jeudi 3 juillet 2008

En attendant la guérilla…

Aujourd’hui, je vis ma dernière journée sous les effets de la chimiothérapie. Je me croise les doigts pour que la prochaine fois ne se présente qu’aux confins de ma vie. C’est difficile la chimio… C’est dur pour le corps. Coriace et même intransigeant. Je me sens affaiblie quoique bien vivante. Malheureusement, encore une fois, je serai sous les antibiotiques car je développe une autre infection urinaire. Décidément, j’ai hâte qu’on m’enlève dans environ deux semaines ce fameux JJ dans le ventre qui, je ne sais pourquoi, s’infecte au contact de la chimio… C’est douloureux, déplaisant et restreignant. Toutefois, je prends ce mal en patience car je sais que, très rapidement, cette infection deviendra sous contrôle et que la Vie me tendra les bras pleinement.

Au cours des prochaines semaines, je veux reprendre en main mon alimentation, maintenant qu’aucune chimio ne viendra m’affaiblir. J’ai besoin de protéines et de tonnes et de tonnes de légumes et de fruits… Malgré tous mes efforts pour bien m’alimenter au cours des derniers mois, le combat à mener a pris toute mon énergie et ma formule sanguine n’est pas demeurée celle d’une grande guerrière. À l’attaque donc pour les prochaines semaines ! Je vais non seulement me remonter le moral mais me réapproprier ma santé, mon métabolisme et ma vivacité.
Lundi matin prochain, le 7 juillet, j’aurai un scan. Dieu seul sait combien j’ai hâte d’avoir les résultats. De savoir dans quel état je me retrouve maintenant après six chimiothérapies. Combien de métastases ces traitements ont-ils réussi à enrayer, à détruire, à dissoudre, à réduire en poudre… ?

C’est étrange, maintenant que cette première étape est franchie, celle de la chimiothérapie, une certaine angoisse m’habite. Faut dire que durant cette première période, je me sentais vraiment protégée par ces traitements. Rien de cancéreux ne pouvait se développer étant détruit presque aussitôt… La deuxième étape, celle de vivre avec des métastases, m’effraie au fin fond de moi. Un peu le jour… Beaucoup la nuit ! Je sais que l’épée de Damoclès s’installe pour toujours au-dessus de ma tête. Quand frappera-t-elle ? Me poignardera-t-elle dans le dos, sans avertissement… ?

Je sais que dorénavant, et d’ici la fin de ma vie, je serai sous contrôle médical et sous observation constante. Mais la peur m’assaille malgré tout. Je ne me sens pas totalement à l’aise. J’ai comme l’impression de perdre la maîtrise de ma vie. Durant l’étape chimio, il me semblait contrôler davantage et même amplement la situation. Je bombardais. Violemment. Régulièrement. Ce qui n’est plus le cas présentement… Cette prochaine étape a des allures de salle d’attente… La frappe viendra… Quand ? Personne ne le sait. C’est la guérilla… Sournoise. Maligne. Vicieuse.
Je suppose que je vais apprivoiser cette nouvelle vision de ma vie. J’en viendrai sûrement à ne pas en faire l’objet constant de mes pensées comme c’est le cas aujourd’hui… Cette approche de la vie est nouvelle. Je suis fébrile. Très fébrile.

Dans quelque temps, en reprenant enfin le cours de ma vie, j’oublierai sporadiquement d’abord et de plus en plus par la suite la présence de cette terrible menace au-dessus de ma tête.
Il ne faut pas que je navigue sur les petites vagues de la crainte et du doute qui me tiraille. Non ! Faut que je m’entête à m’accrocher à ma vie et la retenir le plus fortement, avec entêtement, entre mes bras.

Oui ! Il faut vraiment que je combatte cette inquiétude, pour ne pas dire cette épouvante, qui m’envahie quelque peu ces derniers jours. J’ai tant à faire. J’ai tant à vivre… Je dois demeurer tenace et m’obstiner coûte que coûte contre mes appréhensions. La Vie m’attend… Je sais qu’elle me sera belle et bénéfique encore longtemps. Dieu qu’on est petit et dépourvu quand la menace et l’inconnu frappe à notre porte…

Je vous aime tous et toutes. Prenez soin de vous. Promettez-moi de ne pas négliger votre santé…
Claire

3 commentaires:

Cath a dit…

Comme tu nous le dis tout le temps quand on a des inquiétudes dans nos vies : FAIS CONFIANCE À LA VIE ET ELLE TE LE RENDRA BIEN !!! Je t'aime et dis=toi que rien ne peux t'arriver parce que tu n'es pas grand-mère encore et après ce sera parce que tu ne les auras pas vus graduer... on te trouveras toujours une raison de combattre !

Anonyme a dit…

Salut ma belle,

Tu sais, je lis ton texte et je me dis que chacun nous avons notre combat à mener. Certaines personnes ont à le faire avec leurs émotions et certaines personnes avec leur physique. Moi aussi, comme toi, mon combat se situe au niveau physique.


En ce moment je suis aux prises avec des incontinences anales. C'est très gênant car je ne sais jamais quand cela va me frapper. Je veux étudier pour travailler plus tard mais j'espère que je vais pouvoir régler ce problème car je ne pourrai travailler dans ces conditions.

C'est encore un combat et par moments je trouve que la vie nous éprouve. Pourquoi en est-il ainsi? On ne sait pas. On ne fait que subir mais parfois cela génère en moi une certaine colère.

Enfin! C'est ma bataillke, tu as la tienne et d'autres on la leur.

Sur ce, porte-toi bien et à bientôt j'espère.

Louise P.

Anonyme a dit…

T'as raison, Zenon, lundi arrivera bien assez vite. Ne pas laisser les doutes te grignoter ta fin de semaine. T'abandonner au courant de tes projets, les beaux et grands fougueux qui mobilisent l'adrénaline et l'imagination, mais aussi les tout petits, les projets de ruisseau, les à court terme, les simplets, comme finir ton sudoku en 30 minutes ou te brunir les jambes au soleil en croquant des courgettes. À la queue leu leu, les agréables insignifiances finissent par faire de maudites belles journées. Je te les souhaite, Clairette ! Je pense à toi très fort.
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