mardi 25 mars 2008

Les gardiens de mes nuits




Ce matin, je cherche la couleur du printemps. Elle se fait rare… Ne trouvez-vous pas ? Par contre, la lumière est vive et le ciel d’un bleu magnifique. Oui, le printemps viendra… Je sais qu’il se pointera le bout du nez lors de ma prochaine chimio, le 10 avril prochain.
Depuis samedi dernier, j’ai eu droit à un 72 heures quelque peu inconfortable. Les conséquences de mon troisième traitement de chimiothérapie reçu le 20 mars dernier n’auront pas été une sinécure…. Oh que non ! C’est la première fois que j’aurai voulu pleurer tant j’ai eu mal… et ce, malgré les efforts des médicaments qu’on me prescrit pour diminuer la douleur. Je me dois de reconnaître toutefois, que de traitement en traitement, mon corps s’épuise un peu plus à chaque fois. Disons que hier soir, la fatigue aidant sûrement, j’ai eu mon quota. Mon endurance a flanché quelque peu. Quand j’ai constaté que les larmes me montaient aux yeux, j’ai pris un grand verre d’eau et je suis allée me coucher pour la nuit, collée contre trois de mes chats qui font le guet autour de moi depuis deux mois. Des sentinelles ! Chacune a sa place bien précise. Il suffit que je m’allonge pour qu’en quelques instants, je sois entourée de cette patrouille féline qui semble exercer une surveillance accrue. Lorsque je me lève au cours de la nuit, elle me suit tout au long de mes déplacements. Elle m’attend si je vais à la salle de bain et m’accompagne jusqu’à mon lit, dès mon retour. Napoléon, Barbouille et Chatouille sont mes gardiens. Ils sont à l’affût du moindre bruit… Je me demande s’ils ne se sont pas donné pour mission de me protéger contre cet ennemi qu’est la maladie qu’ils perçoivent sans aucun doute dans mon corps. Leur sensibilité est étonnante ! Si je ne parviens pas à dormir et que je décide de me rendre à mon ordinateur pour y travailler, voilà que mes amis sont aussitôt de faction dans le corridor ou montent respectivement la garde devant la porte de mon bureau. Ils y demeurent longtemps, immobiles et somnolents, dans une attente prolongée, une attente de je ne sais trop quoi, à vrai dire… Mais ils m’aident à traverser la nuit et mes inquiétudes qui surgissent sans crier gare lorsque le sommeil refuse de m’assoupir. Je les entends respirer, rêver même. Leur souffle court m’apaise. J’aime bien de temps en temps les flatter avec tendresse… leur ronronnement me rassure. J’aime fermer les yeux et du bout des doigts caresser leur pelage, longtemps, doucement. Mais ce que j’apprécie le plus c’est de placer un doigt au creux des coussinets de leur menotte… C’est la quiétude totale ! Ou encore, coller ma tête contre la leur et demeurer ainsi sans bouger, appréciant la générosité de cet instant magique.

Oui, j’ai eu mal la nuit dernière, et la nuit précédente. Mais ce n’était qu’un mal physique… Je sais déjà que demain, je reprendrai du poil de la bête ! Que dans deux jours, ma concentration sera revenue et que je courrai comme avant… jusqu’au prochain traitement dans deux semaines. Mon mal n’est pas celui de l’âme. Il n’est pas continu, inconsolable. Il est passager et j’en connais les dessus et les dessous. Je sais comment l’affronter maintenant. C’est rassurant, presque autant que dormir avec mes trois adorables minous !

Le printemps viendra, hein ? Dites-moi que la banquise qui m’entoure finira bien par fondre. Dans le moment, j’ai l’impression d’habiter un paysage de Jean-Paul Lemieux… !

Je vous embrasse tous.
Claire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Claire.

Encore une fois, je suis au travail et je pense à toi. En montage pour une production, j'ai à vérifier certains textes pour un show que je fais et je suis tombé par hasard sur celui-ci, Mais comme on dit, il n'y a pas de hasard...

C'est un texte de Marianne James (qui est en réalité une chanson) et qui s'intitule "Fragile" et je te le dédie, pour ces moments d'après traitements que tu vis avec courrage:

Fragile

Je ne suis pas tombée
De la dernière averse
Je ne me laisse pas faire
C'est même tout l'inverse
Quand viennent les soucis
On dit que je suis forte
Et face aux années mortes
Ma bonne humeur l'emporte.

Je ne suis pas plombée
Par le poids des regrets
Et quand le ciel est gris
Qu'il recouvre ma vie
Couchée sur mon divan
Je me rêve en diva
Je ne crains ni le vent
Ni le temps qui s'en va.


Mais fragile,
Je sais c'est pas marqué devant
Oui mais c'est fragile au dedans
Je sais c'est pas c'que voient les gens
Mais on est pareil au dedans
Fragile à l'intérieur
Bien moins traquille qu'à l'extérieur
Et puis le soir en s'endormant
Tout petit sous le firmament.

Je ne suis pas tombée
De la dernière averse
Je ne me laisse pas faire
C'est même tout l'inverse
Je ne suis pas de celles
Qui vivent en pleurant
A la moindre étincelle
J'éteins pas le courant.

_______________________________

Je sais que tu éteindras jamais le courant Claire.

A très Bientôt :-)


Pierre Séguin

Anonyme a dit…

Bonsoir Claire,

As-tu remarqué qu'il y a de l'eau sous les bancs de neige? éeh oui, ici ça fond et ça commence à ressembler à un début de printemps. Il était temps.

Pour ce qui est de tes chats, les chats ressentent nos maladies jusqu'à les avoir pour nous éviter d'en avoir. Alors ils se collent à nous quand on ne file pas bien c'est pour nous donner de l'énergie. Ils sont fidèles au postes. Ils veulent prendre soin de toi. Ils sont des guèrisseurs.

J'ai hâte à une manifestation plus évidente du printemps, crocus, tulipes etc... J'en marre de l'hiver, marre, marre, marre.

Salute,

Louise Paquette xxx