mardi 13 mai 2008

Home sweet home !


Salut tout le monde…


Je suis de retour à la maison depuis hier soir… vers 19 h 30. Si vous saviez combien la vie me semble belle, même si j’ai mal. Très. Très mal même, mais enfin… ça passera ! Tout passe…
Évidemment, la douleur s’estompe de jour en jour…Heureusement !

La vie à l’hôpital n’est pas une sinécure. Y a de la vie là-dedans…Plein de vie !
Je laisse derrière moi du personnel charmant, dévoué, attachant même, sauf Irma, la boss des SS qui travaille la nuit et se complait dans son power trip encore inassouvi… J’y ai fait de belles rencontres aussi, telle que mon voisin de chambre, un ex Hells Angels qui aujourd’hui, s’occupe des jeunes pris dans la spirale de la vente de stupéfiants. Pendant trois jours, il m’aura fait rire avec toutes ces aventures et mésaventures. Un gars généreux, mais un peu excessif… Je me sentais rassurée par sa présence, surtout lorsqu’un des médecins m’a parlé sur un ton vraiment déplaisant pour ne pas dire violent. En deux secondes, mon voisin de chambre leucémique s’est transformé en Hells Angels enragé. Ses tatouages sur les bras se gonflaient sous l’effet de la colère. Il se prenait pour mon body guard… Heureusement d’ailleurs qu’il était là. Laissez-moi vous dire que sa présence me réconfortait. Suite à son départ, c’est une vieille dame qui a pris sa place dans le lit laissé libre… Tout le weekend, ses enfants et son conjoint ont monté la garde auprès d’elle… Ils venaient d’apprendre que leur mère ne sortira jamais plus de cet hôpital… Elle rejoindra les soins palliatifs sous peu, au 7 e étage.


J’ai beaucoup appris lors de mon séjour. Appris sur moi surtout. Moi qui déteste les hôpitaux, j’ai un peu mieux apprivoisé l’idée d’avoir à me soumettre aux bons soins d’un personnel médical que je ne connais pas, ni d’Adam, ni d’Ève. Pas facile d’obéir sans cesse vous saurez quand on a passé sa vie à mener sa barque ! Par contre, je savais que cette soumission serait de courte durée, contrairement à ce que vivra ma voisine de chambre désormais. Cette dépendance me fascine et me fait peur un peu. Je me souviens de mon père alité qui devait demander l’aide de préposés pour tout simplement aller aux toilettes. Qu’il devait attendre… parfois 15 minutes ! Ça te remet l’humilité à la bonne place, en tout cas… C’est ça l’hôpital : la soumission et l’humiliation. Mais c’est aussi, la guérison pour bon nombre d’entre nous. C’est aussi des relations humaines qui se tissent au fil des jours et des horaires : l’infirmière de la veille avec laquelle la vie nous semble plus confortable, ou encore la préposée qui, avec plaisir, nous lève et nous aide à nous traîner jusqu’aux toilettes avec bonté en tentant avec toute simplicité de nous faire rire.
Je sors de cet hôpital confiante ! Immensément confiante. Je n’ai pas le choix, je devrai m’y complaire quelque peu et m’y faire même des amis puisqu’il semble que je devrai y faire quelques séjours au fil du temps à venir. Malgré les difficultés qui se présenteront, je me sens encore en mesure de braver les tempêtes qui surgiront dans ma vie ! C’est rassurant pour moi. J’ai besoin, malgré mon cancer, de savoir que je fais partie intégrante de ma vie… J’ai peut-être le cancer, mais je ne suis pas malade ! Enfin, pas dans mon attitude. Dans mon corps, un peu, je l’accorde… Pauvre corps. Ce que j’ai pu lui faire passer un mauvais quart d’heure en l’amenant sur la table d’opération, lundi dernier…. Vous auriez dû nous voir quelques temps avant d’entrer dans cette salle. Lui et moi, on se tenait bien serré l’un contre l’autre. On était couché en chien de fusil. On avait peur ensemble. On a même laissé glisser quelques larmes sur le drap de la civière. L’inquiétude nous gagnait… puis en même temps, on ne voulait pas qu’elle s’empare totalement de nous. On a donc pris de grandes inspirations et de longues expirations ensemble, le temps de se calmer et de se réchauffer. Juste avant d’entrer au bloc opératoire, je me souviens d’avoir dit à mon ventre que sous peu, il n’aurait plus à nourrir ces maudites tumeurs qui lui nuisaient et le tuaient à petit feu. Je vous l’ai déjà dit, moi et mon corps on a toujours fait équipe. On est un. On fonctionne ensemble. Il m’a toujours soutenu. Là, c’est à mon tour de le soutenir. Il a besoin de moi comme jamais. Oui, comme jamais. Donc, c’est à moi de prendre les décisions finales pour l’aider à se battre contre notre cancer…


Cette chirurgie du 5 mai dernier, je la voyais comme un cadeau. Elle est un cadeau, malgré le mal que j’ai… Dire qu’en plus, on a enlevé un début du cancer du colon. Une prime à mon cadeau d’anniversaire. Wow ! Je suis tellement heureuse qu’on ait fait le grand ménage du printemps dans mon corps… En enlevant mes satanées tumeurs, il me semble que mon ennemi juré, est maintenant moins tenace, solide… On dirait que sa force est réduite et de beaucoup. Je me sens davantage en mesure de l’affronter malgré les guérillas qui viendront. Sur mon corps, je viens de rajouter une grosse cicatrice… Ma quatrième blessure de guerre ! Wow ! Une vraie guerrière…
Dans deux ou trois semaines, je reprendrai mes traitements de chimiothérapie. Maintenant que tout va bien, que je me porte bien, et que les traitements me vont bien, ma docteure m’a appris que je n’aurai que deux autres traitements de chimio : 6 au lieu de 8 ! YES ! Beau cadeau ! Ça n’usera pas trop mon corps. Je pourrai donc prendre une petite pause pour me refaire une beauté et à la fin de l’été, je serai probablement en radiothérapie, pour tenter de détruire le plus de métastases possibles… On verra bien. Une étape à la fois ! D’ici là, moi et mon corps, on se repose : nous serons en mode sofa pour quelque temps !


C’est fou, mais depuis que je sais que ne se cachent plus ces méchantes tumeurs dans mon abdomen, qu’elles sont désormais hors de moi, je me sens légère… Oui. Je me sens apaisée… Une grande et belle et profonde impression de liberté m’habite… Ça me fait du bien, me réconforte avec la vie et me permet d’accepter la douleur avec le sourire. Ça se gagne la liberté à ce que je vois !


Je vais vous écrire sous peu… mais là je vais aller me reposer. Ordre du médecin !


Je vous aime. Tellement.


Vous savez, quand je suis entrée dans la salle d’opération, mon corps et moi savions que vous étiez auprès de nous, autour de nous. Je ne saurai jamais assez vous remercier pour vos prières, vos pensées et l’amour que vous nous portez. On va la gagner la bataille, tous ensemble, hein ?… Je veux vivre encore longtemps… et avec vous tous ! Dans un corps pas mal plus en forme que dans le moment…


Bonne soirée. Profitez aussi du beau temps et de la belle couleur des pissenlits tout gonflés…


Je vous aime. Vive la Vie…


Claire.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Claire... c'est tellement un plaisir de te lire... parfois on est triste avec toi et parfois on est si heureuse pour toi... et c'est le sentiment que j'ai en ce moment... Je suis vraiment contente de te savoir plus légère... et surtout vivante de bonheur même si tu as mal...et que tu as encore un bout de chemin médical devant toi... mais my god que c'est un délice de te lire quand je sens ton grand sourire ! Je pense à toi... et te souhaite de sentir le parfum des fleurs du mois de mai, elles sont toutes pour toi!!! xxxx Sanders

Anonyme a dit…

Ma belle Claire,
Je suis si contente de te savoir rendue chez toi. C'est cool de pouvoir te lire a nouveau. Prends ca relaxe et regarde poussez tes belles fleurs jaunes. Je t'embrasse
Alexandra xxxx

danielle michaud a dit…

Bon retour Je suis heureuse de te lire.Je prend conscience,que j'entre tous les matins à l'hopital.Je donne surement un peu de bonheur aux autres? Je voudrais etre un moment avec toi.Je suis maladroite avec les mots.Pourtant mon coeur est avec toi.je t'aime gardes cette attitude GROS CALINS

Anonyme a dit…

Bonjour Claire,
Reynald et moi, on te suit presque pas à pas. Même si on n'écrit pas souvent, ce n'est pas un signe de désintérêt. Au contraire, chaque jour, on jette un coup d'oeil sur ton blog pour voir s'il y a des nouvelles. Et on est très heureux que tu sois de retour, et qu'enfin l'opération soit terminée.
En souhaitant que tu ne souffres pas trop, on t'envoie de l'énergie positive pour que tu ailles de mieux en mieux! Profite de l'air du printemps, et toi qui aimes lire, vas-y à plein!
Affectueusement,
Reynald et Solange

Anonyme a dit…

Salut ma belle,

Bravo et lâche pas. Célébrer la vie, y a que ça qui est important.

À bientôt,

Louise Paquette

Anonyme a dit…

Chère Claire,

Je ne sais pas si tu te souviens de moi.... Je travaillais pour Amérimage à Ottawa à ces premiers balbutiments ... Te souviens-tu du petit Bisou ? Je t'écris ce petit message pour te dire que je pense à toi et que je t'envois pleins d' ondes positives. Tu es une battante et je suis convaincue que tu vaincras ce maudit cancer.... Je viens souvent sur ton site pour prendre de tes nouvelles. Je voulais t'écrire avant mais je ne comprenais pas le fonctionnement du Blog..... Youppi, j'ai enfin trouvé !

Garde courage. Gros bisous.

Nathalie Aubin