vendredi 30 mai 2008

Bonnes nouvelles ! Du moins j’espère…

Hier, à la fin de mon cinquième traitement de chimiothérapie, le docteur Chan, celui qui m’a opérée le 5 mai dernier, m’a décidément donné espoir. Il m’a informée qu’il avait envoyé des spécimens des différents organes qu’il m’avait enlevés lors de la chirurgie, pour une analyse à l’hôpital du Sacré-Cœur. Pour les oncologues, - vu le caractère atypique de mon cancer -, il est primordial de savoir d’où origine mon cancer. Il importe de connaître ce précieux détail afin de faire face au cheminement des métastases qui évolueront différemment selon leur source. Mon oncologue, la docteure Prady était certaine et ce, depuis le début de nos rencontres, que j’avais développé un cancer des ovaires. Elle croyait qu’il avait commencé du côté gauche vu que la grosseur de la tumeur s’apparentait à la moitié d’un ballon de football. On était au 25 janvier dernier, à l’époque. Quant au docteur Chan, il était convaincu que la source du mal s’était d’abord logée sur le col de l’utérus puisque les examens disaient que cette partie était cancéreuse. Voilà les résultats de ce grand débat du siècle ! La docteure Prady a presque gagné la course… sauf que les analyses de l’hôpital du Sacré-Cœur confirment que mon gentil cancer provient des ovaires… du côté droit. Et savez-vous quoi ? C’est même étonnant ! La tumeur mère était à peine plus grosse qu’un œuf. C’est bien pour dire…! Toutes les tumeurs que j’avais dans le ventre et dans mon cou n’étaient ou ne sont que des métastases ! Elles ont plus de force et d’appétit que la tumeur mère, malingre…Mais comme désormais nous savons que mon cancer est celui des ovaires, le traitement que j’aurai sera donc maintenant encore plus ciblé. La docteur Prady en me prescrivant un traitement au Taxol-Carbo Platine avait vu juste. Cela explique pourquoi de scan en scan, les résultats demeurent si étonnants. Le docteur Chan était plein sourire quand il m’a annoncé que les traitements pour le cancer des ovaires sont plus faciles à circonscrire maintenant, car les recherches ont permis de trouver des protocoles spécifiques, précis et surtout gagnants ! Vraiment très avancés. Il m’a dit de garder espoir… Ce qui n’était pas tout à fait le cas si mon cancer provenait de l’utérus…au stade où j’en étais évidemment. Je crois bien que ce nouveau pronostic me fait gagner une autre année de survie… Aussi, contrairement à ce que nous croyions, mes globules blancs ont repris de la force… Ce sont mes globules rouges (la chirurgie n’ayant pas aidé évidemment) qui ont chuté… Je me garoche donc dans la mélasse, les épinards et la viande rouge pour les deux prochaines semaines. Je dois remonter le taux sanguin de ces globules, promesse de Claire !

Je suis confiante… Très confiante.

Hier, c’était l’anniversaire de mon père…. Merci papa pour toutes ces bonnes nouvelles… !
Je vous embrasse tous et toutes…. Demain, je rentrerai dans le corps d’une femme de cristal et ce jusqu’à mercredi… Mais tout ce poison m’aidera à combattre… Merci poison !

Claire.

lundi 26 mai 2008

Toutes ces petites cellules…

Enfin ! Je reprends goût à la vie. C’est tellement plus facile de sourire depuis que la douleur a décidé de me quitter peu à peu… Plus elle s’éloigne, plus ma joie de vivre se réapproprie sa place. De jour en jour…

Depuis quelques temps, j’ai toute une surprise ! Dans mon miroir, je peux presque toucher la force de la vie… En effet ! Étant donné que mon dernier traitement de chimiothérapie était le 10 avril et que celui du premier mai fut reporté au 29 mai puisque j’avais à subir une chirurgie, il y a donc plus de six semaines que je n’ai pas empoisonné les cellules de mon corps au Taxol. Aucun venin dans mes veines… Devinez ce qui se passe ? Mes cheveux repoussent ! Mes sourcils aussi. Mes cils un peu…Wow ! Je reprends mes attributs d’humaine. Toutes mes petites cellules à reproduction rapide se sont remises au travail… C’est magique ! Je passe mon temps à me flatter le dessus du crâne. J’adore effleurer ma repousse de cheveux. C’est presqu’un moment d’euphorie… J’ai l’impression d’appartenir à nouveau au magnifique monde des vivants !
Par contre, je sais que ce n’est que temporaire… Jeudi, le 29 mai, je continuerai mon protocole de chimio. Ce sera mon cinquième traitement, suivi d’un sixième, le 19 juin prochain. Mes cheveux, mes cils et mes sourcils tomberont donc à nouveau dans les jours à venir. Ils reviendront vers la fin du mois de juillet… En fait, toutes ces petites cellules que je ne vois pas, dont la présence si discrète témoigne de tant de retenue, bougent sans cesse à l’intérieur de mon corps. Elles construisent, détruisent, créent, réinventent. Elles me définissent. Elles me régénèrent ou me trahissent. Elles me prolongent ou me tuent. Elles ont pleine autorité sur moi. En fait, elles ont tellement tous les pouvoirs que cela leur confèrent le droit suprême de vie ou de mort sur ma petite personne. J’espère qu’elles s’activent fortement pour mieux me délivrer du cancer et m’apporter rapidement la guérison…

Ouf ! Dix semaines encore aux allures de skin head ou de martienne ! Dix semaines, ce n’est pas si long après tout… Je peux les compter sur mes doigts. On a beau ne pas vouloir être trop coquette, mais quoiqu’on en dise, quoiqu’on en pense, devoir se retrouver, sans cheveux, sans cil, sans sourcil, c’est quelque peu déshumanisant, je trouve…! Enfin, l’important dans tout ça, c’est que la Vie veuille encore de moi… Je reprends donc le combat dès jeudi matin prochain. À l’attaque ! Taxol, mon poison préféré, j’arrive… Toi et moi, on fait une sacrée belle équipe !
Je vous aime tous et toutes, avec énormément de tendresse.

J’ai besoin de vos pensées, de vos prières… Je sais que vous êtes près de moi… Je le sens en mon for intérieur… Je m’imprègne tous les jours de votre énergie. Tous les jours !

Bon printemps ! Moi aussi, je reviens à la vie…

Claire.

dimanche 25 mai 2008

Dans deux semaines !


Bonjour,

Dans deux semaines, le relais sera déjà passé. Nous aurons marché toute la nuit et aurons dormi une bonne partie de samedi. Je veux juste vous remercier pour vos dons ! Nous avons atteint notre objectif de 1000$ et même plus.

Nous nous préparons tranquillement à faire cette marche et à célébrer la vie.

Merci encore beaucoup !

Catherine

jeudi 22 mai 2008

Ayoye !

J’ai encore le goût de chialer depuis quelques jours…
Et je n’ai pas encore tout à fait le goût de sourire, et encore moins de rire…
J’attends seulement que la douleur disparaisse.
Je passe mes journées à me dire que la semaine prochaine, ça fera moins mal. Et j’ai raison… Mais bon sang, que la semaine est longue avant de rejoindre la prochaine…
Bon sang, que la douleur est vive malgré les médicaments qui engourdissent le mal.
Je me tape des douze à quatorze heures de sommeil en espérant qu’au réveil, la douleur se soit estompée… Pas vraiment… C’est-à-dire, qu’elle n’irradie plus tout mon abdomen comme au cours des premiers jours suivant la chirurgie. Maintenant, elle se concentre le long de la cicatrice et se fait tout un party !… Lors de mon opération, on a gratté et gratté dans ma chair, afin d’enrayer le plus de métastases possibles… Mon ventre n’est qu’une immense ecchymose… Ce n’est pas compliqué, j’ai peine à tolérer la couverture ou mes vêtements lorsqu’ils effleurent la peau du ventre… Ça élance ! Ça brûle…On dirait des coups de couteaux…
La souffrance physique… Pourquoi faut-il passer par là ? Je n’ai pas envie de le savoir. Je ne me sens pas l’âme d’une philosophe ces temps-ci. Je suis juste devenue une vieille malcommode qui cherche à fuir le mal qui l’habite.

La souffrance !
J’apprends à la connaître… Mais je me demande vraiment si cette rencontre est nécessaire… Elle me pousse aux confins de mon impatience… Elle m’empêche de voir plus loin que ma douleur. Pour vouloir vivre l’instant présent, laissez-moi vous dire que j’y touche et pas juste un peu… intensément même. Il est difficile de demeurer indifférent à la souffrance, tant celle des autres que la sienne. On ne peut pas l’ignorer…

Je sais, par contre, que ce mal va diminuer, et finir par s’éloigner de ma vie. Que je reprendrai le cours normal de ma vie, en jurant vraiment l’apprécier dorénavant et ce, à tous les futurs matins de ma vie. Comme c’est extraordinaire de se réveiller sans avoir de douleur… ! Je ne m’étais jamais attardée à cela, durant les 56 années de ma vie que j’ai vécues en parfaite santé… Cela faisait partie de l’ordre normal des choses, je suppose !

Ayoye !
Faut-il vraiment avoir mal pour apprécier les bienfaits de la santé ?
J’essaie de trouver une façon d’éviter que la douleur prenne toute la place dans chaque minute de ma journée. Pas si simple… Quand le corps a mal, il est difficile de se distancier de la souffrance. De la mettre de côté comme un gros paquet trop lourd à porter. J’essaie de me séparer d’elle. De l’observer…De la comprendre… Je n’y arrive pas… Elle fait partie de moi. En avant-plan. Elle me bloque la vue ! Me rend sourde même. Elle prend toute la place… J’aimerais tant m’en libérer… Du moins quelques heures par jour… Je me doute bien que dans quelque temps, je saurai supporter davantage sa présence puisqu’elle perdra de plus en plus de sa force, la guérison cherchant à l’anéantir… Je m’accroche à cet espoir. Je sais parfaitement que dans quelques semaines tout ceci sera derrière moi. Que je pourrai marcher un peu…
En tout cas, je sais ce que veut dire le mot douleur désormais.

Je sais ce que veut dire, le mot impatience. Le mot contrôle. Le mot épuisement. Le mot malcommode. Mais, à quoi ça sert de savoir la définition de tous ces mots ? Est-ce vraiment utile ? On dit que cela nous fait grandir… Est-ce vraiment nécessaire… ? Grandir…pourquoi ?
Bon, même écrire sur le blogue m’indispose parce que je demeure assise dans la même position…

Depuis une semaine, je vous démontre tout le mauvais côté de ma personne… mon mauvais caractère impatient.
Je suis comme un petit chien qui jappe tout le temps…Ou un bouledogue. Je suis comme ça dans ma tête, seule avec moi-même… Je ne le suis pas trop envers le monde qui m’entoure et qui prenne soin de moi, heureusement. Mais dans ma tête, oh que oui ! Et comment…
Faudrait que je respire par le nez ! Faudrait que je me dise qu’il y en a des pires que moi, cent millions de fois pires que moi. Faudrait que je me dise que ce mal est nécessaire puisqu’il m’apporte une portion de guérison, une année de plus sur cette planète. Faudrait que je me dise, faudrait que je me dise, faudrait que je me dise…
J’ai mal… bordel de bordel ! Je suis tannée d’endurer…
Je me suis encore vidée le cœur sur vous…
Merci.
Il me semble que j’ai moins mal…
Je vous aime… Pardonnez-moi de chialer depuis quelques jours…
Dans le fond, je devrais accepter de brailler un bon coup pour me vider de cette peine que j’ai de plus en plus de difficulté à raisonner.
Brailler juste pour brailler, me faire du bien, à défaut de ruer dans les brancards parce que ça me ferait trop mal…

Claire.

samedi 17 mai 2008

J’ai envie de chialer…


Jeudi, on m’a enlevé les 44 agrafes qui refermaient ma cicatrice sur l’abdomen. Certaines étaient bien ancrées dans la chair… Je me suis déjà amusée davantage dans la vie… Durant ce gentil exercice, je ne peux pas dire que j’avais le cœur à rire. Je faisais le décompte en essayant de me donner de l’espoir. L’infirmière a terminé au bout d’une vingtaine de minutes. Toutefois, une partie de la cicatrice s’est rouverte un peu, exigeant que je me rende régulièrement au CLSC pour changer le pansement, d’ici sa cicatrisation. Big deal !

Compte tenu que mon corps est un peu sur le gros nerf ces temps-ci, on a retardé mon cinquième traitement de chimio au 29 mai prochain. Donc, j’ai une pause de deux semaines devant moi. Je veux en profiter pour me rebâtir un peu bien que depuis l’opération, mon appétit semble encore sous l’effet de l’anesthésie. Je n’ai pas faim ! Je mange du Jell-O et de la soupe… Je m’y oblige même car je n’ai aucune sensation de faim.

J’ai envie de chialer ce matin. Je me sens bougonne. J’ai envie de dire que je suis tannée. Tannée d’avoir le cancer. Tannée d’avoir l’air aussi fou avec ma tête chauve de martienne, dépourvue de sourcils et de cils. C’est pas compliqué, je ne me reconnais pas trop dans le miroir. Mon regard est bizarre !

Je suis tannée d’avoir mal. Par moment beaucoup, par moment juste un peu. Une douleur qui me suit dans tous mes mouvements, la nuit, le jour… Je suis tannée de l’avoir auprès de moi. Qu’elle me quitte, bon sang et vite ! Qu’on en finisse. J’ai hâte de passer à autre chose.
Je suis tannée de me faire servir. J’ai envie de bouger, de faire des petites choses. Me sentir vivante et non reléguée au département des malades.

Je suis tannée de me voir impatiente. De m’entendre chialer dans ma tête ce matin. D’être mécontente alors que j’ai voulu cent mille fois cette opération. Je crois que la douleur nous éloigne de la gentillesse, de la douceur et du moindre sourire. Je maugrée pour rien, ce matin. Je rognonne ! Une vraie malcommode… Mais pourquoi ? Mes grosses tumeurs sont enlevées pourtant…

Je ne peux même pas sauter de joie, j’ai trop mal. Objectivement, je réalise que j’ai tout de même moins mal que la semaine dernière… et puis je sais bien que j’aurai aussi moins mal la semaine prochaine.

Je crois qu’en bougonnant ce matin, je libère un peu de cette douleur qui s’est logée en moi depuis le 5 mai dernier…

Je m’excuse de me vider le cœur ainsi sur vous…
Je suis comme trop centrée sur ma douleur… Je devrais me consoler en pensant à celle des autres…

Faudrait que je me ressaisisse un peu. Regarder le beau soleil qui me convie vers l’extérieur… Puis peut-être accepter de chanter un peu, du moins turluter afin que je n’aie pas trop mal à l’abdomen. Puis rire… Rire… Rire de moi, de mon allure, de mon air grognon qui me rappelle ma condition humaine… Je réalise que je ne suis pas faite pour être malade… Ça me rend malheureuse… À vrai dire, y a-t-il quelqu’un sur cette planète qui est heureux d’être malade ? Sûrement pas...

Je vous embrasse tous et toutes.
Pardon de vous rabattre les oreilles avec mon mécontentement.
Ça ira mieux demain…

Claire, la martienne.

mardi 13 mai 2008

Home sweet home !


Salut tout le monde…


Je suis de retour à la maison depuis hier soir… vers 19 h 30. Si vous saviez combien la vie me semble belle, même si j’ai mal. Très. Très mal même, mais enfin… ça passera ! Tout passe…
Évidemment, la douleur s’estompe de jour en jour…Heureusement !

La vie à l’hôpital n’est pas une sinécure. Y a de la vie là-dedans…Plein de vie !
Je laisse derrière moi du personnel charmant, dévoué, attachant même, sauf Irma, la boss des SS qui travaille la nuit et se complait dans son power trip encore inassouvi… J’y ai fait de belles rencontres aussi, telle que mon voisin de chambre, un ex Hells Angels qui aujourd’hui, s’occupe des jeunes pris dans la spirale de la vente de stupéfiants. Pendant trois jours, il m’aura fait rire avec toutes ces aventures et mésaventures. Un gars généreux, mais un peu excessif… Je me sentais rassurée par sa présence, surtout lorsqu’un des médecins m’a parlé sur un ton vraiment déplaisant pour ne pas dire violent. En deux secondes, mon voisin de chambre leucémique s’est transformé en Hells Angels enragé. Ses tatouages sur les bras se gonflaient sous l’effet de la colère. Il se prenait pour mon body guard… Heureusement d’ailleurs qu’il était là. Laissez-moi vous dire que sa présence me réconfortait. Suite à son départ, c’est une vieille dame qui a pris sa place dans le lit laissé libre… Tout le weekend, ses enfants et son conjoint ont monté la garde auprès d’elle… Ils venaient d’apprendre que leur mère ne sortira jamais plus de cet hôpital… Elle rejoindra les soins palliatifs sous peu, au 7 e étage.


J’ai beaucoup appris lors de mon séjour. Appris sur moi surtout. Moi qui déteste les hôpitaux, j’ai un peu mieux apprivoisé l’idée d’avoir à me soumettre aux bons soins d’un personnel médical que je ne connais pas, ni d’Adam, ni d’Ève. Pas facile d’obéir sans cesse vous saurez quand on a passé sa vie à mener sa barque ! Par contre, je savais que cette soumission serait de courte durée, contrairement à ce que vivra ma voisine de chambre désormais. Cette dépendance me fascine et me fait peur un peu. Je me souviens de mon père alité qui devait demander l’aide de préposés pour tout simplement aller aux toilettes. Qu’il devait attendre… parfois 15 minutes ! Ça te remet l’humilité à la bonne place, en tout cas… C’est ça l’hôpital : la soumission et l’humiliation. Mais c’est aussi, la guérison pour bon nombre d’entre nous. C’est aussi des relations humaines qui se tissent au fil des jours et des horaires : l’infirmière de la veille avec laquelle la vie nous semble plus confortable, ou encore la préposée qui, avec plaisir, nous lève et nous aide à nous traîner jusqu’aux toilettes avec bonté en tentant avec toute simplicité de nous faire rire.
Je sors de cet hôpital confiante ! Immensément confiante. Je n’ai pas le choix, je devrai m’y complaire quelque peu et m’y faire même des amis puisqu’il semble que je devrai y faire quelques séjours au fil du temps à venir. Malgré les difficultés qui se présenteront, je me sens encore en mesure de braver les tempêtes qui surgiront dans ma vie ! C’est rassurant pour moi. J’ai besoin, malgré mon cancer, de savoir que je fais partie intégrante de ma vie… J’ai peut-être le cancer, mais je ne suis pas malade ! Enfin, pas dans mon attitude. Dans mon corps, un peu, je l’accorde… Pauvre corps. Ce que j’ai pu lui faire passer un mauvais quart d’heure en l’amenant sur la table d’opération, lundi dernier…. Vous auriez dû nous voir quelques temps avant d’entrer dans cette salle. Lui et moi, on se tenait bien serré l’un contre l’autre. On était couché en chien de fusil. On avait peur ensemble. On a même laissé glisser quelques larmes sur le drap de la civière. L’inquiétude nous gagnait… puis en même temps, on ne voulait pas qu’elle s’empare totalement de nous. On a donc pris de grandes inspirations et de longues expirations ensemble, le temps de se calmer et de se réchauffer. Juste avant d’entrer au bloc opératoire, je me souviens d’avoir dit à mon ventre que sous peu, il n’aurait plus à nourrir ces maudites tumeurs qui lui nuisaient et le tuaient à petit feu. Je vous l’ai déjà dit, moi et mon corps on a toujours fait équipe. On est un. On fonctionne ensemble. Il m’a toujours soutenu. Là, c’est à mon tour de le soutenir. Il a besoin de moi comme jamais. Oui, comme jamais. Donc, c’est à moi de prendre les décisions finales pour l’aider à se battre contre notre cancer…


Cette chirurgie du 5 mai dernier, je la voyais comme un cadeau. Elle est un cadeau, malgré le mal que j’ai… Dire qu’en plus, on a enlevé un début du cancer du colon. Une prime à mon cadeau d’anniversaire. Wow ! Je suis tellement heureuse qu’on ait fait le grand ménage du printemps dans mon corps… En enlevant mes satanées tumeurs, il me semble que mon ennemi juré, est maintenant moins tenace, solide… On dirait que sa force est réduite et de beaucoup. Je me sens davantage en mesure de l’affronter malgré les guérillas qui viendront. Sur mon corps, je viens de rajouter une grosse cicatrice… Ma quatrième blessure de guerre ! Wow ! Une vraie guerrière…
Dans deux ou trois semaines, je reprendrai mes traitements de chimiothérapie. Maintenant que tout va bien, que je me porte bien, et que les traitements me vont bien, ma docteure m’a appris que je n’aurai que deux autres traitements de chimio : 6 au lieu de 8 ! YES ! Beau cadeau ! Ça n’usera pas trop mon corps. Je pourrai donc prendre une petite pause pour me refaire une beauté et à la fin de l’été, je serai probablement en radiothérapie, pour tenter de détruire le plus de métastases possibles… On verra bien. Une étape à la fois ! D’ici là, moi et mon corps, on se repose : nous serons en mode sofa pour quelque temps !


C’est fou, mais depuis que je sais que ne se cachent plus ces méchantes tumeurs dans mon abdomen, qu’elles sont désormais hors de moi, je me sens légère… Oui. Je me sens apaisée… Une grande et belle et profonde impression de liberté m’habite… Ça me fait du bien, me réconforte avec la vie et me permet d’accepter la douleur avec le sourire. Ça se gagne la liberté à ce que je vois !


Je vais vous écrire sous peu… mais là je vais aller me reposer. Ordre du médecin !


Je vous aime. Tellement.


Vous savez, quand je suis entrée dans la salle d’opération, mon corps et moi savions que vous étiez auprès de nous, autour de nous. Je ne saurai jamais assez vous remercier pour vos prières, vos pensées et l’amour que vous nous portez. On va la gagner la bataille, tous ensemble, hein ?… Je veux vivre encore longtemps… et avec vous tous ! Dans un corps pas mal plus en forme que dans le moment…


Bonne soirée. Profitez aussi du beau temps et de la belle couleur des pissenlits tout gonflés…


Je vous aime. Vive la Vie…


Claire.

dimanche 11 mai 2008

Fête des mères et Relais pour la vie


Bonjour !

Premièrement, je profite du moment pour souhaiter une très belle journée à ma maman que j'adore. Elle est une survivante et le sera toujours dans mon coeur. Elle est toujours positive peu importe ce qui lui arrive. C'est une femme extraordinaire et je tiens à le souligner.





Ensuite, je tiens à vous dire que nous avons maintenant atteint 41% de notre objectif de fonds pour le Relais pour la vie que nous marcherons le 6 juin 2008, et ce seulement avec les dons par internet. Avec les dons comptants, nous avons 50% de fait. Merci à tous ceux qui nous encourage.

Je vous rappelle que vous pouvez faire un don à l'équipe Les Guerriers par internet en suivant les étapes suivantes:

1. Allez sur www.cancer.ca/relais
2. Choisissez la province de Québec
3. Cliquez sur Faites une promesse de dons
4. Recherche d’un participant ou d’une équipe et cliquez sur Recherche
5. En arrivant sur la page du participant ou de l’équipe, cliquez sur Supportez
6. Faire le don en suivant les instructions à l’écran.

Merci beaucoup,

Catherine

samedi 10 mai 2008

La femme débranchée…!

Hier, on a enlevé à Claire tous les tubes, sondes, et autres intraveineuses qui la décorait… Elle s’assoit dans son fauteuil pour lire et fait même de petites marches dans le couloir. Elle a aussi commencé à manger. Aujourd’hui, on saura si elle revient à la maison dimanche, le jour de la fête des mères, ou lundi.

Pierre

vendredi 9 mai 2008

Et on remonte la côte…

Claire a retrouvé sa mine habituelle. Elle dort bien; la douleur s’est estompée. On la sent revenir à la vie… Un médecin vraiment pas facile (le gynéco-oncologue) mais qui contribue à lui sauver la vie...
Je suis plus rassuré aujourd’hui qu’hier. Je retrouve ma Claire, sourire aux lèvres; dans quelques jours elle reviendra à la maison.
Pierre

mardi 6 mai 2008

TRISTE LENDEMAIN…

On sait maintenant pourquoi les 5 heures au bloc opératoire… À part de l’hystérectomie qui était prévue, on a découvert sur place que les éléments de cancer décelés au scan sur les trompes de phallopes s’étaient répandues à l’intestin: intervention supplémentaire. Et durant ce processus de « grand nettoyage », on a accidentellement endommagé l’urètre : intervention supplémentaire!

Pour réduire la douleur, on lui a installé une épidurale; pas plus efficace qu’il faut, Claire a mal et craint de mal dormir la nuit prochaine, contrairement à la nuit dernière où elle a bien dormie… La réparation de l’urètre implique l’installation d’une sonde, un sac qu’elle traînera avec elle pendant 6 semaines. Elle demeurera à l’hôpital entre 7 et 10 jours. Elle a lut environ 30 minutes aujourd’hui; pas de télé. Elle demeure immobile; chaque mouvement est extrêmement douloureux. Emmanuelle est allée la voir cet après-midi.

C’est difficile de voir celle qu’on aime souffrir… On a beau dire que les médecins sont compétents, qu’ils font un bon travail, et que leur intervention ajoutera des mois ou des années à sa vie, on peut difficilement ne pas sentir la douleur, le chagrin, la peur dans le regard de l’être aimée…

Pierre

lundi 5 mai 2008

Ablation Big Time!

Le 5 mai 4h45; il fait encore noir dehors. On se lève et on se prépare pour se rendre à l’admission de l’hôpital. C’est LE GRAND JOUR.

Ablations multiples : utérus, ovaires, etc.; Claire va perdre au moins 10 livres! – Elle se retrouve au bloc opératoire vers 12h15; n’en sortira que vers 17h00. Période de réveil… je la retrouve à 18h30. J’attends depuis 15h30…! Soulagé de la voir vivante bien que faible et attirée par le sommeil… Elle est calme, paisible (pas son genre)… Je lui commande la télé... je quitte pour la soirée. Quelques minutes plus tard, Catherine et Marie-Claire viendront lui rendre visite. On aura plus de détails sur l’opération demain alors que le Dr. Chan nous racontera TOUT…!

Merci encore à tous d’être au poste, d’écouter et de nous envoyer toute cette énergie qui alimente le combat!

Pierre