vendredi 14 mars 2008

Ma peur a passé. Mon chagrin aussi…


Merci de votre présence épistolaire. Si vous saviez combien vos réponses, vos poèmes et vos courriels à ma requête de mercredi m’ont emballée, m’ont apaisée.
Merci.

Vos espoirs fondés sur l’amitié, sur l’amour, sur la vie m’ont désaltérée. J’avais tellement soif de bonheur.
Merci.

Vos sursauts de révolte face à la mort m’ont émue.
Merci.

Vos désirs d’assouvir rapidement vos rêves les plus fous m’ont enthousiasmée, réanimée…
Merci.

Vos besoins intrinsèques de fuir les sentiments qui vous sont néfastes et d’éloigner la culpabilité de votre existence m’ont éclairée et calmée vivement et sereinement. Oui, la vie continue, avec ou sans nous.
Merci.

Merci aussi de m’avoir permis de pleurer d’émerveillement devant cette rassurante nécessité de devoir s’arrêter pendant quelques moments pour s’harmoniser à l’instant présent, à cet instant où se posent les gestes les plus humains, où s’échangent des regards qui en disent plus long que la vie et où le temps s’écoule dans ce qu’il a le plus simplement à offrir, dans sa gratuité du moment.
Encore merci.

On a beau être positive, certains moments deviennent plus difficiles à traverser. Tout notre courage soudainement s’effrite et puis plus rien ne nous emballe. On est en proie à la peur… On découvre l’angoisse et on appréhende sa propre mort. C’est presque l’effroi !

Mais là, ça va mieux. Vous êtes tous près de moi. Tout serré contre moi.
On a tous des moments qui frôlent le désespoir au cœur de notre vie. On a tous des moments de détresse émotionnelle qui nous prennent à la gorge, nous étouffent horriblement et qui nous frappent d’impuissance. Quelle horreur ! Ces moments s’imprègnent dans notre corps, dans nos cellules…Ils sont des blessures en quelque sorte. Faut apprendre à les soigner. C’est ce que fait le cancer… Il me donne la permission de changer ma vie. Je ne sais trop encore pourquoi je ne m’étais pas appropriée ce droit pourtant fondamental. Peu importe, le passé est derrière. Ce qui compte, c’est que je m’autorise dorénavant à vivre pour moi, que pour moi, et tout pour moi. C’est fou ce que la maladie lève la censure et me permet de prendre enfin des libertés. Elle suspend des attitudes souvent intransigeantes qui ne m’ont pas toujours menée vers la sérénité, la tranquillité et la paix d’esprit.

Vous savez, c’est la première fois de ma vie que je m’autorise à laisser tomber plusieurs responsabilités que j’ai tenues souvent contre mon gré, je l’avoue maintenant. C’est la première fois que je rejette la pression de ma vie pour ne m’occuper que de moi-même, sans avoir à me justifier. Wow ! C’est tout un cadeau cette maladie ! Une maladie heureuse, en fait. Elle a beaucoup à m’apprendre, ou du moins à me réapprendre… Je m’étais oubliée dans la cacophonie des exigences qu’on se crée malgré nous.
Désormais, je m’octroie la vie dans ce qu’elle a de plus beau… Je me sens tellement plus humaine… Ça fait du bien à l’âme…

Je vous remercie d’être là, de me partager vos émotions et votre amitié. Vous me faites de beaux et magnifiques cadeaux. Si vous saviez comme il est bon de ne pas être seule…
Merci.

Je vous embrasse tout et chacun. Cordialement. Sincèrement. Avec tellement et tellement de tendresse… tout ce que j’ai.

Claire.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir chère amie,

Je lis tes courriels et je constate ton grand cheminement au travers de ta maladie. Je trouve que tes prises de consciences se font à la vitesse de l'éclair. Je dois dire que ou tu es rendue, moi ça m'a pris quelques années pour en arriver ou tu en es avec la vie, la maladie, le fait que tu aies pris conscience que tu es la personne que tu dois choisir en premier dans tout.

Je n'ai qu''à te lever mon chapeau, bravo pour toutes tes belles prises de consciences. C'est merveilleux, ton travail se fait très vite.

Lâche pas, il y a encore d'autres choses à réaliser. Moi je viens de réaliser que d'avoir des projets ça tient en vie. Alors je te dis longue vie car je sais que tu passera au travers de celle-ci. Tu es forte et tellement intelligente, ça se sent.

Encore une fois bravo, à chaque fois que je te lis je vois tout le travail que tu fais sur toi et c'est merveilleux!

Bravo! bravo! bravo! C'est selon moi la façon de faire pour guérir.
Et tu guériras j'en suis certaine.

Je t'embrasse,

Louise Paquette

Anonyme a dit…

Juste un petit mot pour te rassurer sur tes angoisses. Dis-toi bien qu'elles sont légitimes et je sais combien horrifiantes elles peuvent être. J'ai passé par là. On a peur du futur, peur de mourir, peur de partir mais je peux t'assurer que cet état va aller en diminuant.

Tu vas t'habituer à vivre autrement avec un diagnostic et un jour cela fera partie de ta vie, c'est-à-dire que cela ne fera plus freaker. Ça va disparaitre et la paix va s'intaller.

Bon courage ma belle
Lâche pas, on est là. Tu n'es pas seule.


Louise Paquette

Anonyme a dit…

Bonjour Claire,

Hier je parlais avec la mère de mon ami qui a eu un cancer en phase terminale et que 25 ans plus tard il est toujours en vie et que le cancer n'est pas revenu, et je pensais à toi.

Tu sais, ce gars-là qui est un gars ben ordinaire, il a une volonté à toutes épreuves. Hier sa mère me disait qu' en même temps qu'il avait un cancer généralisé, son père avait un cancer de la prostate et lui aussi il est toujours vivant, il a 85 ans. Ce sont des survivants et je pense que tu es de cette trame. Ceux des survivants.

Il faut de la volonté pour pouvoir guérir, et une volonté à toutes épreuves car la vie nous fait vivre des épreuves, des peurs mais il faut apprendre à sauter par-dessus et survivre.

Je tenais à partager ceci avec toi. Je pense que c'est important de savoir ces choses-là. C'est inspirant n'est-ce pas?


Longue vie à toi mon amie et à bientôt,

Louise Paquette

Anonyme a dit…

Bonjour Claire

Comme tu écris bien ! J’aimerais, moi aussi, écrire de si belles choses mais je n’ai pas le verbe facile. Donne- moi un marteau et je te bâtirai un château, donne- moi un stylo, je deviens manchot.
Je pense à toi tous les soirs, c’est ma prière.
Prends soin de toi petite cousine.

Jean-Louis
Diane