lundi 2 juin 2008

Chimio et chirurgie : tout un cocktail !


Depuis samedi, j’ai mal. Beaucoup ! Beaucoup trop…

Je découvre la douleur à 56 ans ! Je suis chanceuse malgré tout… Toutes ces années sans avoir eu mal au corps dès le moindre mouvement, sans avoir eu à me résigner à cohabiter avec cet inconfort physique sur lequel je constate ne pas avoir de contrôle…

Disons que depuis les derniers mois, je fais de grandes découvertes ! Me battre contre la maladie, contre ce maudit cancer qui me gruge en-dedans, me coupe pas mal les ailes. J’ai moins envie de rire, de chanter, de jouer du piano surtout… Les effets secondaires me scient le corps en deux ! Une chimiothérapie toute de suite après une chirurgie importante, ce n’est pas l’idéal. On dirait que toutes mes cicatrices se ravivent sous l’effet du Taxol ! Que le ventre va se fendre et s’ouvrir. Ce n’est pas compliqué, j’ai l’impression d’avoir perdu considérablement de la forme que j’avais acquise depuis les trois dernières semaines. Comme si je ressortais à nouveau de la salle d’opération. Mon énergie me fait faux bond… L’impatience fait partie de mon quotidien et ça me dérange considérablement.

Je vais vous avouer quelque chose, je n’aime pas avoir mal. Habituellement, je suis une battante. C’est ma nature. Non ! Je ne pleure pas devant la difficulté, je rage. Je combats. J’attaque ! Mais là, bon sang de bon sang…. Je me sens tellement impuissante ! Cette douleur est tellement plus forte que moi, si tenace, si téméraire, envahissante. Elle s’accapare de tous mes instants, de mes nuits insomniaques surtout. C’est vraiment débile la douleur. À quoi ça sert ?

Maudit poison ! Je sais qu’il m’est utile. Je sais qu’il fera régresser mon cancer, qu’il le circonscrira…. Je sais, je sais…

Je sais aussi que dans quelques jours, ma douleur devrait s’amenuiser… Disparaître sans doute pour un certain temps. Oui, je suis chanceuse ! Certains n’auront jamais ce privilège, leurs douleurs les accompagnant tout au long de leur vie. Moi, j’ai des pauses devant moi… Heureusement.

Non seulement la douleur me rend malcommode, mais mes réactions me surprennent. Les effets secondaires m’empêchent de marcher convenablement, de rester stable dans une position pendant dix minutes, me coupent l’appétit, me constipent, me donnent des nausées, des vomissements, des maux de tête, des engourdissements dans les extrémités…Je suis tannée. J’aime bien mieux tondre mon gazon pendant huit heures d’affilée que d’endurer ces élancements qui me mitraillent l’intérieur du corps depuis trois jours. Et encore pour combien de temps ? Deux jours, sans doute… C’est long ! Dire que je me plains de douleur sur une durée de cinq jours à six jours…. Certains ont la douleur tatouée sur leur corps jusqu’à leur mort. Je deviens grincheuse !

J’appréhende l’avenir…

S’il faut que la douleur augmente graduellement et constamment, je crains de devenir une véritable sorcière ! Je ne serai pas capable de m’abandonner à la douleur. Je ne suis pas du genre martyr ! Je suis plutôt guerrière jusqu’au bout ! Je vais rugir, ça c’est certain… Cet état dans lequel je me retrouve, me bouscule. Surtout que demander de l'aide, ne m'est pas naturel. J’ai l’impression de concéder faiblesse et dépendance. Ça m’humilie même… Si encore, il n’était question que de malaise physique… Non ! La douleur m’ handicape et me fragilise l’âme. J’ai presque le goût de pleurer sur les tâches que je ne peux plus faire. C’est fou, vous croyiez ? Non ! C’est légitime. Jusqu’à tout dernièrement, j’étais dans le monde des vivants. Depuis quelques temps, j’ai rejoint l’univers des malades… Je ne veux pas y rester… Je ne veux, je ne veux pas, je ne veux pas, non, non, non…

Je suppose que c’est ce que j’aurai à découvrir, désormais…
Vite ! Faut que je guérisse… Je veux rejoindre la Vie, son énergie, sa légèreté, sa joie translucide… Là, j’ai l’impression de végéter dans un amas de douleur qui me colle au corps et m’enlise dans un état duquel je voudrais tant m’extraire. Oh oui ! M’extraire de tout ça et découvrir que ce n’est qu’un affreux cauchemar… Quelle joie, ce serait !

Il semblerait que non…

Claire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Chère Claire,

je pense beaucoup à toi, je te lis souvent. Je ne sais pas trop quoi t'écrire, trouver les bons mots n'est pas facile. Les épisodes de chimio semblent vraiment éprouvants. Heureusement que les nouvelles médicales sont bonnes, elles laissent entrevoir la fin de cette paranthèse.

Pascale x