mercredi 10 novembre 2010

Une journée dans la vie d’une cancéreuse

Il y a deux jours, j’étais à l’hôpital Charles-Lemoyne. Dès 6 h 30, Pierre et moi nous rendions au 2e étage en chirurgie d’un jour pour une tumorectomie. Dans le temps de le dire, j’étais en jaquette bleue. Une infirmière vraiment gentille est venue faire mon admission et m’a posée une trentaine de questions médicales de toutes sortes. Vers 8 h 30, elle nous a demandé de nous rendre Pierre et moi en imagerie du sein au département de mammographie pour qu’on m’installe un harpon… !!!!!! Eh oui… ! C’est au même endroit où l’on m’avait fait une biopsie du sein en juin dernier… Cette intervention ne demande pas d’anesthésie. On gèle la partie du sein par laquelle la radiologiste, tout en se fiant à l’image qu’elle perçoit dans son moniteur, insère à travers le sein à l’aide d’une longue et fine aiguille, un fil métallique qui permet de bien localiser la tumeur à enlever. La mise en place de ce « harpon » servira de guidance pour la chirurgienne. Durant cette installation, une infirmière m’a demandé quelle était ma couleur préférée… J’ai répondu : « Bleu! »… Savez-vous pourquoi? Lorsque le harpon fut installé, un petit bout du fil ressort… et pour ne pas que la chirurgienne le cherche trop longtemps, on colle à l’extrémité du fil un petit collant qui ressemble à un drapeau… Sur le collant, l’infirmière avait pris le temps de dessiner un joli papillon bleu pour me souhaiter la meilleure des chances… C’est chouette, hein! Toute l’équipe de ce département est extraordinairement aimable, humaine… Je les aime ces filles-là!

Tout de suite après, on m’a dirigée vers la salle de mammographie!!!!! Horreur! Je ne savais pas que je devais passer cet examen. J’haiiiiiiiiiiiiiiiiiiis la mammographie! C’est ma troisième en un an… Trois mammographies en douze mois, cela mérite le Ciel pour l’éternité… Je le mérite ! Après avoir passé par cette torture obligatoire, je suis revenue à la salle d’attente et je me suis couchée sur ma civière en attendant que vienne mon heure. Évidemment, on a fait comprendre à Pierre qu’il serait préférable qu’il quitte pour cette partie de la journée.

J’ai dormi un peu, car je ne peux pas dire que la nuit précédente avait été des plus reposantes… On dira ce qu’on voudra, mais cela m’énervait un peu, pas mal même… On ne rêve pas de passer sous le bistouri… ou le scalpel!

Vers 11 h, une brancardière m’a transportée jusqu’au bloc opératoire. Elle a stationné ma civière non loin de la salle d’opération no 6… Je savais que je serais prise en charge vers 12 h. Autour de moi, c’était le trafic! Ça n’arrête pas… Ces gens sont toujours actifs… Il y a douze salles d’opération dans ce bloc et tout est mené de main de maître. Une jeune fille est venue me voir et m’a demandé de m’identifier… Par la suite, j’ai eu une courte visite de ma chirurgienne, la docteure Renée Simon, qui a pris le temps de venir me bavarder un peu et me rassurer quant au déroulement des heures à venir. Ce qu’elle est gentille! Admirable! Je ne me suis jamais senti un numéro… On m’a toujours appelée par mon nom… Chapeau!

Puis, j’ai fermé les yeux et, tout comme je l’avais fait en mai 2008, j’ai fait grand silence autour de moi et j’ai pris le temps à mon tour de rassurer mon corps qui allait passer un mauvais quart d’heure. Je lui rappelé combien lui et moi, on faisait équipe. Si vous saviez combien cela fait du bien que de rassurer son corps! C’est comme une douce chaleur qui nous enveloppe et qui nous confirme combien nous avons besoin l’un de l’autre dans notre cheminement humain. Cette petite conversation toute tendre nous a apaisés.Lui et moi avons même dormi un peu… Puis vers 11 h 50, un infirmier est venu me chercher pour me diriger vers la salle 6. À l’intérieur, il y faisait un peu froid… en quelques minutes, on m’avait recouverte de deux couvertures toutes chaudes… Quel bonheur! Puis là, j’ai remarqué que toute l’équipe était composée seulement de femmes : une anesthésiste, des infirmières et une chirurgienne… On m’a informée qu’on m’injecterait un radiotraceur de couleur bleu pour identification peropératoire du ganglion sentinelle. En effet, il était convenu qu’on enlèverait une partie du ganglion sentinelle afin de savoir, par une analyse en pathologie, si les cellules cancéreuses ont commencé leur envahissement.
Soudain, on a mis un masque sur mon visage et l’on m’a demandé de prendre de grandes respirations… Je me souviens d’en avoir pris deux et puis, rien…

Puis j’ai ouvert les yeux. J’étais en salle de réveil et il était 14 h 15… J’avais un soluté accroché à ma main et un énorme bandage recouvrait mon sein gauche jusque dans mon dos…

Je n’avais pas mal, j’étais seulement un peu dans le brouillard… Je passais mon temps à m’assoupir pour subitement me réveiller…
Vers 16 h, Pierre était là devant moi…
En peu de temps, l’infirmière a demandé un échantillon d’urine et comme tout semblait bien se passer, on m’a autorisée à quitter l’hôpital…
Je n’ai pas refusé…
Je rêvais de mon lit, de la tranquillité de ma maison, et de la chaleur de mes chats.

Depuis deux jours, tout se passe bien… la douleur disparait graduellement grâce aux médicaments pas piqués des vers que j’avais à prendre… J’ai bien dormi, j’ai récupéré…
La souffrance a fini par se taire… Je refuse de l’entendre. J’aime trop la Vie…

Voilà donc les péripéties d’une cancéreuse qui trouve la Vie bien belle! Je m’en fous d’avoir mal, je suis trop heureuse!
Bonne journée à chacun de vous et surtout prenez soin de vous…
La santé, c’est diablement important!
Je vous aime…

Claire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Claire, salut,

je te lis, je te relis et je te relis encore et mes yeux s'embrouillent de larmes.......Merde je déteste les larmes dans le fond...Bon m'enfin...pifff

Je suis au Canada en ce moment avec ma blonde et ma fille..Je repars demain pour Toronto et ensuite Brasilia, mardi, et je ne vais pas relire ta suite.....

L'explication serait longue du pourquoi au Brésil, je ne relis plus les blogues du Québec depuis 6 mois...Bon, on s'expliquera cela plus tard, okay ?

Claire...Arrange toi pour que ta STATION physique ne s'arrête pas là, bientôt....Je compte sur toi..Devient effronté face au cancer, ok ???....

Eilllllle, au besoin urgent pose lui un élastique à ton câlise de cancer....Imagine ça d'ici toi....Il part d'un mur à l'autre sur l'élastique en ne sachant pas s'arrêter et paffffffffffffff, il se frappe sur le mur et meurt..............Claire est libre....yééééé. Final baton le cancer, au diable.........

Au diable l'élastique aussi...On place dans le bac à la récupération pour le prochain ou prochaine...Just in case, of course...

Je déconne un peu, je sais...De mon coté j'ai peur aussi...Je requitte le Québec, j'y étais en vacance, et je retourne au Brésil ou j'y vis maintenant en sachant très bien qu'à mon prochain retour, j'aurais la liste des gens partis en apesenteur et les autres, tu vois ?

Toi Claire Matteau, Arrange-toi pour être encore là pour les tiens....N'oublie pas une chose, quand tu leur écris que tu les aimes, ils et elles t'aiment aussi...S'tu clair ???????

David Bérubé xx, à bientot m'dame Matteau xx.......... ;)

Ps...Le temps de mes vacances, j'ai lu ton dernier livre à ma biblio de la ville de Québec....J'étais content de sourire durant ma lecture :) Un sourire bon, de coeur, tu vois ?

Ps du ps...Je suis désolé pour Hélène et la perte de son homme qu'elle nommait son chéri...Kioute comme mot d'amour..........Tu peux lui dire, stp ma désolation.....over and out....

Anonyme a dit…

Mon cher David,un jour faudra me dire le prénom de ta fille... Je t'aime tu sais. J'aime l'homme que tu es...Tu es plein d'amour, c'est merveilleux. Dans ma tête, je me vois souvent lui faire un pied de nez à mon cancer... J'ai déjà dépassé certaines statistiques...J'ai surmonté un des caps, celui du 24 mois puisque je suis rendue à 34 mois depuis le diagnostic...Sois confiant David, je serai là quand tu reviendras visiter le pays...oui, je veux être là... Prends soin de toi et des tiens... D'ici là, je vais me confectionner un énorme élastique comme tu le suggères... Ciao! et Obrigada pour ton bon mot...Je suis heureuse de te lire... Je t'aime ! Claire, ton amie.