mercredi 5 mars 2008

Les cellules cancéreuses, des victimes ?


Les effets secondaires de ce deuxième traitement de chimiothérapie n’auront pas été de tout repos… Le train est passé une seule fois mais quelle fois ! Il est venu me frapper en pleine nuit, il y a quatre jours et ne m’a quitté que tôt ce matin… Toutefois, je dois lui rendre justice : il a épargné mon bassin, on dirait. Il a préféré se concentrer sur mes jambes en accentuant davantage autour des articulations des genoux, avec des allers-retours. Il reculait, écrasait, repartait et recommençait. Un travail bien fait, quoi !
Heureusement, ce matin, on dirait que tout s’est résorbé. Enfin ! Je poursuivrai donc l’écriture de mon tome 3… Je suis contente.
Dernièrement, vu la faiblesse de ma concentration mentale, j’avais de la difficulté à écrire et à lire. Alors vivent les mots croisés le matin lorsque ma tête avait quelques notions d’intelligence et les mots entrecroisés, le soir en soirée, quand mes réactions cognitives s’enlisaient dans les sables mouvants d’un état proche du végétatif. Mais entre tout ça, j’ai réussi à lire, paragraphe par paragraphe, un livre qui m’a fait réfléchir considérablement : Guérir son corps, de la doctoresse Hulda Clark.
Je n’ai jamais été malade dans ma vie…. Je ne parle pas de grippette ou de rhume évidemment. Je n’ai jamais connu la souffrance du corps, mis à part les accouchements de mes filles. Entre vous et moi, la douleur des contractions quoique très, très présentes à certains instants se rapprochent davantage de la délivrance, de la Vie. Elles sont surtout éphémères…Ces maux ne sont pas restés longtemps dans les annales de ma souffrance car ils ont vite été relégués aux oubliettes dès que chacune de mes filles présentait sa jolie binette. Alors là, je devenais ga-ga…puis maman et indéniablement insomniaque pour quelques semaines…
La souffrance du corps est une découverte pour moi. Pis encore là, je ne sais même pas si je peux appeler cela de la douleur quand j’ose me comparer aux autres que je côtoie à l’hôpital. Je sais par contre, que dans mon cas, ça s’endure. Avec l’aide d’ibuprofène, je réussis même à dormir des blocs de trois-quatre heures…On s’entend que mes douleurs sont tolérables. Je ne grinche pas des dents, je ne crie pas des nuits durant, je ne pleure pas, je ne me contorsionne pas… J’ai juste mal en maudit par moment. C’est désagréable, incommodant, inconfortable surtout… Je n’ai pas encore trouvé une position plus satisfaisante, douillette ! Mais ça viendra…. Je m’y applique. Comme nous le demande les infirmières à l’hôpital, sur une échelle graduée de 1 à 10, où se situe ma souffrance ? Disons que j’indique 4… Je n’ai vraiment pas de quoi me plaindre… Dans mon club de chimiothérapeux, certains on déjà reçu de la radiologie précédemment et, de par ce qu’ils racontent, j’ai pu constater que la douleur des brûlures que cause leur traitement dépassait largement la force 4…. On parlerait davantage de 7. Ce n’est pas compliqué, je me sens fringante à leurs côtés, en pleine santé. Je pète le feu, quoi ! Mis à part mes genoux qui ont des allures de boîte de céréales, tant j’entends mes os presque s’entrechoquer comme des osselets. Certains patients m’ont dit que je ne perdais rien pour attendre : semblerait qu’au sixième traitement, j’aurai des allures de très vieille femme, me rassure-t-on. D’autres disent le contraire : que si je n’ai pas plus de souffrance que ça, ben tant mieux pour moi. Que ce sera ainsi pour le reste des traitements ou à peu près avec de petites variantes. Je me le souhaite ardemment.
Je vais vous dire, la souffrance, ce n’est pas le fun ! Certains côtoient leur souffrance de manière quotidienne ou presque… Mais à quoi ça sert la douleur ? Nous rendre plus humains jusqu’à dans la moindre de nos fibres… ? J’ai appris depuis quelques semaines combien une douleur constante peut nous miner, nous affaiblir, et sûrement nous démoraliser avec le temps. Il faut davantage que du courage pour surmonter des souffrances quotidiennes depuis des années, surtout sans espoir de guérison. C’est horrible ! Ces personnes prises dans ce tourbillon de sensations pénibles demeurent condamnées à souffrir… Comment font-elles pour survivre ? Je crois qu’elles ont accepté leur souffrance. C’est, selon moi, l’unique manière de passer au travers… Bien sincèrement, je ne crois pas que je me résignerais à souffrir pour souffrir. Je préfère accepter la douleur… tout en trouvant la manière de m’en soulager. Il existe des moyens thérapeutiques, des médications… Je prendrais tout ce qui passe. Non, je n’accepterais pas de souffrir pour souffrir… Je ne suis pas du genre masochiste !
Je sais aussi que j’ai un certain pouvoir sur ma douleur. Question d’attitude. De toute façon, je n’ai pas le choix. J’aime mieux accepter ma souffrance et faire avec que ressentir de la colère envers elle. Ma souffrance ne ferait qu’augmenter, j’en suis certaine.
Dernièrement, en lisant le livre d'Hulda Clark, j’ai appris et compris que les cellules cancéreuses étaient des cellules malades, pas des méchantes cellules tueuses comme je m’entraîne à les percevoir.En effet, alors que je percevais ces cellules cancéreuses comme des terribles cellules à anéantir, l’auteure nous les présente plutôt comme des cellules malades, affaiblies, qui ont besoin de notre aide ! Wow ! Cela a touché ma fibre maternelle… ! Il semblerait ridicule de vouloir les bombarder sans répit. Toute ma vision des choses a été modifiée après cette lecture. Mes cellules cancéreuses n’ont plus des allures de Talibans ou d’agresseurs. Elles sont des victimes. Madame Clark explique que le phénomène de division cellulaire est un mécanisme de survie, or les métastases sont justement des cellules qui se reproduisent pour survivre, mais sans contrôle, provoquant ainsi les tumeurs. Le frein de ces cellules ne fonctionne plus. Alors plutôt que de les haïr et de visualiser leur destruction, je devrais leur envoyer de l'amour pour les aider. Ces cellules font partie intégrante de moi. Elles sont moi.
Je me demande si elle a raison… Je cherche… Étant de nature vindicative, j’ai tout de suite opté pour le combat évidemment. C’est ce que je connais après tout… Et si ce n’était pas la bonne manière ? Une stratégie d'amour serait-elle beaucoup mieux qu'une stratégie visant la haine, la destruction ? Je ne sais pas… Mais, cette manière de voir son cancer a diablement bien fonctionné pour la docteure Clark : une après l'autre, toutes ses douleurs se sont estompées et ont disparu, complètement. Elles ne sont jamais revenues…Elle a guéri son cancer !!!!

C’est fou, mais depuis que j’ai fermé ce livre, j’ai en tête cette citation du cher Baudelaire…. Je me la répète…. On dirait que la douleur s’estompe…« Sois sage, ô ma Douleur et tiens-toi plus tranquille ».
Je vous aime tous et pas juste un peu, vous saurez.
Vivez une belle journée.

Claire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Chère Claire,

Cela fait plusieurs fois que j'essaie de t'envoyer un message mais j'éprouves des difficultés avec ce système.

Ça doit te faire rigoler ça hein! Après toutes tes épreuves, et bien, celle-là n'arrive même pas à figurer le plus simple des choses....


Je veux que tu saches que je visite fidèlement ton blog. Je suis en attente du prochain message...le silence de quelques jours m'inquiète. Je me dis que tu as des difficultés et que tu as mal.
Oh je pries pour toi.

Claire, tu ne peux pas estimer combien tes textes savent me rejoindre au plus profond de moi.

Je suis là et je crois en toi.

Bisous bisous bisous,
Mikale

Anonyme a dit…

Bonjour Claire,

Je lis ton dernier texte au sujet du docteure Clark et je la trouve plein de bon sens.

Un jour j'ai appris que la maladie, il faut l'accepter voire même l'aimer pour ensuite être capable de s'en départir. J'ai compris à ce moment là que tant que tu la combats, il y a en toi une résistance qui affaiblit ton corps.
Comme disent les anglais ''you have to go with the flow''. Pense bien à ce que ta docteure Clark te dit au sujet de la maladie, je crois qu'elle te met sur une bonne piste.

À bientôt,

Louise