lundi 23 août 2010

Je cherche...

Depuis que mon oncologue m’a appris que les dimensions de mes métastases avaient diminué, non seulement sur le sein gauche, mais aussi dans mon abdomen, je file le parfait bonheur. Je ne finis plus de remercier la Vie de sa grandeur et de sa beauté… Je trouve la Vie tellement puissante !

J’ai donc décidé, d’un commun accord avec moi-même, de rassembler toutes mes forces intérieures vers un objectif très précis : mener mes cellules cancéreuses vers le suicide puisque contrairement aux cellules saines, elles ne mourront jamais. Oui, oui, trouver tous les arguments possibles pour qu’elles s’autodétruisent… Pourquoi pas ?
Mais je ne connais pas la manière…

Je sais que beaucoup d’entre nous utilisent la malveillance, la manipulation, le harcèlement psychologique sur nos semblables, et ce, à tel point qu’un seul mot peut tuer…

Je sais qu’il y a tout en nous un agresseur… selon le moment, selon la noirceur de notre vie, selon nos faiblesses et nos émotions…

Je sais que certains d’entre nous ont une influence tellement grande sur les autres, qu’ils sont en mesure de les contrôler. Une influence qui consiste, sans argument véritable, à amener une personne à réagir, penser, se conduire d’une manière différente, souvent même à l’opposé de ce qu’elle aurait jugé de faire… librement, spontanément.

Non, cette persécution n’est pas le genre d’action qui m’aiderait à piéger mes cellules cancéreuses. Je ne peux imposer un comportement abusif…

Alors comment ? Après tout, comme le dit le proverbe : « Un bienfait n’est jamais perdu : on est toujours récompensé du bien fait à quelqu’un ».

Je cherche beaucoup…

Encore la nuit dernière, j’ai passé quelques moments d’insomnies à réfléchir. À tenter de trouver une solution, une action bénéfique ! Oui bénéfique… Pas une arnaque. Non ! Une action dans laquelle mes charmantes cellules cancéreuses se sentiraient enfin indépendantes. Oui, elles seraient enfin libérées et non plus sous l’emprise de leur processus continuel de prolifération ? Elles ne seraient plus soumises aux signaux qui ordonnent leur multiplication.

En effet, comment convaincre mes cellules cancéreuses que leur autodestruction pourrait être un cadeau pour chacune d’entre elles et par le fait même pour moi et ma petite personne ?

Car faut comprendre que je ne les haïs pas ces petites cellules… Elles sont tout de même une partie de moi… Bon, je sais, une partie de moi qui a mal tournée, j’en conviens…

Non, je les aime bien… Après plus de 30 mois à vivre ensemble, on a appris à s’apprécier malgré tout…

Je réfléchis…
Je cherche...



Passez une belle journée et n’oubliez pas que je vous aime…
Claire.

lundi 16 août 2010

Y a-t-il une réponse ?

Je me questionne beaucoup depuis quelques jours. En fait, je me repose plusieurs questions…

Je suppose que j’aurais dû tenter d’y répondre il y a fort longtemps, mais encore fallait-il que je m’interroge vraiment… en portant un regard vers l’intérieur et non vers l’extérieur, sans doute.

Quand je suis au piano et que soudainement j’ai un air nouveau qui s’éveille dans ma tête, un air qui demande à se faire entendre en s’animant au bout de mes doigts, d’où me vient cette inspiration ? D’où sort-elle ? De ma tête ? De mon âme ?

Les talents que développent les artistes, les poètes d’où proviennent-ils ? D’où nous vient cette pulsion créatrice soudaine ? Je ne sais pas encore…

D’où nous vient la vie, cette énergie qui nous alimente ? Cette étincelle qui nous anime et qu’on voudrait retenir avant qu’elle s’envole… Cette étincelle qui nous ravive et qu’on espère tant retrouver lorsqu’elle nous quitte…

J’ai appris un tas de choses au cours de ma vie qui m’ont permis de prendre ma destinée bien en main pourtant je ne sais pas encore d’où vient l’énergie créatrice qui m’habite, qui habite l’humain…

Je ne sais rien d’où provient la force qui s’exprime en moi, cette force qui me gère et définit ma personnalité, cette force qui me permet de choisir l’orientation que je donne à ma vie, cette force qui me projette dans ce que je suis, cette force qui me donne la volonté de poursuivre et le libre arbitre de décider de ma vie…

D’où me vient cette personnalité intérieure qui me parle ? Cette personnalité qui diffère quelquefois de l’image et du comportement que je donne à mon entourage ? Cette personnalité qui me connaît mieux que quiconque comme si elle était moi depuis toujours et pour toujours… dans mon inconscient. Cette personnalité qui colore mes attitudes, ma raison, mon jugement, mon libre arbitre, au-delà des influences extérieures, de mon hérédité, de mon éducation…

Serait-ce cela l’âme humaine ?

Pourquoi je ne sais pas encore ?

Peu m’importe vraiment, l’essentiel demeurant l’amour que je porte à la vie.

Bon, fini pour aujourd’hui ce questionnement…

Je vous embrasse bien fort et vous enveloppe de tendresses.

Je pars faire une petite croisière de trois jours, sur le fleuve Saint-Laurent, entre Montréal et La Malbaie… Qui sait, au beau milieu du fleuve, peut-être aurai-je enfin des réponses à mes questions…

Je vous aime,

Claire.

jeudi 12 août 2010

Le bonheur me va bien... !

La semaine dernière, j’ai eu le lancement de mon livre L’embellie. Ce fut émouvant, merveilleux…

J’ai une éditrice en or…

Malgré la pluie torrentielle, la salle était comble. Comme j’étais heureuse… Heureuse d’être auprès de vous. Parmi vous. Avec vous.

Heureuse que ce livre prenne enfin son envol vers d’autres femmes afin que sa lecture puisse les informer des symptômes du cancer des ovaires. Elles pourront le reconnaître le plus précocement possible… et en guérir ! Oui, en guérir…

Heureuse des belles rencontres que cette soirée m’a apportées. Des rencontres chaleureuses, pleine de tendresses. J’ai une famille aimante, et des amies et amis extraordinaires.

Oui, j’étais heureuse et si ravie des présences de mon oncologue, la docteur Catherine Prady, et de mon infirmière-pivot, Martine Billy. Quel bonheur !

Dans les heures suivant cet événement, j’avais l’impression de flotter, tant la joie m’habitait… Évidemment, je n’arrivais pas à dormir, tant j’étais heureuse… Au cours de la soirée, j’ai appris que mon livre est déjà considéré comme un best-seller, selon mon éditrice, vu les préventes… Cela veut donc dire que l’Embellie rejoindra beaucoup de femmes… Yes ! Que voulez-vous de plus ?

Bien croyez-le ou non, ce matin, lors de ma rencontre avec mon oncologue, j’ai appris que ma tumeur au sein a considérablement rétrécie et que les métastases qui se développaient dans mon ventre ont diminué quelque peu… Diminué !!!

J’ai un cancer atypique… Son cheminement est aléatoire et pas juste un peu…
Docteur Prady est tellement contente… Selon elle, le traitement hormonal Arimidex, l’anti-aromatase, me va comme un gant… Il a non seulement fait peur au cancer du sein qui tente de se développer, mais il a joué un rôle quelconque sur l’œstrogène à l’intérieur des tumeurs du cancer des ovaires… Un rôle qui n’est pas joué fréquemment, rarement… mais tant mieux pour moi.

Demain, aura lieu une rencontre des oncologues. Mon dossier sera sur la table… Docteure Prady envisage une chirurgie du sein rapidement… elle va chercher des opinions afin de mieux prendre sa décision… Évidemment, mon ami TAXOL est mis au rencart pour un autre mois… YES !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

J’ai hâte à demain, car on me téléphonera pour me faire connaître le nouveau plan de match !

Je me sens bien… je me suis même acheté 5 tournesols… car j’ai décidé que je voulais 5 ans de sursis… Pas deux, cinq !

J’ai tant et tant de choses encore à faire….

Je veux renseigner, informer, achaler le plus possible les femmes… Il faut que le cancer des ovaires, cet inconnu qui se cache, soit dévoilé. Je ne l’ai pas vu venir, mais il ne répètera pas son sale manège sur toutes les femmes… Oh que non ! Maudit cancer ! Tu n’auras plus autant de proies… on sait comment te reconnaître… On va t’anéantir…

J’ai dit !

Dans les semaines à venir, surtout en septembre qui est le mois du cancer des ovaires, je vais en parler de ce foutu de cancer débile… Partout ! Le cancer des ovaires va devenir aussi connu que celui du sein… et bientôt, on parlera de guérison… !
La vie est belle…

Ce matin, quand je suis sortie de l’hôpital Charles-Lemoyne, j’ai pris une grande respiration et j’ai senti combien la Vie est forte et surtout pleine de surprises…
Oui, le bonheur me va bien…

Je vous envoie des milliers d’étincelles de cette joie qui m’habite le cœur et l’âme…

Je vous aime tant et tant….

Claire, la cancéreuse qui va faire peur au cancer.

mercredi 11 août 2010

La tombe est un berceau

Bonjour vous tous que j'aime,

J'ai reçu cela dans mes courriels... Prenez le temps de lire ce texte de Doris Lussier...

Je suis touchée par ses mots...

Claire.

La tombe est un berceau

Doris Lussier

Érudit, écrivain, humoriste québécois, homme engagé socialement, Doris Lussier s'est surtout fait connaître au Québec par son personnage comique du "Père Gédéon" à la télévision. Derrière son large sourire, se cachait un esprit profond et en recherche, un homme de conviction.

Voici comment il envisageait sa propre mort.

Je n'ai qu'une toute petite foi naturelle,
fragile, vacillante, bougonneuse et toujours inquiète.
Une foi qui ressemble bien plus à une espérance qu'à une certitude.

Mais voyez-vous, à la courte lumière de ma faible raison,
il m'apparaît irrationnel, absurde, injuste et contradictoire
que la vie humaine ne soit qu'un insignifiant passage
de quelques centaines de jours sur cette terre ingrate et somptueuse.

Il me semble impensable que la vie, une fois commencée,
se termine bêtement par une triste dissolution dans la matière,
et que l'âme, comme une splendeur éphémère, sombre dans le néant
après avoir inutilement été le lieu spirituel et sensible de si prodigieuses clarté, de si riches espérances et de si douces affections.

Il me parait répugner à la raison de l'homme autant qu'à la providence de Dieu que l'existence ne soit que temporelle et qu'un être humain n'ait pas plus de valeur et d'autre destin qu'un caillou.

J'ai déjà vécu beaucoup plus que la moitié de ma vie; je sais que je suis sur l'autre versant des cimes et que j'ai plus de passé que d'avenir.
Alors j'ai sagement apprivoisé l'idée de ma mort.
Je l'ai domestiquée et j'en ai fait ma compagne si quotidienne
qu'elle ne m'effraie plus…ou presque.

Au contraire, elle va jusqu'à m'inspirer des pensées de joie.
On dirait que la mort m'apprend à vivre.
Si bien que j'en suis venu à penser que la vraie mort, ce n'est pas mourir,
c'est perdre sa raison de vivre.
Et bientôt, quand ce sera mon tour de monter derrière les étoiles, et de passer de l'autre côté du mystère, je saurai alors quelle était ma raison de vivre.
Pas avant.

Mourir, c'est savoir, enfin.
Sans l'espérance, non seulement la mort n'a plus de sens,
mais la vie non plus n'en a pas.

Ce que je trouve beau dans le destin humain, malgré son apparente cruauté, c’est que, pour moi, mourir, ce n’est pas finir, c’est continuer autrement.
Un être humain qui s’éteint, ce n’est pas un mortel qui finit,
c’est un immortel qui commence.

La tombe est un berceau.
Mourir au monde, c'est naître à l'éternité.

Car la mort n'est que la porte noire qui s'ouvre sur la lumière.
La mort ne peut pas tuer ce qui ne meurt pas. Or notre âme est immortelle.
Il n’y a qu’une chose qui peut justifier la mort…. C’est l’immortalité.

Mourir, au fond, c’est peut-être aussi beau que de naître.
Est-ce que le soleil couchant n’est pas aussi beau que le soleil levant ?
Un bateau qui arrive à bon port, n’est-ce pas un événement heureux ?

Et si naître n’est qu’une façon douloureuse d’accéder au bonheur de la vie,
pourquoi mourir ne serait-il pas qu’une façon douloureuse
de devenir heureux ?

La plus jolie chose que j'ai lue sur la mort, c'est Victor Hugo qui l'a écrite.
C'est un admirable chant d'espérance en même temps qu'un poème d'immortalité.
"Je dis que le tombeau qui sur la mort se ferme
Ouvre le firmament,
Et que ce qu'ici bas nous prenons pour le terme
Est le commencement."

mardi 3 août 2010

L'embellie...


Aujourd’hui c’est un fameux de grand jour…
Ce blogue prendra son envol dans quelques heures sous la forme d’un livre…
Il viendra rejoindre beaucoup de femmes, je l’espère…
Ce soir, c’est le lancement de L’embellie… un cancer dans ma vie.
C’est une soirée fort importante, pour moi… Mon cancer prend tout son sens !
Je suis heureuse…

Si vous allez sur le site web de Cancer de l’ovaire Canada, vous trouverez énormément d’informations sur ce satané de cancer féminin… : www.ovairecanada.org. N’hésitez pas à le faire connaître à votre entourage…
Il y a deux ans, je ne savais même pas que le cancer des ovaires existait… !!!!
Je ne savais pas qu’au Canada, chaque année, près de 2500 femmes reçoivent un diagnostic du cancer des ovaires…
Je ne savais pas qu’au Canada, chaque année, 1600 femmes en meurent…
Je ne savais pas qu’au Canada, le cancer des ovaires demeure le cancer gynécologique le plus grave, et souvent détecté trop tard…
Je ne savais pas qu’il n’y avait aucun test de dépistage précoce pour ce cancer et que les femmes et leurs médecins doivent s’en tenir aux symptômes pour déceler l’apparition de ce monstre. Des symptômes tellement anodins, banals…
Je ne savais pas qu’il y avait une analyse sanguine possible, le CA-125…qui aurait pu aider quelque peu à détecter plus tôt ou du moins éveiller des soupçons, sur la présence d’un cancer avant qu’il ne s’amuse à m’envahir le ventre…
Je ne savais pas que si le cancer avait été détecté et traité plus tôt, mon taux de survie aurait pu atteindre 90%... alors que tout ce qu’on peut m’offrir désormais n’est pas la guérison… Non ! C’est du temps, du temps de qualité quand même !

Oui, ce soir, je suis heureuse de participer à ma manière, et par le biais de ce livre qui verra le jour, à une meilleure compréhension du cancer des ovaires et à sensibiliser les femmes aux symptômes qui pourraient se manifester…et surtout, à en tenir compte rapidement !

Bonne fin de journée,
Je vous aime…

Claire qui ne sera pas cancéreuse inutilement.