mardi 19 août 2008

Encore un peu de vacances...

Depuis quelques semaines, je reprends figure humaine. Dans mon miroir, je remarque que mes traits se redessinent de jour en jour… Mes cheveux, mes sourcils et mes cils réapparaissent peu à peu, me redonnant un regard tellement plus vivant. Je suis heureuse de me redécouvrir, de me reconnaître. Enfin ! C’est vraiment moi que je vois…

C’est incroyable ce que ces changements opèrent sur moi. On dirait que j’oublie mon cancer et ses métastases… On dirait que je relègue derrière moi toutes mes craintes de l’hiver dernier. Que je rebondis…et que je m’éclate devant la vie.

Ces temps-ci, je me croirais en vacances… en vacances de la maladie ! Je me sens tellement bien même si je n’ai pas encore récupérer totalement toute mon énergie d’antan. Je fatigue plus vite… mais je suis bien. Par moment, j’ai l’impression que le cancer m’a quittée… Quelle tentation que de croire à cette illusion si rassurante. Je m’y laisse prendre certains jours… J’imagine même un miracle… Heureusement, ma lucidité me ramène à la réalité.

Puis… puis… c’est là que je ressens une sorte de grande peine intérieure. Je ne sais trop comment la surnommer… Tristesse ? Non… Souffrance ? Non… Désolation ? Peut-être… avec un brin de regret et une parcelle de crainte…

Avant mon cancer, je croyais fermement pouvoir profiter de la vie pendant de nombreuses années. J’en étais convaincue… Je tenais pour acquis l’avenir. Je faisais des plans, j’imaginais mes petits-enfants à venir, des fêtes familiales pour encore bien des années…
La maladie est venue modifier mes rêves et fragiliser mes certitudes…

Je trouve difficile maintenant de freiner mes élans de projets. Intérieurement, je sais que mes années sont comptées. Que la rémission n’est pas pour moi… Je trouve épuisant mentalement, de toujours tout ramener au présent…. C’est tellement reposant de pouvoir reporter dans l’avenir… surtout quand l’angoisse du compte à rebours surgit.

Je sais que nous aurons tous à faire face à la mort… On peut mourir très vieux, ou mourir demain dans un accident. La vie n’est pas prisonnière de notre corps. Elle est libre. Elle peut nous échapper sur un claquement de doigt… On ne peut la retenir… Pourtant, j’aimerais bien l’attacher, la fixer pour m’y cramponner encore longtemps. Oui longtemps…

Claire.
P.S. Je sais, je sais… je n’écris pas souvent. Disons que je prends une pause… Ma sérénité aime bien ne pas devoir parler du cancer régulièrement contrairement à mes pensées qui s’entrecroisent sur les pourquoi du cancer.
Tourlou.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut,

Ce n'est pas parce que tu as un blog que tu dois parler du cancer. Tu as le droit de partager avec nous tes aspirations, tes rêves. C'est beaucoup plus agréable à lire que d'entendre parler de maladie.

La vie c'est ce qui a de plus beau et c'est agréable d'en parler.

Continues, on aime te lire.

À bientôt,

Louise Paquette