jeudi 27 mars 2008

Le regard des autres...

Quand je vais faire mes emplettes, je porte un genre de turban en velours marin qui couvre ma tête et me protège du froid. Je le trouve particulièrement confortable. Enfin beaucoup plus que mes perruques… Il est vrai qu’il ne cache pas totalement la nuque dénudée et qu’il fait porter le front haut ! Mais Pierre trouve qu’il me va bien…c’est ça l’essentiel !

Ce matin, j’avais à me rendre dans un magasin de grande surface. Alors que je me promenais au travers des rangées, regardant tranquillement ici et là, j’ai entendu : « Ça imagine qu’on le voit pas qu’elles n’ont pas de cheveux…Les perruques, ça pas été inventées pour rien !».C’est la première fois que j’ai eu à confronter le regard d’une inconnue. Ouvertement. Avec même témérité. Mais que quelques secondes seulement… Je n’ai pas eu la force de répliquer, de riposter, de m’objecter… Rien. Le cancer me rend vraiment vulnérable. On dirait que j’ai moins d’aplomb, d’audace. Mon impudence s’est fragilisée au point d’en perdre la parole. Je suis restée muette. La seule réaction de défense que j’ai pu manifester fut quelques larmes silencieuses que je n’ai pas su contrôler. Tout à coup, je n’étais plus sûre de rien. Plus sûre de moi. Je me sentais coupable. J’étais soudainement marginalisée. Exclue. Dans ses yeux, je lisais le malaise de cette femme, sa peur de regarder la maladie en face ! Près d’elle, une dame âgée, sa mère sans doute tant elles avaient de ressemblance physique. Je l’ai dévisagée deux ou trois secondes, espérant lire sur son visage un peu d’humanité ou un quelconque désaccord face aux propos de sa fille. Rien ! Elle n’a pas osé soutenir mon regard, préférant s’attarder aux fleurs de plastique qui traînaient dans son panier.

Le regard des autres est difficile à subir. Voilà la découverte de ma journée. Depuis, j’ai réfléchi… La compassion envers les autres n’est pas innée. Une femme à la tête rasée fait peur. On préfère qu’elle se cache sous des artifices si elle veut obtenir le droit de magasiner, d’aller au restaurant… On tolère les skins head, les sidatiques… mais une cancéreuse, il semble que non.

Une fois rendue dans ma voiture, je me suis laissé aller à ma tristesse. Oui, j’ai perdu de mon assurance légendaire depuis deux mois. C’est difficile à accepter. J’ai aussi perdu le masque qui cachait mes émotions quotidiennes et derrière lequel je savais si bien lancer insolemment des défis, même par bravade. J’ai pris conscience que je n’ai plus la maîtrise totale de ma vie puisqu’un seul regard méprisant suffit à me jeter à terre. Que ce regard pourrait détruire ma journée si j’acceptais d’y demeurer soumise. J’ai donc pris une décision. Dorénavant, je me donne la permission de vivre mes émotions pleinement sans devoir les avaler d’un trait, d’un seul coup. Je me donne le droit de me choisir avant les autres. Moi, dans ce que je suis. Je n’ai plus à me définir par le truchement de mes réalisations, de mes actions, des mes amis, de mes connaissances, des autres. Je suis MOI. Être moi. J’apprends peut-être enfin à me respecter, dans mes forces et mes faiblesses, dans ce que je juge acceptable ou inacceptable. J’apprends peut-être à laisser tomber l’idée de ce que je me faisais de moi-même jusqu’à tout récemment et à découvrir la véritable personne que je deviens et deviendrai avec le temps, la maladie et la guérison que j’attends et que j’appelle à mon secours. Le regard des autres ne me touchera plus désormais. Je m’en fais la promesse…

Claire.

mardi 25 mars 2008

Les gardiens de mes nuits




Ce matin, je cherche la couleur du printemps. Elle se fait rare… Ne trouvez-vous pas ? Par contre, la lumière est vive et le ciel d’un bleu magnifique. Oui, le printemps viendra… Je sais qu’il se pointera le bout du nez lors de ma prochaine chimio, le 10 avril prochain.
Depuis samedi dernier, j’ai eu droit à un 72 heures quelque peu inconfortable. Les conséquences de mon troisième traitement de chimiothérapie reçu le 20 mars dernier n’auront pas été une sinécure…. Oh que non ! C’est la première fois que j’aurai voulu pleurer tant j’ai eu mal… et ce, malgré les efforts des médicaments qu’on me prescrit pour diminuer la douleur. Je me dois de reconnaître toutefois, que de traitement en traitement, mon corps s’épuise un peu plus à chaque fois. Disons que hier soir, la fatigue aidant sûrement, j’ai eu mon quota. Mon endurance a flanché quelque peu. Quand j’ai constaté que les larmes me montaient aux yeux, j’ai pris un grand verre d’eau et je suis allée me coucher pour la nuit, collée contre trois de mes chats qui font le guet autour de moi depuis deux mois. Des sentinelles ! Chacune a sa place bien précise. Il suffit que je m’allonge pour qu’en quelques instants, je sois entourée de cette patrouille féline qui semble exercer une surveillance accrue. Lorsque je me lève au cours de la nuit, elle me suit tout au long de mes déplacements. Elle m’attend si je vais à la salle de bain et m’accompagne jusqu’à mon lit, dès mon retour. Napoléon, Barbouille et Chatouille sont mes gardiens. Ils sont à l’affût du moindre bruit… Je me demande s’ils ne se sont pas donné pour mission de me protéger contre cet ennemi qu’est la maladie qu’ils perçoivent sans aucun doute dans mon corps. Leur sensibilité est étonnante ! Si je ne parviens pas à dormir et que je décide de me rendre à mon ordinateur pour y travailler, voilà que mes amis sont aussitôt de faction dans le corridor ou montent respectivement la garde devant la porte de mon bureau. Ils y demeurent longtemps, immobiles et somnolents, dans une attente prolongée, une attente de je ne sais trop quoi, à vrai dire… Mais ils m’aident à traverser la nuit et mes inquiétudes qui surgissent sans crier gare lorsque le sommeil refuse de m’assoupir. Je les entends respirer, rêver même. Leur souffle court m’apaise. J’aime bien de temps en temps les flatter avec tendresse… leur ronronnement me rassure. J’aime fermer les yeux et du bout des doigts caresser leur pelage, longtemps, doucement. Mais ce que j’apprécie le plus c’est de placer un doigt au creux des coussinets de leur menotte… C’est la quiétude totale ! Ou encore, coller ma tête contre la leur et demeurer ainsi sans bouger, appréciant la générosité de cet instant magique.

Oui, j’ai eu mal la nuit dernière, et la nuit précédente. Mais ce n’était qu’un mal physique… Je sais déjà que demain, je reprendrai du poil de la bête ! Que dans deux jours, ma concentration sera revenue et que je courrai comme avant… jusqu’au prochain traitement dans deux semaines. Mon mal n’est pas celui de l’âme. Il n’est pas continu, inconsolable. Il est passager et j’en connais les dessus et les dessous. Je sais comment l’affronter maintenant. C’est rassurant, presque autant que dormir avec mes trois adorables minous !

Le printemps viendra, hein ? Dites-moi que la banquise qui m’entoure finira bien par fondre. Dans le moment, j’ai l’impression d’habiter un paysage de Jean-Paul Lemieux… !

Je vous embrasse tous.
Claire.

jeudi 20 mars 2008

Le renouveau du printemps


Eh bien, tout va bien ! J’avais mon troisième traitement de chimiothérapie, ce matin vers 11 h 00. C’est avec le cœur léger que je suis entrée dans la salle de traitement. Car j’avais appris de bonnes nouvelles.

Ce matin, je n’ai rencontré mon oncologue, la docteure Prady, que vers 10 h00…au lieu de 8 h 00. Ce n’est pas pour rien qu’on nous appelle des patients… ! Quand je suis entrée dans son bureau, elle n’en revenait pas combien j’avais bonne mine. Elle était étonnée d’apprendre que je ne perdais pas ma concentration au point de poursuivre aisément l’écriture de mon tome 3, que je gardais un bon appétit facilitant le maintien de mon poids et non un amaigrissement qu’elle ne recommande pas, etc. etc., que je ne vivais pas la plupart des effets secondaires tels que vomissements, nausées, reflux, hyperacidité (faut dire que je suis à la lettre leurs prescriptions). De plus, elle était super contente que ma formule sanguine conserve un très bon score, en particulier en ce qui concerne mes plaquettes sanguines et mes globules blancs. Elle était aussi rassurée que mes reins éliminent parfaitement les toxines que laisse le Taxol. Wow ! Je suis une super cancéreuse ! Comme elle me le disait, je suis arrivée en chimio en très, très bonne forme et comme je recherche depuis des années une bonne alimentation, il est évident que mon corps a développé une bonne endurance. Tout ça pour vous dire que tout ça lui confère le droit de croire que mon protocole de chimiothérapie semble très bien me convenir. J’aurai donc mon quatrième traitement le 10 avril prochain. Youpi ! On attaquera encore une fois…Il pourrait même être possible qu’on dépasse les huit traitements pour augmenter à dix traitements… Mais tout, tout ça se discutera avec le gynécologue-oncologue, le docteur K. Chan que je rencontrerai la semaine prochaine, le 28 mars. Avec lui, on parlera de chirurgie… ou non…Lui et mon oncologue ont jasé de mon cas… Ils croient de plus en plus que mon cancer originerait peut-être davantage de l’utérus que des ovaires. Le développement de mon cancer est atypique, n’est pas conforme… il est bizarre. Il n’a pas suivi le parcours traditionnel. Que voulez-vous j’ai toujours été un peu originale sur les bords et je ne fais pas toujours comme les autres.
Mais la petite mauvaise nouvelle, c’est que le pathologiste qui devait comparer mon scan du 25 janvier à celui du 17 mars dernier n’a pas encore envoyé son rapport à mon oncologue. Comme demain et lundi sont des jours fériés, je n’aurai donc pas les résultats avant mardi peut-être…J’ai hâte de connaître les conclusions qui en seront tirées. En analysant la hauteur, la longueur, la largeur, en deux et trois dimensions et en les comparant, il sera en mesure de nous confirmer s’il y a diminution ou augmentation de la tumeur. Quant aux métastases dans mon cou, même un aveugle serait en mesure de confirmer qu’elles ont diminué…
Tout ça pour vous dire que je suis super heureuse et surtout confiante. Pierre aussi et comment ! J’ai choisi la Vie…Je crois bien qu’elle sait me le rendre au centuple on dirait…Puis, je m’en fous que le train se prépare à me passer sur le corps sous peu et faire de moi une femme de cristal pour quelques jours. Ça vaut la peine quand je vois des résultats si encourageant. Faut dire que vous êtes tous derrière à me soutenir. Vos prières, vos pensées, votre énergie… vous voyez bien que ça donne des résultats. C’est bien moi la bénéficiaire… Mon cancer ne fera pas long feu, vous verrez…

Encore mille mercis de votre soutien inégalé. Vous et moi sommes tous des gagnants, des combattants, des guerriers qui ne s’en laissent pas imposer. Merci.

Je vous aime tous tellement…tellement, tellement.

Claire, votre petite cancéreuse qui va s’en sortir grâce à chacun de vous.

lundi 17 mars 2008

Ils me manquent…

Ce matin, j’étais à l’hôpital Charles-Lemoyne pour y passer un scan. Cet examen permet de constater si mes deux premiers traitements de chimio ont porté fruit. La chimio me va-t-elle ou non ? Les métastases et ma tumeur ont-elles passé un mauvais quart d’heure lors de leur rencontre avec monsieur Taxol et madame Carbo Platine ? Je sais pertinemment que les métastases ont diminué considérablement. J’ai d’ailleurs constaté graduellement leur suppression à tous les jours depuis quelques temps. Quant au scan de l’abdomen, il révèle si ma tumeur s’atrophie ou non… J’espère bien que oui… Mais n’ayez pas de fausses attentes, je ne connais pas les résultats. Je le ne les saurai que jeudi matin prochain, le 20, vers 8 h 00 du matin lors de ma rencontre avec mon oncologue. Je n’ai pas besoin de vous décrire mon impatience. D’ailleurs, je compte les heures d’ici là… Je me croise les doigts. Je n’ai qu’un seul désir : un résultat positif. Je me le souhaite ardemment… C’est long d’ici jeudi, je trouve…

Alors que l’imagerie par résonance magnétique me découpait les organes cancéreux du corps en tranches, - par balayage évidemment -, je pensais à Rollande et à Gérard, mes parents. Allongée sur le lit mobile du scanner, lequel se déplace dans un mouvement de va-et-vient en glissant dans l’immense anneau aimanté, j’ai pris conscience qu’il était heureux qu’ils soient décédés. Je n’aurai vraiment pas aimé leur annoncer mon cancer. Il me semble qu’à l’âge qu’ils auraient eu, cette nouvelle aurait été encore plus terrible pour eux que pour moi. J’aurais vu leur peine, leur impuissance… Ouf ! Mais ils me manquent. Terriblement. Je pense à eux. Je m’ennuie d’eux. Souvent… Et encore plus depuis cette maladie qui enlève tout artifice et me repousse au fin fond de moi-même.

Je me les rappelle au fil de mes souvenirs. Je m’amuse à dire un chiffre qui correspond à un de mes âges, et vlan ! Papa et maman y surviennent, beaucoup plus jeunes, beaucoup plus vieux selon le cas. En laissant s’écouler davantage les années, je revois certaines scènes dans lesquelles, ils ont mon âge. Ils ont mes 55 ans. Je les reconnais à leurs pattes-d’oie, aux rides qui se creusent aux commissures de leurs lèvres, à leurs mains dont la peau devient quasi lézardée, à leurs paupières tombantes et à leurs cheveux grisonnants. Mais…c’est moi maintenant ! Je me demande souvent quelles pensées les habitaient lorsqu’ils avaient mon âge. Mes pensées évoluent au gré de mes années, selon mes préoccupations, celles qui forgent ma cinquantaine. Il en fut sûrement de même pour Rollande et Gérard. Ils ont dû s’interroger sur le sens de la Vie, de leur vie. Ils ont dû se questionner sur la mort et constater que plus on tente d’apprendre sur elle, plus on découvre la Vie. Et plus on a envie de célébrer la Vie. Si c’était possible, j’aimerais les rencontrer encore une fois, dans ce qu’ils étaient au mitan de leur vie sur terre. Permettre ainsi une véritable rencontre entre eux et moi, dans nos questionnements d’humains, dans nos doutes, nos peurs et nos joies, nos espoirs surtout. Que me diraient-ils ? Que dans la vie, il vaut mieux de ne pas faire ce qu’on doit faire, mais ce qu’on choisit de faire ? Peut-être me diraient-ils qu’il n’y a que le devenir qui importe ? Que le devenir, c’est la seule manière de se recréer…Peut-être pourrais-je aussi avoir le privilège de leur redire combien je les ai aimés, et combien je les aime toujours. Combien leurs souvenirs m’apaisent... Combien j’aime entendre leurs voix parfois qui font écho dans ma tête…C’est toujours un moment enveloppant, plein de tendresse…Qui sait, peut-être aussi me diraient-ils que la mort n’est pas un point final, mais une ouverture. Un portail qui s’ouvre…

Je ne le saurai vraiment jamais… mais mon intuition m’autorise à imaginer leurs réponses… Et ça me fait du bien… Tellement de bien. Merci papa. Merci maman.

Claire.

vendredi 14 mars 2008

Ma peur a passé. Mon chagrin aussi…


Merci de votre présence épistolaire. Si vous saviez combien vos réponses, vos poèmes et vos courriels à ma requête de mercredi m’ont emballée, m’ont apaisée.
Merci.

Vos espoirs fondés sur l’amitié, sur l’amour, sur la vie m’ont désaltérée. J’avais tellement soif de bonheur.
Merci.

Vos sursauts de révolte face à la mort m’ont émue.
Merci.

Vos désirs d’assouvir rapidement vos rêves les plus fous m’ont enthousiasmée, réanimée…
Merci.

Vos besoins intrinsèques de fuir les sentiments qui vous sont néfastes et d’éloigner la culpabilité de votre existence m’ont éclairée et calmée vivement et sereinement. Oui, la vie continue, avec ou sans nous.
Merci.

Merci aussi de m’avoir permis de pleurer d’émerveillement devant cette rassurante nécessité de devoir s’arrêter pendant quelques moments pour s’harmoniser à l’instant présent, à cet instant où se posent les gestes les plus humains, où s’échangent des regards qui en disent plus long que la vie et où le temps s’écoule dans ce qu’il a le plus simplement à offrir, dans sa gratuité du moment.
Encore merci.

On a beau être positive, certains moments deviennent plus difficiles à traverser. Tout notre courage soudainement s’effrite et puis plus rien ne nous emballe. On est en proie à la peur… On découvre l’angoisse et on appréhende sa propre mort. C’est presque l’effroi !

Mais là, ça va mieux. Vous êtes tous près de moi. Tout serré contre moi.
On a tous des moments qui frôlent le désespoir au cœur de notre vie. On a tous des moments de détresse émotionnelle qui nous prennent à la gorge, nous étouffent horriblement et qui nous frappent d’impuissance. Quelle horreur ! Ces moments s’imprègnent dans notre corps, dans nos cellules…Ils sont des blessures en quelque sorte. Faut apprendre à les soigner. C’est ce que fait le cancer… Il me donne la permission de changer ma vie. Je ne sais trop encore pourquoi je ne m’étais pas appropriée ce droit pourtant fondamental. Peu importe, le passé est derrière. Ce qui compte, c’est que je m’autorise dorénavant à vivre pour moi, que pour moi, et tout pour moi. C’est fou ce que la maladie lève la censure et me permet de prendre enfin des libertés. Elle suspend des attitudes souvent intransigeantes qui ne m’ont pas toujours menée vers la sérénité, la tranquillité et la paix d’esprit.

Vous savez, c’est la première fois de ma vie que je m’autorise à laisser tomber plusieurs responsabilités que j’ai tenues souvent contre mon gré, je l’avoue maintenant. C’est la première fois que je rejette la pression de ma vie pour ne m’occuper que de moi-même, sans avoir à me justifier. Wow ! C’est tout un cadeau cette maladie ! Une maladie heureuse, en fait. Elle a beaucoup à m’apprendre, ou du moins à me réapprendre… Je m’étais oubliée dans la cacophonie des exigences qu’on se crée malgré nous.
Désormais, je m’octroie la vie dans ce qu’elle a de plus beau… Je me sens tellement plus humaine… Ça fait du bien à l’âme…

Je vous remercie d’être là, de me partager vos émotions et votre amitié. Vous me faites de beaux et magnifiques cadeaux. Si vous saviez comme il est bon de ne pas être seule…
Merci.

Je vous embrasse tout et chacun. Cordialement. Sincèrement. Avec tellement et tellement de tendresse… tout ce que j’ai.

Claire.

mercredi 12 mars 2008

Quiz

Si on vous disait que vous avez le cancer et qu’il vous reste au plus des plus, cinq ans à vivre, que feriez-vous ?
Prenez le temps de me répondre, j’ai besoin d’inspiration…
Je vous aime.
Claire.

lundi 10 mars 2008

Décision finale !


On dit que le cancer nous révèle à soi-même… Et comment !
Depuis un mois, je cherche ce qu’il veut me dire… Je trouve la réponse un peu tous les jours, toutes les nuits… Mais ce que je sais pertinemment, c’est que mon cancer ne sera pas l’objectif final de ma vie…

Mon cancer est temporaire. Voilà ma décision finale !
J’ai choisi la guérison. Pas la rémission. La guérison… ! Après tout, le cancer, je ne l’ai jamais voulu, je ne l’ai pas demandé, alors ouste ! Dehors !

Il y a quelques semaines, on m’a dit que je serais une abonnée au cancer, vu tout ce qu’on a trouvé dans mon ventre… Foutaise ! Il n’en est pas question. Je n’ai pas envie de poursuivre ma vie en demeurant toujours sur le qui-vive… Je ne veux pas laisser de place à la récidive. La seule option qui me convient demeure la guérison totale. Un miracle, à vrai dire… Mais pourquoi pas… ? Ben oui, pourquoi pas ? J’ai toujours fait confiance à la vie, je ne vois vraiment pas pourquoi je ne lui ferai pas encore et davantage confiance. En rejetant tout ce qui est néfaste dans ma vie, je me trouve automatiquement à créer de la place… à ma vie…! Donc, je dois vivre… Pas vivoter, toujours sur mes gardes, en attente continuelle d’une prochaine attaque…. Non, vivre ! Pleinement. Sereinement.

Le cancer me donne un choix : mourir ou me choisir ! Je me choisis, donc je vis. Je me choisis, donc la guérison, pas la rémission. De toute façon, je suis dans l’incapacité d’imaginer que je pourrais mourir en novembre. C’est quoi, cette statistique-là ? O.K. On dit qu’une femme sur dix qui a mon type de cancer, au même stade, pourra s’en sortir…Ben, regardez-moi ben aller, je suis cette femme-là ! J’ai décidé ! Je choisis de vivre et de penser à autres choses que le maudit cancer. Je suis tannée de penser au cancer. Je suis écœurée de penser à la maladie. Je veux penser à la vie, à mes projets à venir et à mes petits-enfants que je verrai un jour…grandir ! À mes 60 ans, que je veux fêter avec mon jumeau d’amour, sur le chemin de Compostelle. À tous les Temps des Fêtes à venir que je célébrerai avec mes enfants extraordinaires, ma famille, mes proches et tous ceux que j’aime. À tous ces voyages exceptionnels que je ferai aux bras de mon Pierre. À tous les livres que je lirai et à tous ceux que je veux écrire. À tous ces moments, ces instants magiques que j’aurai auprès de chacun de vous au cours de toutes ces nombreuses années qu’il me reste.

Je crois aux miracles… J’en aurai un juste pour moi. Je le sais, Je le sens. Je ferai plus que guérir d’ailleurs… Je veux dépasser mon cancer, outrepasser ses limites ombrageuses et si restrictives pour redéfinir et élargir les miennes, au-delà des clairs-obscurs de la pénombre que crée la maladie. Je serai en pleine lumière, en pleine clarté.

Je fais confiance à la vie… Je sais qu’elle me veut du bien…

Vous n’avez pas le choix… vous allez être obligé de m’endurer encore longtemps…J’ai choisi la Vie dans la nuit du 3 au 4 mars dernier. Depuis, j’ai accès à la paix d’esprit et à la joie du survivant. Alléluia !

Je vous aime tellement… Je ne suis pas prête à vous quitter.

Claire

samedi 8 mars 2008

Pas de temps à perdre


Dans le fond, si on réfléchit bien, il n’y a rien qui nous appartient. Et surtout pas la vie…

Tout passe. Le temps, la vie, notre vie, notre corps et… l’hiver, heureusement ! On est éphémère. C’est difficile d’admettre ça, même si on le sait depuis toujours. Le cancer me l’apprend, toutefois…Il insiste aussi sur l’urgence de transformer ma vie avant qu’elle ne passe à son tour…Je dois renaître… renaître à moi-même. C’est tout un projet que la vie me propose, mon plus grand je crois… Question de survie !

C’est fou, mais c’est comme si depuis quelques temps, je me retrouvais en plein processus initiatique. Ce n’est pas seulement mon corps que je dois guérir, c’est tout mon MOI, mon corps, mon esprit et mon âme. Mon Tout. Je sais que ça semble inapproprié, mais je crois que mon cancer est un cadeau… à cause de sa présence menaçante, je m’arrête. Je prends le temps de regarder ma vie qui n’est pas immortelle. Je prends le temps, avant qu’il ne me file entre les doigts, de me connaître davantage dans ce que je peux devenir. Je pressens l’urgence de me choisir, de me recentrer dans ma vie, de me réapproprier tant dans ma tête et dans mon âme. Je me suis souvent oubliée… Mais là, j’apprends à redéfinir mes limites, à me respecter et à refuser de me laisser envahir ou de m’abandonner au premier venu en lui laissant le contrôle de ma maladie sous prétexte qu’on ne veut que mon bien. Je suis peut-être en état de faiblesse, mais j’ai encore un sens de ce qui me convient. Je refuse de me retrouver désormais au cœur de situations insignifiantes dans lesquelles j’étouffe…

La souffrance sert peut-être à une prise de conscience, qui sait ? Elle permet de franchir une nouvelle étape de sa vie. On dirait que j’intériorise tout… Et le pire, je ne trouve pas cela angoissant. Au contraire, c’est apaisant, rassurant. C’est comme si mes presque 56 ans se présentaient devant moi et prenaient la parole, avec douceur, compassion. Comme si mes 56 ans voulaient taire l’incertitude qui me gagne quelquefois lorsque je pense à l’avenir. Comme si mes 56 ans me réconfortaient au cœur de cette période intense que je vis présentement. Comme si mes 56 ans me demandaient de continuer à faire confiance à la vie et d’aller au bout de mes rêves… malgré le mélange de mal-être, d’inquiétudes, de colère que le cancer crée par moments, malgré les statistiques alarmantes, malgré ma maladie, malgré la mort qui me regarde en face… Une mort annoncée ou programmée.

Ma conscience s’éveille… Je n’ai vraiment plus de temps à perdre maintenant… Je veux me faire de la place au cœur de ma vie. À moi, à mon esprit et à mon âme…Je veux aller au bout de mes rêves avant qu’ils ne passent, comme le temps, comme la vie…

Oui, le temps passe…tout passe. Même l’hiver…

Claire.

mercredi 5 mars 2008

Les cellules cancéreuses, des victimes ?


Les effets secondaires de ce deuxième traitement de chimiothérapie n’auront pas été de tout repos… Le train est passé une seule fois mais quelle fois ! Il est venu me frapper en pleine nuit, il y a quatre jours et ne m’a quitté que tôt ce matin… Toutefois, je dois lui rendre justice : il a épargné mon bassin, on dirait. Il a préféré se concentrer sur mes jambes en accentuant davantage autour des articulations des genoux, avec des allers-retours. Il reculait, écrasait, repartait et recommençait. Un travail bien fait, quoi !
Heureusement, ce matin, on dirait que tout s’est résorbé. Enfin ! Je poursuivrai donc l’écriture de mon tome 3… Je suis contente.
Dernièrement, vu la faiblesse de ma concentration mentale, j’avais de la difficulté à écrire et à lire. Alors vivent les mots croisés le matin lorsque ma tête avait quelques notions d’intelligence et les mots entrecroisés, le soir en soirée, quand mes réactions cognitives s’enlisaient dans les sables mouvants d’un état proche du végétatif. Mais entre tout ça, j’ai réussi à lire, paragraphe par paragraphe, un livre qui m’a fait réfléchir considérablement : Guérir son corps, de la doctoresse Hulda Clark.
Je n’ai jamais été malade dans ma vie…. Je ne parle pas de grippette ou de rhume évidemment. Je n’ai jamais connu la souffrance du corps, mis à part les accouchements de mes filles. Entre vous et moi, la douleur des contractions quoique très, très présentes à certains instants se rapprochent davantage de la délivrance, de la Vie. Elles sont surtout éphémères…Ces maux ne sont pas restés longtemps dans les annales de ma souffrance car ils ont vite été relégués aux oubliettes dès que chacune de mes filles présentait sa jolie binette. Alors là, je devenais ga-ga…puis maman et indéniablement insomniaque pour quelques semaines…
La souffrance du corps est une découverte pour moi. Pis encore là, je ne sais même pas si je peux appeler cela de la douleur quand j’ose me comparer aux autres que je côtoie à l’hôpital. Je sais par contre, que dans mon cas, ça s’endure. Avec l’aide d’ibuprofène, je réussis même à dormir des blocs de trois-quatre heures…On s’entend que mes douleurs sont tolérables. Je ne grinche pas des dents, je ne crie pas des nuits durant, je ne pleure pas, je ne me contorsionne pas… J’ai juste mal en maudit par moment. C’est désagréable, incommodant, inconfortable surtout… Je n’ai pas encore trouvé une position plus satisfaisante, douillette ! Mais ça viendra…. Je m’y applique. Comme nous le demande les infirmières à l’hôpital, sur une échelle graduée de 1 à 10, où se situe ma souffrance ? Disons que j’indique 4… Je n’ai vraiment pas de quoi me plaindre… Dans mon club de chimiothérapeux, certains on déjà reçu de la radiologie précédemment et, de par ce qu’ils racontent, j’ai pu constater que la douleur des brûlures que cause leur traitement dépassait largement la force 4…. On parlerait davantage de 7. Ce n’est pas compliqué, je me sens fringante à leurs côtés, en pleine santé. Je pète le feu, quoi ! Mis à part mes genoux qui ont des allures de boîte de céréales, tant j’entends mes os presque s’entrechoquer comme des osselets. Certains patients m’ont dit que je ne perdais rien pour attendre : semblerait qu’au sixième traitement, j’aurai des allures de très vieille femme, me rassure-t-on. D’autres disent le contraire : que si je n’ai pas plus de souffrance que ça, ben tant mieux pour moi. Que ce sera ainsi pour le reste des traitements ou à peu près avec de petites variantes. Je me le souhaite ardemment.
Je vais vous dire, la souffrance, ce n’est pas le fun ! Certains côtoient leur souffrance de manière quotidienne ou presque… Mais à quoi ça sert la douleur ? Nous rendre plus humains jusqu’à dans la moindre de nos fibres… ? J’ai appris depuis quelques semaines combien une douleur constante peut nous miner, nous affaiblir, et sûrement nous démoraliser avec le temps. Il faut davantage que du courage pour surmonter des souffrances quotidiennes depuis des années, surtout sans espoir de guérison. C’est horrible ! Ces personnes prises dans ce tourbillon de sensations pénibles demeurent condamnées à souffrir… Comment font-elles pour survivre ? Je crois qu’elles ont accepté leur souffrance. C’est, selon moi, l’unique manière de passer au travers… Bien sincèrement, je ne crois pas que je me résignerais à souffrir pour souffrir. Je préfère accepter la douleur… tout en trouvant la manière de m’en soulager. Il existe des moyens thérapeutiques, des médications… Je prendrais tout ce qui passe. Non, je n’accepterais pas de souffrir pour souffrir… Je ne suis pas du genre masochiste !
Je sais aussi que j’ai un certain pouvoir sur ma douleur. Question d’attitude. De toute façon, je n’ai pas le choix. J’aime mieux accepter ma souffrance et faire avec que ressentir de la colère envers elle. Ma souffrance ne ferait qu’augmenter, j’en suis certaine.
Dernièrement, en lisant le livre d'Hulda Clark, j’ai appris et compris que les cellules cancéreuses étaient des cellules malades, pas des méchantes cellules tueuses comme je m’entraîne à les percevoir.En effet, alors que je percevais ces cellules cancéreuses comme des terribles cellules à anéantir, l’auteure nous les présente plutôt comme des cellules malades, affaiblies, qui ont besoin de notre aide ! Wow ! Cela a touché ma fibre maternelle… ! Il semblerait ridicule de vouloir les bombarder sans répit. Toute ma vision des choses a été modifiée après cette lecture. Mes cellules cancéreuses n’ont plus des allures de Talibans ou d’agresseurs. Elles sont des victimes. Madame Clark explique que le phénomène de division cellulaire est un mécanisme de survie, or les métastases sont justement des cellules qui se reproduisent pour survivre, mais sans contrôle, provoquant ainsi les tumeurs. Le frein de ces cellules ne fonctionne plus. Alors plutôt que de les haïr et de visualiser leur destruction, je devrais leur envoyer de l'amour pour les aider. Ces cellules font partie intégrante de moi. Elles sont moi.
Je me demande si elle a raison… Je cherche… Étant de nature vindicative, j’ai tout de suite opté pour le combat évidemment. C’est ce que je connais après tout… Et si ce n’était pas la bonne manière ? Une stratégie d'amour serait-elle beaucoup mieux qu'une stratégie visant la haine, la destruction ? Je ne sais pas… Mais, cette manière de voir son cancer a diablement bien fonctionné pour la docteure Clark : une après l'autre, toutes ses douleurs se sont estompées et ont disparu, complètement. Elles ne sont jamais revenues…Elle a guéri son cancer !!!!

C’est fou, mais depuis que j’ai fermé ce livre, j’ai en tête cette citation du cher Baudelaire…. Je me la répète…. On dirait que la douleur s’estompe…« Sois sage, ô ma Douleur et tiens-toi plus tranquille ».
Je vous aime tous et pas juste un peu, vous saurez.
Vivez une belle journée.

Claire.

dimanche 2 mars 2008

ma mère


Bonjour,

Depuis le début de ce blog, je veux vous parler de ma mère, mais c'est difficile. Je veux trouver les mots justes et vous dire un peu comment à presque 33 ans, on peut vivre l'annonce d'une telle maladie. Je me suis dit qu'aujourd'hui, même avec des larmes aux yeux, je le faisais. Alors voilà.

Ma mère est une femme extraordinaire (c'est certain puisqu'elle a créé une personne extraordinaire qui est moi. Mes soeurs, c'est à discuter.) Le premier souvenir de ma mère c'est cette photo avec les cheveux courts. Quand elle s'est fait coupé les cheveux dernièrement, c'est cette photo que j'ai vue... qui a exactement 20 ans. À cette époque, ma mère m'endormait en jouant du piano dans la pièce d'à côté. Elle m'a fait connaître Beethoven et ses propres musiques telle que Catherine en tricycle. Quand j'ai commencé l'école, elle m'a fait "foxer" quelques fois (les jours où je n'avais pas de tests) pour aller travailler avec elle à Radio-Québec. Là, j'ai connu le monde de la télévision et je comprenais que Passe-Partout, ce n'était pas des vraies personnes, mais des personnages. Elle m'a fait visiter les 48 mille maisons qu'elle a habitées; j'étais présente avec elle à presque tous les changements d'huile à Napierville (où selon mon père, on changeait de voiture en même temps. Je me souviens de deux fois en particulier en tout cas !). Je me souviens aussi du super appartement qu'on avait sur Villeray et de la fois où on a fait des chips maison; de mon cours de science de 2e année où on apprenait que l'iris des yeux de chats se rétrécissait avec la lumière et que maman avait pris Chantal (ma chatte) et la rapprochait et l'éloignait de la lumière de mon bureau pour que je puisse comprendre le phénomène et que la chatte grognait un peu... beaucoup... ; de la fois où elle était venue faire une activité d'arts en classe. Je me souviens des hivers où on avait fait un chat de neige en avant de la maison; où on allait glisser à côté du Campanile; où on essayait de faire du patin (on n'est pas très bonne...). Des étés où on allait à Cap Hatteras, du super camping sauvage avec la cafetière, des voyages aller-retour Toronto-Montréal, des annonces qu'elle était enceinte de mes soeurs. J'ai plus de bons souvenirs que de mauvais. Je revois aussi ma mère en train de sauter dans le corridor à Oakville en lançant des chips derrière elle parce que Chantal les mangeait toutes. Disons que quand on dit que ma mère est folle, ou débile, on a beaucoup d'exemples plaisants !

Ma mère est toujours là pour nous écouter quand on a des problèmes ou on ne va pas, peu importe le moment. Elle est toujours disponible, même maintenant quand ses problèmes à elle sont plus gros que les nôtres. Elle est prête avec les mouchoirs et à nous prendre dans ses bras. Elle l'a toujours fait. Que ce soit un problème personnel, professionnel ou autres, elle est là. Elle nous écoute, nous conseille, nous fait rire.

Quand elle est allée rencontrer le Dr. Larose, j'étais avec elle, et on se doutait déjà avant le rendez-vous qu'il nous annoncerait que c'est un cancer. Quand il l'a dit, ce fut quand même un choc. Le lendemain, je me trouvais vraiment poche de ne pas avoir insisté davantage pour accompagner maman à tous ses tests. Quand elle m'a appelée, je me souviens juste de m'être dit que maintenant, elle avait plus besoin de moi que moi je pouvais avoir besoin d'elle. C'est difficile d'accepter en même temps que ta mère est malade, d'une maladie qui peut être incurable, et que sa mort se rapproche plus rapidement que tu pensais, donc elle ne sera pas toujours là. Je crois que c'est cette partie-là qui est le plus difficile. Je sais que ma mère va se battre et qu'elle est forte et en santé, mais je ne suis pas prête à la perdre. Je vais battre moi aussi pour ne pas la perdre, mais comme elle le dit, le compte à rebours est quand même commencé, malgré tout, même si elle est trop jeune, même si elle n'est pas grand-mère encore, même si elle n'a pas fait tous les voyages qu'elle veut faire, même si elle n'a pas vécu tout ce qu'elle veut avec Pierre. Ma mère mérite toutes ces choses, elle y a droit elle aussi, comme tout le monde. C'est ça que je trouve difficile, que je n'accepte pas encore. Tout ça fait en sorte que j'essaie de penser plus positif et qu'elle sera des nôtres pour plusieurs années à venir. Elle n'a pas le choix.

Ce blog, je l'ai fait pour elle, pour qu'elle puisse nous raconter ses émotions, ce qu'elle vit et tout, mais je l'ai fait pour moi aussi. Je peux lire ce qu'elle écrit et le garder. Je sais aussi que c'est une bonne thérapie et comme ça, tout le monde peut savoir comment elle va. Comme j'écris ce message, nous sommes quelques jours après son deuxième traitement, donc le train devrait passer ou recule présentement, mais je veux que maman sache que je l'aime beaucoup et qu'elle est toujours dans mes pensées. Quand je marcherai dans la nuit du 6 au 7 juin, je le ferai pour elle et pour tous les moments futurs où elle sera avec moi.


Je t'aime,

Catherine

samedi 1 mars 2008

J'hallucine peut-être....


Grande nouvelle ! Ou grosse hallucination, je ne sais plus… Les métastases que j’ai sur le côté gauche de mon cou ont considérablement diminué de grosseur. Je ne m’emballe pas… je constate. C’est vrai ! J’espère que ce n’est pas parce qu’elles ont décidé d’émigrer ailleurs dans mon corps…. Je souhaite ardemment que le poison de la chimiothérapie soit des plus actifs. Par contre, je trouve que ma tumeur dans l’abdomen, elle prend de l’ampleur… Question d’équilibre, je suppose…
C’est fort la vie quand même ! Elle n’arrête jamais de vivre… Je lisais un texte de Ludmilla Chiriaeff dans lequel elle raconte son étonnement d’avoir vu germer une pomme de terre entre les pierres et les ruines de sa maison de Berlin, juste après un bombardement de la Seconde Guerre. Le fer forgé du balcon avait été complètement tordu par la chaleur, les murs complètement éventrés, mais là, juste devant elle, la vie se poursuivait…Elle avait 16 ans.
Il nous est tous arrivé d’admirer la force de la vie lorsqu’on aperçoit un arbre croître, ses racines accrochées et entremêlées à la pierre, en équilibre précaire sur les bords d’une falaise, bousculé par les vents et les bourrasques. Oui, la Vie s’accroche à tout ce qu’elle peut, elle pousse même dans l’asphalte, le béton.
Cette nuit, la douleur du passage du train sur mon corps n’était pas très agréable. Disons que mon sommeil avait de grandes difficultés à trouver le repos ! Je me suis posée plusieurs questions…. Évidemment, plusieurs réponses sont demeurées muettes !... Mais, il y a une chose que je sais, c’est que la Vie, c’est plus fort que tout… Et j’ai bien envie de m’y accrocher encore longtemps.
Pierre revient du Brésil ce soir… Je suis heureuse d’être vivante auprès de lui…

Claire.