vendredi 20 juin 2008

De l’espérance dans l’air…

Hier je me suis rendue à l’hôpital Charles Lemoyne pour mon sixième traitement de chimiothérapie. Malheureusement, je n’ai pu le recevoir vu que j’étais encore sous les antibiotiques prescrits depuis le week-end dernier, lors de mon entrée à l’urgence pour mon infection urinaire. Ce sixième traitement est donc remis à vendredi prochain, le 27 juin.
Comme je rencontrais mon oncologue, le docteur Prady, j’en ai profité pour jaser un brin. J’aime cette femme. Je crois en elle… Elle a toute ma confiance. Lors de notre entretien, elle m’a offert une alternative : prolonger mes traitements de chimio. Au lieu de six traitements, elle m’en propose huit. Cette offre est alléchante… mais elle est aussi à risque. Comme je réagis très bien à ce traitement, deux traitements de plus pourraient reculer et de beaucoup toute récidive… On parle d’années ! Toutefois, le Taxol provoquera peut-être une certaine neuropathie… Je pourrais avoir des séquelles permanentes dans les extrémités : mes doigts et mes pieds. Je pourrais me retrouver en fauteuil roulant. Mais, mais….mais…. J’ai commencé à avoir certains fourmillements dans le pied droit qu’au cinquième traitement… J’ai donc de fortes chances de ne pas développer une neuropathie sévère… Je dois réfléchir aux conséquences… Mon oncologue aussi analysera les conséquences. Elle rencontrera un spécialiste cette semaine et lui parlera de mon cas. Vendredi prochain, on se donnera l’heure juste…en même temps que nos réponses. Évidemment, l’éventualité de repousser la récidive est vraiment une perspective qui me plaît, m’enchante, m’excite ! Beaucoup….! Je ne sais trop encore quoi décider… Je réfléchis…. Que feriez-vous à ma place ?

Elle m’a aussi expliqué ce que serait le suivi, une fois mon protocole de chimio terminé. Non, contrairement à ce qu’on aurait cru, je ne suivrai pas de radiothérapie. Ouf ! Je suis contente… Vu que je n’ai pas de cancer du col de l’utérus, mais plutôt un cancer des ovaires, ce traitement de radiothérapie n’est plus adéquat… Si vous saviez combien j’exulte ! Je n’avais pas vraiment le goût de suivre cette cure. Surtout que j’avais rencontré lundi dernier, la médecin oncologue de l’hôpital Notre-Dame… Elle et moi, on n’aurait pas fait une bonne équipe. Je ne voulais pas d’elle comme compagne de route… Vraiment pas. J’ai vécu une bien mauvaise expérience lundi matin dernier lorsque je l’ai rencontrée. Pierre qui était avec moi, n’en revient pas encore de son attitude… Je vous passe les détails. Il y a des gens qui n’ont pas d’empathie et qui voit les patients comme des cas, des cobayes… Moi, je ne suis pas ça. J’ai peut-être le cancer, mais je suis encore une personne à part entière, avec encore un bout de dignité qui ne demande qu’à être respectée.

Dans les mois qui suivront mon dernier traitement de chimio, je vivrai avec l’épée de Damoclès au-dessus de moi… mais j’aurai un suivi médical qui saura me rassurer amplement. J’aurai une prise de sang avec considération des marqueurs tumoraux à tous les trois mois. Dès qu’un changement significatif se présentera, je serai reprise en charge et on me ramènera sous la tutelle de mon ami Taxol. Au cinq mois, je repasserai un scan ou une résonnance magnétique. Ainsi, on saura toujours ce qui se passe dans mon corps. La guérilla des métastases aura à faire face à l’équipe médicale qui me protège. Je serai sous haute surveillance.

Le docteur Prady m’a encouragée à voyager et à poursuivre mes projets. Elle m’a dit que j’étais parmi ses rares patientes à vivre avec des projets malgré le pronostic sévère du cancer que je confronte. Je lui ai dit que pour moi, la mort est à mes côtés, à mes côtés seulement pas devant moi. Moi je suis toujours deux pas devant. C’est moi qui suis devant, pas la mort. C’est cette image qui me tient vivante, me dynamise… Car je me sens vivante. Très vivante. Je sais que je ne peux guérir, mon cancer étant trop métastasé, mais je peux vivre et surtout survivre aux statistiques.

Je suis tellement heureuse de savoir que j’aurai enfin du temps devant moi… Que ma vie ne tournera pas toujours au cancer et que le cancer ne mènera pas toujours ma vie.
Devant cet horizon qui semble s’entrouvrir et se colorer comme un arc-en ciel, Pierre et moi avons décidé de retourner au Brésil, à Salvador de Bahia, dès le début de septembre. On veut reprendre ce voyage que nous avions dû annuler le 25 janvier dernier, à l’annonce du diagnostic néfaste.

D’ailleurs, avec tout ce chambardement des derniers mois. on veut changer beaucoup de choses dans nos vies… On porte vraiment un nouveau regard… Différent. On pose de nouveaux gestes… on ne s’inquiète plus de la même manière. ON goûte davantage à l’instant présent…
Je me sens vivante.
Je me sens vraiment vivante…
Si vous saviez combien je vous dois une fière chandelle… Je vous aime… Vous êtes tous et toutes dans mon cœur…
J’ai de l’espoir… Wow !

Claire, la cancéreuse qui a de l’espoir.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut la belle Claire,

Comme j'ai été contente de lire tes commentaires ce matin. Tu écris comme une victorieuse, et la décision que tu prendras sera la meilleure. Vas-y selon ton instinct. Mentalement, on est toujours près de toi, et on t'envoie des tonnes de ballots d'énergie!
Vas-y, lâche pas, t'es une gagnante née!
On t'aime fort, et on te fait une grosse bise,
Reynald et Solange

Anonyme a dit…

Je lis ce que tu écris et une seule phrase me vient à l'esprit:
Comme elle est forte cette Claire.

Chapeau ma belle,

Louise

Anonyme a dit…

Te lire aujourd'hui a été la plus belle chose qui me soit depuis longtemps arrivée.
Merci.
Tu sais que tu prends ta force de tes projets ? De ta tête de cochon qui rêve ? Je suis tellement fière de toi, ma soeur pas d'cornette !
Et je t'aime tellement.
Merci encore. Quel beau soir !

h

Anonyme a dit…

Je lis tes réflexions avec beaucoup d'intéret et d'émotion.

Tu as une force de caractère impressionnante et inspirante!


Manouche

Anonyme a dit…

GO GO GO !!!

Je suis très content de ces pronostics pour toi. Il ne faut pas lâcher !!! Dis-donc juste une question comme ça, Tu parles de 6 ou 8 traitements, dont le huitième pourrait peut-être avoir des séquelles...

Pourquoi pas 7 traitements alors? Ou ces traitements se font-ils uniquement par 2? Je n'y connais rien mais il me semble que ce serait un beau compromis... :-)

Continues, nous sommes tous avec toi !!!

Pierre