mardi 25 janvier 2011

Et pourquoi pas ?

Hier, c’était le troisième anniversaire de mon face-à-face avec le cancer… ! Je ne savais pas trop comment réagir à cet événement…
À vrai dire, depuis quelques jours, je suis un peu songeuse face aux statistiques de survie. En effet, dans mon cas, je n’ai que 7% de chances de survivre 5 ans au 24 janvier 2008… Il me reste donc deux ans d’ici le 24 janvier 2013!
J’ai l’impression que c’est demain…! Mon cœur bat plus fort, je l’entends…
Difficile de faire des projets à long terme! Comment confiner sciemment ma vie entre 700 quelques jours…? Comment poursuivre ma vie en regardant le sablier se vider, déjà que plus de la moitié a coulé…? C’est impensable, en ce qui me concerne… Je n’ai pas ce type de personnalité ! Je ne peux pas poursuivre ainsi…IMPOSSIBLE! Cela va atteindre mon moral, ma vivacité, mon énergie… Je suis beaucoup trop vivante pour accepter un tel compte à rebours. Il me faut plus de temps… Oui, beaucoup plus de temps. Je veux plus que deux ans, je veux cinq ans… Non, je veux plus, 10 ans… Tiens, je veux me rendre à 70 ans… Oui! Je veux vivre ma soixantaine! Oui, c’est cela, je refuse que la maladie me fauche ma soixantaine…
C’est décidé ! Je m’enligne pour 2022!
C’est donc avec cette réflexion en tête que je me suis présentée, hier après-midi, dans le bureau de mon oncologue préférée, la docteure Catherine Prady. En effet, j’allais pour y connaître les résultats de mon dernier scanner du 11 janvier. Oui, il y a récidive… Les tumeurs se développent…! Le cancer s’énerve et veut qu’on tienne compte de sa présence. Cher cancer… Oui, cher de toi… Ce que tu m’auras appris…!
Malgré ce retour en force, on a décidé d’un commun accord de ne pas commencer les traitements de chimio pour le moment. On verra dans trois mois. Suite à un autre scanner au début d’avril, on constatera bien où en sera l’évolution du développement de mon cancer des ovaires. Cela ne m’inquiète plus vraiment. Il y a comme un sentiment de déjà vu… Y a pas de quoi paniquer pour le moment ! Je préfère sincèrement attendre, après tout je suis entre bonnes mains et j’ai un suivi oncologique régulier. On attaquera plus tard.
J’ai fait part de mes réflexions à Madame Prady en ce qui à trait aux statistiques de survie, à mon grand désir de vivre, à ce droit intrinsèque que je m’accorde en refusant avec obstination de mourir dans deux ans alors que la soixantaine m’accueillera à peine, à cette force et cette énergie qui m’habitent et qui ne demandent qu’à poursuivre au-delà des espérances de survie, à cet objectif d’atteindre mes 70 ans…
Je lui ai mentionné que je croyais fermement que ce but puisse être réalisable. Après tout, j’ai franchi le cap dangereux du 24 mois de survie, véritable force centrifuge qui avale presque tout qui se trouve aux abords. Depuis un an, je m’éloigne de cette spirale folle qui tue… Je suis convaincue que je peux poursuivre ma route encore longtemps, tout en continuant de combattre mes cancers de temps en temps… Une chimio par-ci, une chimio par-là!
Je ne veux pas d’une survie de 2 ans. Je veux davantage…
J’ai décidé que ma vie ne s’éteindrait pas en 2012 mais bel et bien plus tard, beaucoup plus tard…. En 2022, cela me conviendrait mieux.
Et pourquoi pas!, me répond-elle. Tout est possible…
Oui, et pourquoi pas… Merci, merci, docteure Prady…
Depuis hier, je ne me suis jamais sentie aussi vivante…
La VIE EST BELLE!
Je vous aime… et j’aime la Vie!
Ce soir, je rayonne…
Je vous serre tous très fort dans mes bras.
Claire.

mardi 18 janvier 2011

Je célèbre la Vie!

Ce que je suis contente ! Je comprends ti-boutte par ti-boutte!
Oui, un peu à la fois… C’est long mais j’y arriverai bien un jour ! Je suis convaincue qu’on est sur Terre pour y célébrer la Vie! Voilà… J’ai trouvé ! Cela me convient parfaitement ! C’est d’une simplicité désarmante! Cela me donne une force incroyable, celle de poursuivre ma vie jusqu’au bout, jusqu'à mon déclin.
Je crois que j’ai une véritable réponse, enfin!
Depuis trois ans bientôt que je me pose cette satanée question : pourquoi me fallait-il un cancer dans ma vie ? C’est une question qui virevolte toujours dans ma petite tête de cancéreuse. Évidemment, j’ai des réponses multiples…. Mais qu’est-ce que je ne savais pas encore ? Que vient-il m’apprendre ? Je cherche toujours et voilà, j’ai trouvé : on est venu célébrer la Vie ! C’est fou, mais je me sens revivre ! Et hop, la Vie! Me voici… Il me semble que j’entends l’écho de l’espoir. Il me semble que je plane, tant je ressens de l’amour, oui de l’Amour… C’est cela célébrer la Vie… ! C’est grandiose et si simple à la fois…
On dirait que toute noirceur, toutes ténèbres se dissipent. La lumière jaillit. Wow! C’est extraordinaire ! C’est comme une révélation… une guérison! Une guérison intérieure… En célébrant la Vie, je fais caresse sur mes maux passés, j’exorcise mes chagrins, mes tristesses inavouées, je calme les tensions de mes vieux quotidiens et les courses effrénées qui m’essoufflaient… et j’ai envie de me prolonger dans la mienne, dans le temps qu’il me reste.
Je choisis donc l’équilibre dans ma vie. J’accorde une large place à la Joie qui m’habite et je la laisse s’épanouir totalement, en pleine lumière. Je goûte la Vie ! Je privilégie mes véritables amours et amitiés, celles qui m’apaisent, celles qui me nourrissent, d’ici au plus loin de ma vie.
Je regarde la Vie et le temps qu’il me reste, ce temps où toute course folle est désormais interdite, ce temps où chaque instant est un moment de guérison pour la grâce bienfaisante et exaltante qu’il m’apporte.
Oui, je célèbre la Vie… C’est si simple, si vrai…
Je vous aime tous et toutes,
Claire.
P.S . La semaine prochaine, il y aura trois ans que j’aurai reçu ce redoutable diagnostic que celui du cancer. Selon les statistiques, au stade 4, grade 3, je n’ai que 7% de chances de survivre 5 ans à ce 24 janvier 2008… Beaucoup de femmes n’y survivent pas plus de deux ans…

mercredi 5 janvier 2011

Que de lumière !

Hier soir, Pierre et moi parlions de la vie… Nous nous interrogions sur le sens de certains événements, de certains gestes posés, heureux ou malheureux, et des réactions qu’ils suscitent… De fil en aiguille, la conversation nous a emmenés à nous questionner sur notre propre existence, et du pourquoi de notre présence sur cette planète.
Évidemment, à chaque tranche de vie, les réponses diffèrent, évoluent…
Au bilan annuel, s’ajoutent nos toutes dernières expériences, celles qui nous ont marqués, blessés, celles qui nous ont fait grandir, nous ont inspirés, nous font revivre…
Ce qui importe, c’est que nous soyons meilleurs, que nos prises de conscience nous conduisent vers la lumière, loin des tunnels sombres de nos catacombes intérieures où il est facile de s’y perdre un certain temps au point de se retrouver loin de soi-même, loin de l’être lumineux que nous étions à notre naissance.
La lumière !
Depuis des années, la marche est devenue un besoin essentiel pour mon âme. Surtout depuis que la maladie est venue modifier les paramètres de ma vie. J’ai développé le goût de vivre… Je recherche la sérénité. Je marche des kilomètres en écoutant de la musique qui m’aide à méditer. Mais aussi étrange que cela puisse paraître, cette pratique a pris la forme d’une tout autre démarche au fil des mois : elle est un rendez-vous entre la Lumière et moi. J’adore cette complicité entre cette force, cette énergie qui provient du soleil, et mon petit être. J’aime m’imprégner de cette lumière ! Quel bien-être! Quelle sérénité ! Quelle Joie! Il m’arrive de plus en plus souvent de ressentir des vibrations empreintes d’amour. L’émotion est si grande qu’il m’arrive de pleurer de bonheur. Non je n’hallucine pas… Comme Pierre me le dit, le fait que je ressente ma finitude s’approcher de plus en plus, j’emprunte des chemins différents. Mes réflexions naviguent sur des eaux plus claires, pleines de gratitude…
Une seule chose importe dans la VIE, c’est l’AMOUR !
On est sur Terre pour aimer. Point final.
J’en suis certaine. C’est aussi simple que cela. Tout est Amour… La haine, la peur, tout cela ne sont qu’une absence d’amour… L’Amour est plus fort que tout et c’est vrai… Mais dites-moi, pourquoi avons-nous si peur de donner des marques d’amour? Pourquoi nous en moquons-nous ? Pourquoi avons-nous honte d’aimer ? Pourquoi refusons-nous de faire des efforts pour maintenir des liens aimants, des liens amicaux, familiaux ? Pourquoi nous plaisons-nous dans le cynisme, le sarcasme, la jalousie, la dérision, encore et encore?
Enfin !
Je vous aime… Nous sommes d'abord et avant tout des êtres de Lumière !Ne l'oublions pas...
Non, je ne perds pas la raison…
Claire.