vendredi 25 avril 2008

Bonnes nouvelles !

Je viens d’apprendre que le comité d’oncologues reconnaît qu’une hystérectomie complète saurait m’aider… Je crois qu’elle aura lieu le 5 mai, tel qu’on me l’avait mentionné dernièrement. Mais comme tout peut changer, j’attends les informations précises du docteur Chan que je rencontrerai le 30 avril prochain à 12 h 30.

Je suis heureuse. Apaisée. Réconfortée. Savoir que bientôt, je n’aurai plus cet amas de tumeurs dans mon ventre me donne de l’énergie… Adieu gros monstre pas d’allure qui habite mes entrailles ! Je continuerai donc mon chemin en surveillant constamment les métastases qui fourmillent dans mon corps. Ces guérilleros demeureront mon pire ennemi, d’ici la fin de mes jours. J’accepte ce combat… Je dois aller au bout de moi-même… !

Je pars dans quelques minutes, vers 13 h 00 pour Ogunquit. J’ai tellement hâte d’aller me promener au bord de la mer…

Bonne fin de semaine à tous et toutes.
Claire.

mercredi 23 avril 2008

Encore 5 ans… ?

Ce matin, le docteur Chan était désolé de ne pouvoir me confirmer mon entrée en chirurgie le 5 mai prochain. Il n’est pas seul à prendre une telle décision. Il fait partie d’une équipe multidisciplinaire en oncologie. C’est tous ensemble qu’ils décident si une hystérectomie me serait profitable ou non. Cette rencontre aura lieu vendredi le 25 avril.

Il m’a rappelé que j’avais un cancer métastatique, de stade 4. Que j’ai 20% de chances de survivre encore 5 ans. Que les métastases me guettent et rêvent de m’offrir un cancer du poumon ou des os un de ces quatre !

J’ai compris que c’est moi qui décide du nombre d’années qu’il me reste, en acceptant ou non de suivre des traitements agressifs. Je pourrais aussi être moins radicale et laisser agir mon cancer quelques mois avant de me rendre en soins palliatifs. Évidemment, je veux faire partie du 20%. Je veux me rendre à 61 ans… Je suis chanceuse, je ne mourrai pas Alzheimer… !
Étant donné que mes tumeurs ont diminué, la chirurgie est possible sauf qu’elle se situe entre deux traitements de chimiothérapie. C’est là que le bât blesse ! Mon corps a beau vouloir être en forme, il n’en reste pas moins qu’il est abîmé par les quatre premières chimio. Ajoutant une chirurgie par-dessus alors que veux, veux pas mes globules blancs diminuent, on craint les infections. Même si pour une hystérectomie complète, on nous garde habituellement de 5 à 7 jours à l’hôpital sous surveillance, il suffit d’une petite infection. Mon corps ne sera pas en mesure de combattre adéquatement….Il en est de même pour la cicatrisation interne et externe qui ne se fera pas aussi bien qu’en temps normal, toujours à cause des traitements de chimio qui tuent les mauvaises et les bonnes cellules… ! Suite à cette chirurgie, je devrai aussi avoir des traitements de radiologie, 5 jours semaine pendant 5 semaines à l’hôpital Notre-Dame de Montréal. J’y ai droit depuis que mes tumeurs ont réduit. Il y a quelques mois, leur épaisseur et leur grosseur ne me rendait pas admissible à ce genre de soins.

Selon le docteur Chan, la chirurgie est une bonne chose mais elle ne réduira pas mes métastases… Ce qu’il souhaite, si j’accepte de poursuivre avec des traitements agressifs, c’est d’attaquer les métastases qui se logent dans mon cou et sur l’estomac… (Je ne savais pas que j’en avais aussi là !!!) Selon lui, la radiologie pourrait sans doute améliorer la situation. Mais faudra bien cibler les rayons, sans atteindre le cœur évidemment. En combattant de cette manière, avec les moyens que m’offre la médecine traditionnelle, oui, je pourrais peut-être m’offrir cinq années…en autant que mon corps accepte d’aller jusqu’au bout de ses forces.

Tout ça me chicote pas mal… Je sais maintenant que je ne guérirai jamais mon cancer. J’améliore ma condition mais je n’obtiendrai pas victoire. Il me reste à croire aux guérisseurs peut-être !!!
Je suis triste…
Je ne me sens tellement pas malade…
Je me sens en pleine forme…
Heureusement, je pars vendredi. Je vais voir la mer… Je reviens lundi prochain…
Je vous embrasse tous et toutes.
C’est toute une guerre…

Claire.

dimanche 20 avril 2008

Les attentes…

J’ai négligé le blog depuis dix jours. Mille excuses ! Que voulez-vous, j’ai été véritablement happée par le printemps ! Depuis quelques jours, impossible de me retenir à l’intérieur de la maison ! J’ai succombé à l’appel du beau temps…

Hier, j’ai fait le tour du propriétaire, jusqu’au bout de ma terre… Le boisé sent bon, les oiseaux font de la haute voltige. Par moments, je les ai vus danser puis, soudainement, se poser sur la première haute branche en esquissant de véritables arabesques. Je me suis beaucoup amusée à les observer et à les écouter. Ils chantent. Crient. Sifflent. Ça gazouillait pas mal autour de moi… J’étais heureuse d’entendre tout ce babillage, cette abondance de sons aigus qui s’entremêlent si vivement les uns aux autres. C’est vraiment le printemps… je l’ai entendu…
J’ai aussi contourné les fossés gorgés d’eau qui délimitent mon terrain. L’étang est magnifique. Évidemment, avec les chutes de neige que nous avons eues, il déborde un peu… Les canards sauvages l’ont repéré depuis que la glace a fondu. Quel émerveillement que de les voir planer dans le ciel quelques instants et, soudain, amorcer savamment une descente. Leur amerrissage est précis. Un simple effleurement de l’eau et voilà qu’ils se posent sur la surface de l’étang. Du grand art ! Je suis amoureuse des canards, des oies et des outardes. J’aime tellement les voir glisser sur l’eau… C’est le calme absolu ! Quels beaux moments surtout après l’hiver que nous avons eu. Long… Si long… Avouez que personne n’avait imaginé une si belle première semaine de printemps… On la méritait bien… Oh que oui !

Encore une fois, la vie nous fait des surprises…
En marchant dans mon bois, je m’y revoyais l’an dernier à la même époque. Jamais, au grand jamais, je n’aurais pu deviner ce qui m’arrive depuis quelques mois... Évidemment, mes attentes différaient. Je ne savais même pas que mon corps était blessé ! Dire que depuis trois mois, je suis dans l’expectative d’une guérison… Par la force des choses, j’ai dû troquer certains de mes rêves contre des objectifs à atteindre et j’ai accepté de mettre de côté pour une période indéterminée quelques-unes de mes attentes. C’est bizarre…je n’ai même pas pleuré.
Les attentes… Dieu seul sait combien je m’en suis créé… Des inutiles. Des irrémédiables. Des passagères. Des incertaines. Des indispensables. Depuis une cinquantaine d’années, j’en ai sûrement accumulé des milliers dans ma tête. J’ai élaboré et bâti ma vie autour d’elles. Combien de fois ai-je été déçue parce que les circonstances ne répondaient pas exactement à mes prévisions ? Combien de fois ai-je imaginé différentes réactions de toutes sortes provenant des autres et qui, inévitablement, ne sont jamais venues…

Cet hiver, j’ai un peu mieux compris… J’ai saisi l’importance de vivre l’instant présent dans ce qu’il est réellement au moment même où je le perçois. J’essaie de ne plus me créer des attentes. Je sais, c’est facile à dire… et difficile à faire !!!! Mais, c’est essentiel maintenant. Mon regard sur la vie se modifie au fil des semaines. Peut-être que je ne me prends plus trop au sérieux. Depuis que j’ai appris que la vie peut me filer entre les doigts, que mes rêves les plus grands, ceux qui me suivent depuis des années, peuvent aisément devenir éphémères, s’enfuir, s’échapper malgré moi, j’accepte la fugacité et les surprises de ma vie. C’est fou, mais j’ai moins mal… à l’âme. C’est stressant maintenir constamment ses attentes…Il faut quasi de l’entêtement. C’est décevant aussi. On attend des réponses qui ne viendront jamais. De la vie. De notre entourage. C’est un mode de vie dont j’aimerais m’éloigner de plus en plus.
Je préfère choisir de mieux vivre ma vie, de toucher davantage les beaux instants que je me crée dans mon quotidien. Surtout, je n’autorise plus mes attentes à faire la pluie et le beau temps sur mes journées. J’aime mieux générer une certaine paix de l’esprit et accorder de l’importance à me sentir tout simplement guérir. Avec ce beau printemps, ce renouveau qui éclate tout autour de nous, il me semble que la vie est encore une fois extraordinairement belle. J’aime tellement me sentir vivante…

Claire.

P.S. J’écris les toutes dernières pages de mon troisième tome…YES !

vendredi 11 avril 2008

Parce qu’il faut y croire…

Hier, fut une journée bien importante ! Très. Non seulement, j’ai eu mon quatrième traitement au cours duquel on m’a shootée du poison que j’avais immensément hâte de recevoir dans les veines, mais j’ai été enchantée des belles rencontres avec mes deux oncologues.
Mon premier rendez-vous était à 8 h 00 avec la docteure Prady, mon oncologue qui est responsable de mes traitements. Quand je suis entrée dans son bureau, elle était tout sourire. Sachant que mon cancer est atypique, il lui est difficile de savoir le cheminement qu’il aura. Mais les résultats de comparaison entre les deux derniers scans et ceux de l’échographie, viennent la rassurer et lui permette de croire que nous contrôlons bien la situation. Ce que j’en comprends, c’est que la guerre que nous avons menée vous et moi depuis trois traitements a réussi à circonscrire le cancer, malgré sa virulence, malgré sa force 4 et son grade 3. On lui a fait mal et combien ! Elle m’a félicitée mon pour attitude combattante et la foi que j’ai dans ma guérison. La médecine s’occupe des potions magiques médicamenteuses et de leur côté, leur travail est plus que positif vu le résultat super étonnant et rarement vu en si peu de temps, selon elle. Je lui fais confiance mille fois. Moi, mon travail c’est ma survivance. Ce sont mes attitudes positives et vindicatives que je nourris quotidiennement malgré mes petits déboires émotifs. Je lui ai confié que j’avais vécu une certaine morosité dernièrement, un sentiment que je n’ai pas beaucoup connu dans ma vie. Je lui ai avoué aussi mes craintes et mes peurs de ne pas percevoir mon avenir, de ce qu’il advient de moi, et surtout de ne pouvoir mettre un chiffre sur le temps qu’il me reste. Cela m’embête au plus haut degré et hante mes nuits.

Heureusement, j’ai une foi indéfectible en la Vie. Elle a toujours été bonne pour moi, même avec ce cancer. J’aurais pu avoir un accident et être paralysée, etc., etc. Non, tant qu’à recevoir une masse du genre sur la tête, je choisis définitivement mon cancer. Il fait partie de moi maintenant, on va vivre un bout de chemin ensemble. Il m’aura un jour. Il va gagner malgré mes luttes. Je sais très bien que je vais mourir d’un cancer. Mais je ne sais pas encore lequel… Et puis après ! Qu’est-ce-que ça change. On finit tous par mourir de quelque chose. Ca ne me dérange plus trop, trop. Ce qui me dérange, c’est ne pas savoir ce qui se présente devant moi dans les mois à venir. Ma docteure m’a fait comprendre que le cheminement de mon cancer ne sera pas une belle ligne droite avec des étapes à franchir déjà toutes bien définies. Non ! Parce qu’il est atypique, sa route est en zigzag. Qu’il est plein de surprises qu’elle et moi découvrirons obligatoirement au fur et à mesure. Qu’est-ce-qui nous attend dans la prochaine courbe ? On devra s’ajuster à tout moment. Je pourrais avoir une rémission de deux mois, si les métastases terroristes décident de sortir de leur cachette et d’attaquer à nouveau, tout comme ma rémission pourrait être de 6 mois, un an, deux ans…. Anyway, elle et moi on se verra souvent et très longtemps, jusqu’à la fin de ma vie… La guerre que nous menions depuis trois mois est terminée. Le cancer virulent a perdu de ses forces et il aura 4 autres traitements en ajout de celui d’hier matin. On va faire mal. Mais la guérilla commence… Les métastases rêvent de se généraliser. Elles sont des terroristes sournoises qui rêvent de voyager et de se propager… Selon mes formules sanguines prises régulièrement, il est possible de découvrir ce qui se passe alors dans mon corps…Soudainement. On n’attendra pas trop, croyez-moi… Et hop ! Un autre traitement de chimio fera l’affaire. On bombardera et neutralisera ces talibans….jusqu’à la prochaine fois. Ce sera mon mode de vie désormais. De là l’importance de mon rôle dans ma survivance… et le rôle de la médecine dans la médication. On fait équipe ! Mon médecin m’a confirmé que les traitements de taxol fragilise énormément mon corps. Qu’il est donc normal que mes émotions prennent plus de place. « Laissez les vivre ! Si peu de gens sont près de leurs émotions, vous, appréciez cette chance » m’a–t-elle dit. Elle m’a fait comprendre que chaque personne de mon club de chimiothérapeux est unique. Son cancer aussi. Chacun de nous avons un tracé de vie qui nous est propre. Notre vécu nous a formés et fait de nous des êtres uniques. Nous sommes le produit de notre vie. Chacun affronte sa maladie, ses épreuves selon ses forces et ses faiblesses. Chacun regarde sa vie avec ses rêves d’espoirs ou de désespoirs. Personne ne peut se targuer de comprendre exactement ce que chacun ressent car il y a toute une vie derrière. Aucun mode d’emploi n’existe, aucun. Chacun vivra à sa manière les étapes qu’il aura à franchir dans sa démarche personnelle. « Ne laissez personne vous coacher, vous êtes votre seul coach pour le reste de votre vie. Vous. Que vous ! Vos 56 ans vous ont forgée. Vos attitudes font déjà de vous une gagnante… Bravo ! Continuez, vous savez très bien comment affronter le chemin à poursuivre. Mon traitement de chimio vous va très bien. Vos attitudes aussi…Lisez, riez, déstressez maintenant. La force de combattre, vous et moi, on l’a… »

Je suis sortie de son bureau heureuse. Enfin, je savais à quoi m’attendre ! J’ai des tas de deux mois à vivre, à regarder les stratégies des guérilléros qui m’habitent, à m’ajuster à leurs déplacements pour entraver leur chemin, et poursuivre ainsi encore un autre deux mois…
Je suis bien. Tellement apaisée, réconfortée même… Je sais un peu mieux maintenant à quoi m’attendre… Merci, docteure Prady ! Merci.

J’ai donc vécu avec une énergie débordante mon quatrième traitement de chimio. J’adore le poison dans mes veines car je sais que c’est une arme qui saura m’amener à la victoire.
Une fois ce moment passé, j’ai rencontré le docteur Chan, l’onco-gynécologue. Il m’a expliqué que mon échographie semble démontrer que mon cancer se serait d’abord développé dans le col de l’utérus, pour ensuite atteindre l’utérus en entier et, par la suite se métastaser sur les ovaires et par le système lymphatique atteindre finalement mon cou. Tout ça en silence, sans douleur et à une vitesse étonnante.… Évidemment, lui aussi, est heureux et étonné du résultat de mes deux premiers traitements de chimio. Vu que les tumeurs ont régressé, il croit, après avoir reçu l’accord du docteur Prady toutefois, m’offrir une chirurgie en m’enlevant l’utérus et les ovaires et les ganglions du système lymphatique. Vu que les tumeurs ont diminué considérablement, il est en mesure maintenant de pratiquer cette chirurgie avec aisance. Cette hystérectomie serait donc prévue, en théorie, pour le 5 mai prochain…Quel beau cadeau de fête! Enfin, je n’aurai plus ces tumeurs dans mon ventre. Wow ! Trois jours après, il me faudra par contre recevoir mon cinquième traitement de chimio. Ce qui fait que le jour de la fête des Mères, j’aurai ma rencontre avec un TGV ! Je vais m’ennuyer de mon petit train de banlieue ! Toute une journée qui m’attend et les trois jours suivants… Ouch !…. Mais imaginez, même si cette chirurgie fait mal et m’incommodera énormément, tout ça ajouté à un traitement de chimio, (je sais que cela semble capoté ), mais j’en rêve ! Je m’en fous d’avoir mal… Complètement. Je sais que dans ma tête, la peur s’amoindrira car je saurai que mon combat à venir sera uniquement celui contre des métastases seulement. Je n’aurai plus à sentir cette masse dure dans mon ventre… Il me semble que le pire sera derrière moi. Que je pourrai entreprendre mon avenir avec plus de confiance. La guérilla des métastases, j’en ferai mon affaire ! Je m’en sens capable et surtout j’en ai la force. Évidemment, je continuerai à suivre le protocole des traitements de chimio qu’il me reste et qui s’étendra sans doute jusqu’à en août… Oui, quel plaisir que d’amoindrir ces cellules terroristes, les réduire en poudre quoi !
Le 23 avril prochain, le docteur Chan veut me rencontrer à nouveau. Je saurai alors s’il a obtenu l’accord du docteur Prady pour cette chirurgie. Évidemment, il faut que ma formule sanguine soit bonne. À ce jour, elle est toujours très excellente heureusement. Je me félicite d’avoir conservé une fameuse de bonne santé avant toute cette histoire de cancer. Je me croise les doigts en retenant entre eux une boule d’espoir. Je veux cette chirurgie. J’aimerais tant qu’elle soit faite sous peu… J’ai besoin de sortir ce cancer de mon corps et le jeter à la mer, comme dans mon rêve. C’est devenu essentiel à ma vie… ! Je ne crains pas d’avoir mal.

Je veux vivre. J’ai choisi la vie…Je ne veux pas mourir trop vite. J’ai encore à faire… Que mon corps se débarrasse de ce maudit cancer que lui et moi n’avons pas voulu…
Je suis heureuse du déroulement de mes deux rencontres.
Depuis, je garde espoir… C’est magique l’espoir !

Merci de m’avoir tellement donné de votre énergie depuis trois mois… Chacun de vous et moi sommes des winners !

Je vous aime. Tellement. Merci de me permettre d’y croire, parce qu’il faut y croire.

Merci de me permettre de conserver et d’alimenter l’espoir de vivre encore un bon bout de temps…

Merci.

Avec toute ma tendresse,
Claire.

mardi 8 avril 2008

Et le combat continue…

C’est fou la nature humaine ! La semaine dernière, j’ai reçu de grandes nouvelles qui me confirmaient une nette amélioration de ma condition physique et ce, après seulement deux traitements. Je me suis réjouie de cette annonce. Beaucoup. Énormément. Mais, croyez-le ou non, depuis quelques jours, je file morose. J’ai comme une vague de tristesse qui m’habite. Serait-ce l’anti-climax ? Sans doute… Faut dire que depuis le début de cette lutte contre le cancer, j’ai été pas mal du genre Go, Go, Go Claire ! À tous les jours, depuis deux mois, j’ai fait preuve de détermination. Sans relâche. Avec fermeté, ténacité, volonté. Puis voilà que depuis quelques jours, je me laisse presque aller au découragement. Comme si la montagne que je devais gravir me semblait beaucoup trop haute, insurmontable. Je me sens fatiguée, déprimée, désenchantée. J’ai de la difficulté à me retrouver dans ce genre de spirale qui tournoie vers le bas… Habituellement, je suis du genre combatif… Là, je me sens accablée. J’ai même des coups de cafard, tant je me sens déprimée.

Heureusement, je sais que ce n’est que passager… Je n’aime pas vivre cette petite névrose neurasthénique. Je ne m’y retrouve pas. Cette attitude me déplaît, et pas juste un peu. Je suppose qu’avec les doses de poison que j’ingère, mon corps réagit…

Aujourd’hui, j’avais une échographie. Bien, croyez-le ou non, la docteure qui est venue faire la lecture de cet examen, après avoir comparé avec le scan du 17 mars dernier, m’a confirmé que le traitement de chimiothérapie me convenait très bien. En effet, j’ai eu le temps d’avoir un troisième traitement entre le scan et l’échographie. Bien, mes tumeurs abdomino-pelviennes ont encore diminué de manière significative. Imaginez le bonheur qu’elle m’a donné en me faisant cette observation…Évidemment, ma morosité s’est atténuée. Il me semble que j’ai le goût de chanter.

Dans deux jours, j’aurai mon quatrième traitement… Wow ! On va finir par les avoir ces métastases et ces cellules cancéreuses qui forment mes tumeurs ! Oui, jeudi matin, je rencontrerai mon oncologue et vers midi, le gynécologue qui me donnera les résultats de la biopsie de l’utérus de la semaine dernière. Je n’ai jamais eu aussi hâte à un traitement de chimiothérapie… Si, chaque fois, les tumeurs rapetissent, on va bien finir par le circonscrire ce maudit cancer, l’éliminer peut-être bien, même !

Chère armée de mon cœur, jeudi j’ai besoin de vos pensées positives, de votre énergie et de vos prières. On a une quatrième bataille à mener vous et moi. L’ennemi n’a pas épuisé toutes ses forces… On va y arriver.

Je vous embrasse tous et toutes.

Le combat continue… J’ai tellement hâte de m’en sortir…

Claire.

jeudi 3 avril 2008

Je suis tellement choyée…


Cette nuit, j’ai rêvé que je guérissais. C’était à l’aube, dans cette lumière à la fois argentée et orangée. Je me voyais au bord de la mer. Une mer calme… Je jetais à l’eau deux oranges et des petites pierres que le reflux de la vague apportait au loin. Je me sentais soulagée. Les premières lueurs du lever du soleil teintaient mon long vêtement de couleurs chaudes. Un grand sentiment de liberté m’envahissait. Une émotion forte d’ailleurs puisqu’elle m’a réveillée…

Ce matin, ce rêve m’habite constamment l’esprit. Les images tournoient dans ma tête…Je me sens bien. Je veux que ce rêve devienne ma réalité… Je n’en veux pas de ce satané cancer… !
Toutes vos pensées, vos prières, toute cette énergie que vous m’envoyez depuis des semaines ont porté fruit… Elles font déjà de moi une survivante… Je ne sais pas comment vous remercier. C’est difficile de recevoir autant et ne pas être en mesure de redonner à son tour…Vous m’avez gratifiée de tant d’amour… Tellement. Les résultats du scan en sont la preuve !

Je crois en cette force de la pensée, de la prière. Énormément. C’est comme un tourbillon dans lequel je me sens encouragée, réconfortée, aimée, soutenue. Je m’abandonne à la Vie…et me laisse naviguer sur cette résistance quotidienne que me donne votre soutien. Chacun, chacune d’entre vous, vous faites partie désormais de moi. L’énergie que je ressens m’aide à combattre la peur, le découragement, la tristesse qui épuisent. Je préfère agir ! Une journée à la fois… et regarder l’avenir en toute confiance. Puis, je sens bien que mon corps combat contre cet envahissement qu’il rejette de toutes ses forces…

Vendredi dernier, j’ai appris une grande nouvelle. Entre mes romans pour adolescents, j’ai pris le temps d’écrire un manuscrit qui s’adresse au grand public. Une histoire de suspense un peu flyé ! J’ai trouvé une éditrice québécoise… Ce roman sera publié au printemps 2009 ! Dans la même journée, croyez-le ou non, j’apprenais aussi que ce manuscrit avait attiré l’attention d’un autre éditeur. Wow ! Cela m’a fait réfléchir… Peut-être suis-je un peu naïve d’y croire, mais j’y ai vu un signe. Un gros signe parce que des fois, je suis un peu aveugle… ! Peut-être la vie me dit-elle que j’ai encore une place, que j’ai encore quelque chose à donner. Que j’ai encore quelque chose à produire, à écrire… Cette nouvelle m’a rendue profondément heureuse au fin fond de moi … J’y ai vu une réponse à mon vif besoin de survivance…C’est comme si mon avenir ouvrait à nouveau ses portes… Comme si tout à coup, je me redonnais le droit de faire partie du monde des vivants. Comme si les mots « prochainement, demain, lendemain, futur » reprenaient de leur sens au cœur de ma vie… Je les avais mis de côté depuis deux mois ces jolis mots pleins d’espoir. Avec les résultats de mon scan et ce nouveau roman, j’aime les inclure à nouveau au cœur de mes réflexions. J’ai décidé qu’ils y demeureraient encore longtemps. Oui, longtemps.

À chacun de vous, à chacune de vous, merci. Cent fois. Mille fois. Des milliers de centaines de fois… Merci pour vos prières, vos pensées et l’énergie que vous m’envoyez. Vous et moi, on va dépasser ce cancer malheureux…

Avec toute ma tendresse.
Claire.

mardi 1 avril 2008

Enfin des résultats !

Ce matin, je rencontrais le docteur Chan, un onco-gynécologue. Très sympathique, soit dit en passant. Après m’avoir fait une biopsie de l’utérus, et demandé une échographie à passer dans les jours à venir, il m’a confirmé que mon cancer est vraiment atypique. Son développement ne suit pas le cheminement habituel d’autant plus qu’on ne sait pas encore hors de tout doute s’il origine des ovaires ou de l’utérus. Mais entre vous et moi, il y a quelque part que je m’en fous un peu, le résultat étant le même dans ma vie. Dans mon dossier, il y avait le rapport de mon scan du 17 mars. Devinez ? Nette amélioration !!!!!!!! Je suis heureuse….

SCAN DU COU :
En comparaison avec mon scan du 25 janvier dernier, on note la disparition d’une des deux masses principales. Sus-jacents à cette masse, il existait deux petites masses qui ont réduit du tiers chacune. L’autre masse a diminué de façon importante, car elle mesurait 25 X 17 mm en janvier et mesure maintenant 11 X 7.5 mm. Wow ! Toutefois, plusieurs petites masses persistent. Elles sont de taille vraiment minuscule…mais elles sont là. Elles adorent les voyages dans le corps humain… ! Ce sont celles-là qui me donnent un abonnement au cancer…J’aimerais bien en venir à bout un de ces jours. Elles sont comme le Larousse, elles sèment à tout vent !

SCAN ABDOMINO-PELVIEN
On note une importante diminution des lésions tumorales. On est en mesure d’identifier l’utérus ce qui n’était pas le cas en janvier, tant la tumeur recouvrait tout. Maintenant, elle rapetisse et demeure davantage sur la gauche, en une seule masse significative, avec un centre très dense. Sa dimension est celle d’une grosse orange de 4.2 X 2.5cm comparé à 4.2 X 8.2.cm lors de l’examen précédent. Une autre tumeur dans la région des reins a diminué de façon importante, et le système collecteur est maintenant dans les limites de la normale. Près du petit bassin dans lequel se développe le cancer des ovaires, la proéminence a aussi été réduite. Le foie demeure homogène et le pancréas et la rate sont normaux. Aucun liquide intra péritonéal.

CONCLUSION :
Bonne réponse aux deux premiers traitements de chimiothérapie avec diminution dramatique des masses pelviennes et importante diminution des métastases ganglionnaires rétro-péritonéales.

Ce sont de bonnes nouvelles. Hein ? Wow ! Je suis heureuse…
On va vers la victoire, guerriers et guerrières de mon cœur…
Depuis ce scan, j’ai eu un troisième traitement. Le 10 avril prochain, j’aurai le quatrième. Je crois que j’aurai un autre scan au cours du mois de mai, sans doute après le 5e traitement du premier mai. Je suis certaine que la tumeur va diminuer encore… Je me croise les doigts.
Je suis tellement heureuse si vous saviez…
Il me semble que ce soir, je vais dormir profondément.
Je vous aime tous et toutes. Ensemble on marche vers la guérison…
Claire.