samedi 8 mars 2008

Pas de temps à perdre


Dans le fond, si on réfléchit bien, il n’y a rien qui nous appartient. Et surtout pas la vie…

Tout passe. Le temps, la vie, notre vie, notre corps et… l’hiver, heureusement ! On est éphémère. C’est difficile d’admettre ça, même si on le sait depuis toujours. Le cancer me l’apprend, toutefois…Il insiste aussi sur l’urgence de transformer ma vie avant qu’elle ne passe à son tour…Je dois renaître… renaître à moi-même. C’est tout un projet que la vie me propose, mon plus grand je crois… Question de survie !

C’est fou, mais c’est comme si depuis quelques temps, je me retrouvais en plein processus initiatique. Ce n’est pas seulement mon corps que je dois guérir, c’est tout mon MOI, mon corps, mon esprit et mon âme. Mon Tout. Je sais que ça semble inapproprié, mais je crois que mon cancer est un cadeau… à cause de sa présence menaçante, je m’arrête. Je prends le temps de regarder ma vie qui n’est pas immortelle. Je prends le temps, avant qu’il ne me file entre les doigts, de me connaître davantage dans ce que je peux devenir. Je pressens l’urgence de me choisir, de me recentrer dans ma vie, de me réapproprier tant dans ma tête et dans mon âme. Je me suis souvent oubliée… Mais là, j’apprends à redéfinir mes limites, à me respecter et à refuser de me laisser envahir ou de m’abandonner au premier venu en lui laissant le contrôle de ma maladie sous prétexte qu’on ne veut que mon bien. Je suis peut-être en état de faiblesse, mais j’ai encore un sens de ce qui me convient. Je refuse de me retrouver désormais au cœur de situations insignifiantes dans lesquelles j’étouffe…

La souffrance sert peut-être à une prise de conscience, qui sait ? Elle permet de franchir une nouvelle étape de sa vie. On dirait que j’intériorise tout… Et le pire, je ne trouve pas cela angoissant. Au contraire, c’est apaisant, rassurant. C’est comme si mes presque 56 ans se présentaient devant moi et prenaient la parole, avec douceur, compassion. Comme si mes 56 ans voulaient taire l’incertitude qui me gagne quelquefois lorsque je pense à l’avenir. Comme si mes 56 ans me réconfortaient au cœur de cette période intense que je vis présentement. Comme si mes 56 ans me demandaient de continuer à faire confiance à la vie et d’aller au bout de mes rêves… malgré le mélange de mal-être, d’inquiétudes, de colère que le cancer crée par moments, malgré les statistiques alarmantes, malgré ma maladie, malgré la mort qui me regarde en face… Une mort annoncée ou programmée.

Ma conscience s’éveille… Je n’ai vraiment plus de temps à perdre maintenant… Je veux me faire de la place au cœur de ma vie. À moi, à mon esprit et à mon âme…Je veux aller au bout de mes rêves avant qu’ils ne passent, comme le temps, comme la vie…

Oui, le temps passe…tout passe. Même l’hiver…

Claire.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour chère amie,

Je lis tes propos et c'est de cela dont je te parlais lorsque je te disais de te choisir, de t'occuper de toi en premier. Tu es la personne la plus importante dans ta vie, parmis tout le monde qui t'entourent, tes enfants, ton conjoints etc.
Pour ce qui est de l'angoisse de l'avenir, je l'ai connu et je me suis dit que personne ne sait ce qu'il adviendra dans leur vie et que moi j'ai un diagnostic qui peut sembler un peu plus programmé mais je n'ai qu'à en décider autrement. J'ai envoyé promener la médecine car c'est moi qui décide ce qui va m'arriver.
Je ne veux pas laisser aux médecins décider pour mon avenir.
Elle m'appartient à moi et c'est moi qui vais décider. PAS EUX.

Chère Claire je suis contente de ton cheminement intérieur que la maladie t'apporte. Une maladie c'est toujours là pour se rappeler à nous-même ce qu'on a oubliè de s'occuper. Ça semble un peu dur à entendre mais c'est vrai.

Goûte ces moments de découvertes sur toi, tu as raison, la maladie en ce sens, est un cadeau car c'est un chemin que tu n'aurais peut-être jamais pris sans elle.

À bientôt ma belle, je t'aime beaucoup

Louise Paquette