je passerai un autre scan… mais je n’aurai les résultats qu’en janvier, évidemment…