vendredi 11 avril 2008

Parce qu’il faut y croire…

Hier, fut une journée bien importante ! Très. Non seulement, j’ai eu mon quatrième traitement au cours duquel on m’a shootée du poison que j’avais immensément hâte de recevoir dans les veines, mais j’ai été enchantée des belles rencontres avec mes deux oncologues.
Mon premier rendez-vous était à 8 h 00 avec la docteure Prady, mon oncologue qui est responsable de mes traitements. Quand je suis entrée dans son bureau, elle était tout sourire. Sachant que mon cancer est atypique, il lui est difficile de savoir le cheminement qu’il aura. Mais les résultats de comparaison entre les deux derniers scans et ceux de l’échographie, viennent la rassurer et lui permette de croire que nous contrôlons bien la situation. Ce que j’en comprends, c’est que la guerre que nous avons menée vous et moi depuis trois traitements a réussi à circonscrire le cancer, malgré sa virulence, malgré sa force 4 et son grade 3. On lui a fait mal et combien ! Elle m’a félicitée mon pour attitude combattante et la foi que j’ai dans ma guérison. La médecine s’occupe des potions magiques médicamenteuses et de leur côté, leur travail est plus que positif vu le résultat super étonnant et rarement vu en si peu de temps, selon elle. Je lui fais confiance mille fois. Moi, mon travail c’est ma survivance. Ce sont mes attitudes positives et vindicatives que je nourris quotidiennement malgré mes petits déboires émotifs. Je lui ai confié que j’avais vécu une certaine morosité dernièrement, un sentiment que je n’ai pas beaucoup connu dans ma vie. Je lui ai avoué aussi mes craintes et mes peurs de ne pas percevoir mon avenir, de ce qu’il advient de moi, et surtout de ne pouvoir mettre un chiffre sur le temps qu’il me reste. Cela m’embête au plus haut degré et hante mes nuits.

Heureusement, j’ai une foi indéfectible en la Vie. Elle a toujours été bonne pour moi, même avec ce cancer. J’aurais pu avoir un accident et être paralysée, etc., etc. Non, tant qu’à recevoir une masse du genre sur la tête, je choisis définitivement mon cancer. Il fait partie de moi maintenant, on va vivre un bout de chemin ensemble. Il m’aura un jour. Il va gagner malgré mes luttes. Je sais très bien que je vais mourir d’un cancer. Mais je ne sais pas encore lequel… Et puis après ! Qu’est-ce-que ça change. On finit tous par mourir de quelque chose. Ca ne me dérange plus trop, trop. Ce qui me dérange, c’est ne pas savoir ce qui se présente devant moi dans les mois à venir. Ma docteure m’a fait comprendre que le cheminement de mon cancer ne sera pas une belle ligne droite avec des étapes à franchir déjà toutes bien définies. Non ! Parce qu’il est atypique, sa route est en zigzag. Qu’il est plein de surprises qu’elle et moi découvrirons obligatoirement au fur et à mesure. Qu’est-ce-qui nous attend dans la prochaine courbe ? On devra s’ajuster à tout moment. Je pourrais avoir une rémission de deux mois, si les métastases terroristes décident de sortir de leur cachette et d’attaquer à nouveau, tout comme ma rémission pourrait être de 6 mois, un an, deux ans…. Anyway, elle et moi on se verra souvent et très longtemps, jusqu’à la fin de ma vie… La guerre que nous menions depuis trois mois est terminée. Le cancer virulent a perdu de ses forces et il aura 4 autres traitements en ajout de celui d’hier matin. On va faire mal. Mais la guérilla commence… Les métastases rêvent de se généraliser. Elles sont des terroristes sournoises qui rêvent de voyager et de se propager… Selon mes formules sanguines prises régulièrement, il est possible de découvrir ce qui se passe alors dans mon corps…Soudainement. On n’attendra pas trop, croyez-moi… Et hop ! Un autre traitement de chimio fera l’affaire. On bombardera et neutralisera ces talibans….jusqu’à la prochaine fois. Ce sera mon mode de vie désormais. De là l’importance de mon rôle dans ma survivance… et le rôle de la médecine dans la médication. On fait équipe ! Mon médecin m’a confirmé que les traitements de taxol fragilise énormément mon corps. Qu’il est donc normal que mes émotions prennent plus de place. « Laissez les vivre ! Si peu de gens sont près de leurs émotions, vous, appréciez cette chance » m’a–t-elle dit. Elle m’a fait comprendre que chaque personne de mon club de chimiothérapeux est unique. Son cancer aussi. Chacun de nous avons un tracé de vie qui nous est propre. Notre vécu nous a formés et fait de nous des êtres uniques. Nous sommes le produit de notre vie. Chacun affronte sa maladie, ses épreuves selon ses forces et ses faiblesses. Chacun regarde sa vie avec ses rêves d’espoirs ou de désespoirs. Personne ne peut se targuer de comprendre exactement ce que chacun ressent car il y a toute une vie derrière. Aucun mode d’emploi n’existe, aucun. Chacun vivra à sa manière les étapes qu’il aura à franchir dans sa démarche personnelle. « Ne laissez personne vous coacher, vous êtes votre seul coach pour le reste de votre vie. Vous. Que vous ! Vos 56 ans vous ont forgée. Vos attitudes font déjà de vous une gagnante… Bravo ! Continuez, vous savez très bien comment affronter le chemin à poursuivre. Mon traitement de chimio vous va très bien. Vos attitudes aussi…Lisez, riez, déstressez maintenant. La force de combattre, vous et moi, on l’a… »

Je suis sortie de son bureau heureuse. Enfin, je savais à quoi m’attendre ! J’ai des tas de deux mois à vivre, à regarder les stratégies des guérilléros qui m’habitent, à m’ajuster à leurs déplacements pour entraver leur chemin, et poursuivre ainsi encore un autre deux mois…
Je suis bien. Tellement apaisée, réconfortée même… Je sais un peu mieux maintenant à quoi m’attendre… Merci, docteure Prady ! Merci.

J’ai donc vécu avec une énergie débordante mon quatrième traitement de chimio. J’adore le poison dans mes veines car je sais que c’est une arme qui saura m’amener à la victoire.
Une fois ce moment passé, j’ai rencontré le docteur Chan, l’onco-gynécologue. Il m’a expliqué que mon échographie semble démontrer que mon cancer se serait d’abord développé dans le col de l’utérus, pour ensuite atteindre l’utérus en entier et, par la suite se métastaser sur les ovaires et par le système lymphatique atteindre finalement mon cou. Tout ça en silence, sans douleur et à une vitesse étonnante.… Évidemment, lui aussi, est heureux et étonné du résultat de mes deux premiers traitements de chimio. Vu que les tumeurs ont régressé, il croit, après avoir reçu l’accord du docteur Prady toutefois, m’offrir une chirurgie en m’enlevant l’utérus et les ovaires et les ganglions du système lymphatique. Vu que les tumeurs ont diminué considérablement, il est en mesure maintenant de pratiquer cette chirurgie avec aisance. Cette hystérectomie serait donc prévue, en théorie, pour le 5 mai prochain…Quel beau cadeau de fête! Enfin, je n’aurai plus ces tumeurs dans mon ventre. Wow ! Trois jours après, il me faudra par contre recevoir mon cinquième traitement de chimio. Ce qui fait que le jour de la fête des Mères, j’aurai ma rencontre avec un TGV ! Je vais m’ennuyer de mon petit train de banlieue ! Toute une journée qui m’attend et les trois jours suivants… Ouch !…. Mais imaginez, même si cette chirurgie fait mal et m’incommodera énormément, tout ça ajouté à un traitement de chimio, (je sais que cela semble capoté ), mais j’en rêve ! Je m’en fous d’avoir mal… Complètement. Je sais que dans ma tête, la peur s’amoindrira car je saurai que mon combat à venir sera uniquement celui contre des métastases seulement. Je n’aurai plus à sentir cette masse dure dans mon ventre… Il me semble que le pire sera derrière moi. Que je pourrai entreprendre mon avenir avec plus de confiance. La guérilla des métastases, j’en ferai mon affaire ! Je m’en sens capable et surtout j’en ai la force. Évidemment, je continuerai à suivre le protocole des traitements de chimio qu’il me reste et qui s’étendra sans doute jusqu’à en août… Oui, quel plaisir que d’amoindrir ces cellules terroristes, les réduire en poudre quoi !
Le 23 avril prochain, le docteur Chan veut me rencontrer à nouveau. Je saurai alors s’il a obtenu l’accord du docteur Prady pour cette chirurgie. Évidemment, il faut que ma formule sanguine soit bonne. À ce jour, elle est toujours très excellente heureusement. Je me félicite d’avoir conservé une fameuse de bonne santé avant toute cette histoire de cancer. Je me croise les doigts en retenant entre eux une boule d’espoir. Je veux cette chirurgie. J’aimerais tant qu’elle soit faite sous peu… J’ai besoin de sortir ce cancer de mon corps et le jeter à la mer, comme dans mon rêve. C’est devenu essentiel à ma vie… ! Je ne crains pas d’avoir mal.

Je veux vivre. J’ai choisi la vie…Je ne veux pas mourir trop vite. J’ai encore à faire… Que mon corps se débarrasse de ce maudit cancer que lui et moi n’avons pas voulu…
Je suis heureuse du déroulement de mes deux rencontres.
Depuis, je garde espoir… C’est magique l’espoir !

Merci de m’avoir tellement donné de votre énergie depuis trois mois… Chacun de vous et moi sommes des winners !

Je vous aime. Tellement. Merci de me permettre d’y croire, parce qu’il faut y croire.

Merci de me permettre de conserver et d’alimenter l’espoir de vivre encore un bon bout de temps…

Merci.

Avec toute ma tendresse,
Claire.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Claire,

L'opération que tu devrais subir, soit l'ablation de l'utérus, je l'ai eu en septembre dernier. On m'a fait une incision parce que j'avais un fibrome trop gros pour l'enlever par les voies naturelles.

Je peux te confirmer que lorsque tu te réveilles, oui ça fait mal mais ça va en diminuant. La deuxième journée j'étais prête à partir pour venir chez moi. La douleur était partie.


Tout devrait bien se dérouler. Tu auras sûrement des chaleurs après quelque mois mais il existe des produits pour t'aider en ce sens. Des produits naturels efficaces qui ne risquent pas de te donner un cancer du sein.

À bientôt,

Louise Paquette

Anonyme a dit…

ma très chère Claire,

j'aime lire tes pensées que si généreusement tu partages avec nous tous. Je suis tellement fière de connaître quelqu'un d'aussi forte que toi,forte tel un chêne,tu as toujours été une sorte de personne mystérieuse à mes yeux, je te trouvais tellement cultivé avec une assurance que je n'avais pas souvent rencontré dans ma vie, et pourtant tu écoutais toujours tout le monde quelque soit son rang social avec le même regard, tu faisais en sorte que les gens se sentent importants en ta présence, aujourd'hui, je ne suis pas surprise que tu reçoives tant d'amour et de messages. C'est ce que tu as cultivé tout au long de ta vie, l'amour, le respect, la compassion et bien plus encore. Je suis allée en voyage dans le sud et il a plu pendant 3 jours à boire debout, le premier jour, j'étais un peu à bout, et je suis allée sur internet puisqu'il n'y avait pas grand chose à faire, et après t'avoir lu, j'étais si appaisé, si sereine, tu me fais tellement de bien, juste en me laissant entré dans tes pensées, quels soient un peu sombres ou bien joyeuses, on a juste envie que tu sois avec nous, dans notre coeur, dans nos pensées, tu es une personne qu'il fait bon connaître et qui donne l'espoir que le bonheur existe. Tu dis toujours que ça fait du bien de recevoir des messages, mais toi tu nous fais réfléchir, pleurer, rire, et tu nous fais réaliser combien il est important de profiter du moment présent... Je t'en remercie et je veux te dire que je t'aime beaucoup... Nicole C

Anonyme a dit…

Salut Claire,

J'espère que tout va bien pour toi car il y a une semaine qu'on n'a pas eu de nouvelles et je m'inquiète un peu.

Quelquefois on vit de dures moments qu'on a peut-être pas envie de partager. Ça c'est tout à fait légitime.

De mon côté je t'envoie pleins de forces, d'énergie et d'amour pour passer au travers de toute cette folie.

De mon côté je suis retournée aux études et je vis des choses spéciales. Je te raconterai.

Prends soin de toi. Je sais que tu ne ferais pas autrement.

À bientôt, je t'embrassse,


LOUISE