dimanche 2 mars 2008

ma mère


Bonjour,

Depuis le début de ce blog, je veux vous parler de ma mère, mais c'est difficile. Je veux trouver les mots justes et vous dire un peu comment à presque 33 ans, on peut vivre l'annonce d'une telle maladie. Je me suis dit qu'aujourd'hui, même avec des larmes aux yeux, je le faisais. Alors voilà.

Ma mère est une femme extraordinaire (c'est certain puisqu'elle a créé une personne extraordinaire qui est moi. Mes soeurs, c'est à discuter.) Le premier souvenir de ma mère c'est cette photo avec les cheveux courts. Quand elle s'est fait coupé les cheveux dernièrement, c'est cette photo que j'ai vue... qui a exactement 20 ans. À cette époque, ma mère m'endormait en jouant du piano dans la pièce d'à côté. Elle m'a fait connaître Beethoven et ses propres musiques telle que Catherine en tricycle. Quand j'ai commencé l'école, elle m'a fait "foxer" quelques fois (les jours où je n'avais pas de tests) pour aller travailler avec elle à Radio-Québec. Là, j'ai connu le monde de la télévision et je comprenais que Passe-Partout, ce n'était pas des vraies personnes, mais des personnages. Elle m'a fait visiter les 48 mille maisons qu'elle a habitées; j'étais présente avec elle à presque tous les changements d'huile à Napierville (où selon mon père, on changeait de voiture en même temps. Je me souviens de deux fois en particulier en tout cas !). Je me souviens aussi du super appartement qu'on avait sur Villeray et de la fois où on a fait des chips maison; de mon cours de science de 2e année où on apprenait que l'iris des yeux de chats se rétrécissait avec la lumière et que maman avait pris Chantal (ma chatte) et la rapprochait et l'éloignait de la lumière de mon bureau pour que je puisse comprendre le phénomène et que la chatte grognait un peu... beaucoup... ; de la fois où elle était venue faire une activité d'arts en classe. Je me souviens des hivers où on avait fait un chat de neige en avant de la maison; où on allait glisser à côté du Campanile; où on essayait de faire du patin (on n'est pas très bonne...). Des étés où on allait à Cap Hatteras, du super camping sauvage avec la cafetière, des voyages aller-retour Toronto-Montréal, des annonces qu'elle était enceinte de mes soeurs. J'ai plus de bons souvenirs que de mauvais. Je revois aussi ma mère en train de sauter dans le corridor à Oakville en lançant des chips derrière elle parce que Chantal les mangeait toutes. Disons que quand on dit que ma mère est folle, ou débile, on a beaucoup d'exemples plaisants !

Ma mère est toujours là pour nous écouter quand on a des problèmes ou on ne va pas, peu importe le moment. Elle est toujours disponible, même maintenant quand ses problèmes à elle sont plus gros que les nôtres. Elle est prête avec les mouchoirs et à nous prendre dans ses bras. Elle l'a toujours fait. Que ce soit un problème personnel, professionnel ou autres, elle est là. Elle nous écoute, nous conseille, nous fait rire.

Quand elle est allée rencontrer le Dr. Larose, j'étais avec elle, et on se doutait déjà avant le rendez-vous qu'il nous annoncerait que c'est un cancer. Quand il l'a dit, ce fut quand même un choc. Le lendemain, je me trouvais vraiment poche de ne pas avoir insisté davantage pour accompagner maman à tous ses tests. Quand elle m'a appelée, je me souviens juste de m'être dit que maintenant, elle avait plus besoin de moi que moi je pouvais avoir besoin d'elle. C'est difficile d'accepter en même temps que ta mère est malade, d'une maladie qui peut être incurable, et que sa mort se rapproche plus rapidement que tu pensais, donc elle ne sera pas toujours là. Je crois que c'est cette partie-là qui est le plus difficile. Je sais que ma mère va se battre et qu'elle est forte et en santé, mais je ne suis pas prête à la perdre. Je vais battre moi aussi pour ne pas la perdre, mais comme elle le dit, le compte à rebours est quand même commencé, malgré tout, même si elle est trop jeune, même si elle n'est pas grand-mère encore, même si elle n'a pas fait tous les voyages qu'elle veut faire, même si elle n'a pas vécu tout ce qu'elle veut avec Pierre. Ma mère mérite toutes ces choses, elle y a droit elle aussi, comme tout le monde. C'est ça que je trouve difficile, que je n'accepte pas encore. Tout ça fait en sorte que j'essaie de penser plus positif et qu'elle sera des nôtres pour plusieurs années à venir. Elle n'a pas le choix.

Ce blog, je l'ai fait pour elle, pour qu'elle puisse nous raconter ses émotions, ce qu'elle vit et tout, mais je l'ai fait pour moi aussi. Je peux lire ce qu'elle écrit et le garder. Je sais aussi que c'est une bonne thérapie et comme ça, tout le monde peut savoir comment elle va. Comme j'écris ce message, nous sommes quelques jours après son deuxième traitement, donc le train devrait passer ou recule présentement, mais je veux que maman sache que je l'aime beaucoup et qu'elle est toujours dans mes pensées. Quand je marcherai dans la nuit du 6 au 7 juin, je le ferai pour elle et pour tous les moments futurs où elle sera avec moi.


Je t'aime,

Catherine

1 commentaire:

Anonyme a dit…

A Catherine,

Sans la connaître depuis longtemps, j'avais l'intuition que ta maman était une personne extraordinaire. Et ces mots sont bien pesés, pas du tout lancés en l'air comme ça...
Une maman, on en a une seule, et quand elle est vraiment présente, c'est un vrai bonheur. Ton témoignage est tout plein de belle sincérité. Un bonheur de plus pour Claire. Elle doit les apprécier doublement, ses petits bonheurs tranquilles.
Toi aussi, tu parais très gentille et généreuse. Merci pour ce blog. Ça permet la communication, et écrire fait souvent beaucoup de bien au coeur.
Nous serons avec toi pour la marche, tu peux compter sur quelques pas des vieux petits cousin et cousine, Reynald et Solange.
On est solidaires de votre combat. Continuez votre belle lutte, vous en sortirez fortifié(e)s. L'amour et le courage sont vos armes les plus fiables...

Vous êtes une belle petite famille, toute pleine de tendresse.
A bientôt,
Solange