lundi 30 mars 2009

Pour combien de temps ?

Certains d’entre vous s’inquiètent de mon silence…
Je sais, je n’écris plus souvent.
A vrai dire, je vous écris rarement depuis quelques mois. Ce n’est pas que le lien qui nous unit soit rompu, ce sont les mots qui me font peur.
Ce n’est pas toujours simple de décrire ce qu’on ressent…
Je n’ai pas toujours le courage de parler des dessous de ma maladie. De ce qui se cache derrière ma vivacité, ma bonne humeur, ma joie de vivre…
Je vais tenter de le faire en espérant que mes réflexions soient logiques, un tant soit peu.

Même si je suis profondément heureuse, même si je vis une vie normale, j’ai très souvent une boule au fond de la gorge. Souvenez-vous en septembre, lorsque j’ai appris qu’il me restait une année à vivre statistiquement parlant… Bien, si vous savez calculer, il y a déjà six mois d’écoulés… Ça va vite, je trouve… trop vite ! Non, non, je ne pleure pas sur ma propre déception de voir le temps courir si rapidement…
J’ai beau me dire que je suis en pleine forme, la peur m’habite.
Le fait d’en parler m’oblige à regarder en face la situation qui ne me semble pas très alléchante. J’ai beau remplir de témérité le fond de mon cerveau et me ragaillardir l’esprit en voulant relever le défi inimaginable de me rendre bien vivante au 24 janvier 2013 pour savourer ma guérison miraculeuse, la peur demeure…
Ce n’est pas facile de dominer la crainte de mourir…Vraiment pas…
Il y a des moments, où je cherche un endroit où je pourrais bien me cacher afin que la mort puisse ne pas me rattraper.

Malgré mes craintes envahissantes, je continue de me battre. De combattre le monstre.

Je remarque aussi que depuis quelque temps, je suis devenue accro au CA 125 !!!
Si c’était possible, je voudrais une analyse sanguine de ce marqueur à toutes les semaines… J’en ai eu une la semaine dernière…La dernière datait du 9 janvier… Ouf ! Mon marqueur indiquait 26… C’est génial ! Les métastases se tiennent donc encore tranquilles dans leur développement d’un cancer généralisé… Cela est une bonne nouvelle ! Toutefois, j’ai peur des semaines à venir qui me rapprochent de plus en plus de l’échéance… Je suis bien consciente que le cancer me fait perdre mon avenir, mon devenir… Le cancer prend tout, le maudit !

Je sais désormais que mes projets ne seront plus jamais à long terme, qu’ils ne se planifieront que de six mois en six mois… Comme je suis en forme physiquement et que je marche mon cinq kilomètres quotidiennement ou presque, mon corps déborde d’énergie. Il m’en faut d’ailleurs beaucoup, je déménage dans deux mois.
Mais, malgré une bonne santé, il faut quand même savoir regarder la vérité en face.
Évidemment, je pourrais me cacher derrière le déni ou la conviction qu’il n’y a pas lieu de me tourmenter outre mesure.

Je suis inquiète ! Devant le cancer, il y a ma peur. De l’incertitude en quantité industrielle. De l’angoisse que je dois constamment refouler pour ne pas qu’elle vienne étioler le temps que je dispose à tenter de vivre le présent avec un brin de sérénité.

Je suis troublée… d’apprendre à mourir. D’accepter l’irrévocable même si je sais que la mort est une conclusion très, très, très normale à la vie. A ma vie. A toute forme de vie.

C’est fou, mais plus le temps avance, plus j’ai un besoin énorme de rencontrer mon oncologue. Je compte les jours d’ici ma prochaine visite… Mon oncologue est devenue beaucoup plus qu’une spécialiste… Elle est une muraille en quelque sorte. Elle me protège, tel un rempart entre moi et le cancer, entre moi et la mort.

Malgré mes angoisses existentielles, je demeure sereine et toujours immensément amoureuse de la vie. Je préfère toujours mieux accepter ce maudit cancer et la mort qui s’en suivra que de me complaire à pleurer sur mon sort, à développer de l’amertume ou encore, à crier à l’injustice. Surtout que j’ai eu une belle vie… Elle demeure encore toujours aussi belle. Je n’ai pas de place pour le moindre regret. Je sais que j’ai fait ce que j’ai pu, du mieux que je le pouvais… Je suis en paix. J’ai juste de la difficulté à regarder le sablier se vider.
Difficile de faire le deuil de ma vie… Je me concentre sur chaque grain de sable qui s’écoule, sur mon présent que j’essaie de vivre avec beaucoup d’intensité et de sérénité.

Malgré cette tristesse, je réalise aussi la chance que j’ai d’être consciente de l’échéance de ma vie car j’ai la possibilité de la toucher au plus profond de moi. Mes émotions deviennent de plus en plus à fleur de peau… Je n’ai rien contre, au contraire…

C’est à tout cela que je pense ces dernières semaines….
Mes réflexions ne m’empêchent pas de rire aux éclats, ou de me promener à New York et d’aller à l’opéra y voir Il Trovatore, ou de me rendre une autre fois en Floride dans trois semaines, de jouer du piano, d’écouter des chansons que j’adore et que j’ai transférées dans mon ordinateur, d’imaginer la décoration de mon condo à Longueuil.
Je suis en pleine vie pour le moment. Il m’est tellement difficile de croire que mon corps se détériore et me conduit vers un grand trou dans lequel je vais finir par y tomber.
Enfin ! Voilà pourquoi je n’écrivais pas ces derniers temps…

Mais croyez-le ou non, malgré tout, je m’entête à croire que je ferai partie de ces 7% de femmes (Stade 4, Grade 3) qui réussiront à traverser les cinq prochaines années et se rendre en rémission.
Je m’accroche de tout mon cœur… au 24 janvier 2013 !
Je vais faire toute une fête, soyez-en certains !


Je vous aime malgré mes silences…
Prenez soin de vous.

Claire.

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Mille mercis laissez-moi mûrir ce magnifique témoignage es-ce cela de la résilience...Sans le savoir vous m'aidez beaucoup grande dame.

Anonyme a dit…

Je suis la grand-maman et je suis trés émue de vous lire grande dame.

David Bérubé. a dit…

Noa noite Claire...

Moi ton silence ne me déplaisait pas ou ne m'inquiétait pas...Parce que j'avais fait le choix de te fuir Claire....Ton blogue ect....

En fait, c'est ton cancer que je fuyais..Je n'avais pas le coeur froid de TOI, non, non..J'avais le coeur froid de MOI, et tout ce qui entoure les cancéreux...C'est pas très mâlin, je sais...Égoïste le mec ? je sais, oui...Un mot disgracieux en plus, cancéreux...

Combien de fois Claire dans le passé, je me suis croisé les bras devant l'écran et sur ta photo . Je te l'ai déjà raconté cela, jadis.... Tu n'as aucune idée le nombre de fois, le matin tôt après mon jog, je venais voir ta photo en silence en buvant mon smoothie fruits et graines de lin moulu. .......

Un peu comme l'amoureux qui vient voir sa belle en catimini....Mais toi Claire, tu n'étais pas ma bella, tu étais la cancéreuse tous comme ma mère....

Faut-il toujours tuer la beauté du coeur de l'enfant ???? C'est cela qui me met en ?%?%?%?%?%?....

C'est cela que je fuyais...et que je n'ouvrais plus ton blogue...

Mais je dois ressortir de mon corps.....

Ma mère, elle est phase terminale....C'est fini pour elle, comme la chanson, elle a déjà des ailes dans le dos...

Elle m'écrit souvent de lui revenir...Enfin pour un temps de revenir........

À ses écrits, je m'invente des histoires.....Mais là, je vais y aller, je pars bientôt la voir, j'ai mon billet d'avion, encore une fois....

Je sais que serai le fiston maladroit et gauche devant elle...Je l'ai toujours été...Mais je l'aime.

Tous comme toi Claire, ma mère n'a plus de temps pour les rêves, la vie c'est la, maintenant, NOW, tout de suite....Tu comprends ????

Ma mère elle est violoniste pour L'OSQ et souvent le soir, elle partait jouer, en fait souvent....Un jour, je suis tombé sur cette chanson....Je suis malade, complètement malade comme quand ma mère sortait le soir, et elle me laissait seul avec mon désespoir....

Et moi je rajoute, pour aller jouer son violon.........Et moi aussi maman, j'avais du talent....Tu m'as privé de mes mots....Et j'ai le coeur complètement malade de ta maladie....................................

Claire, je t'aime, et je m'en fiche si je te connais pas en réel de coeur et de vie.......Maman, j'taime toi aussi, si gros...

Est-ce que tu lis Claire Matteau, maman ? C'est moi qui t'a fait connaître son blogue, la lis tu encore ? ou tu fais comme moi, tu fuis les vérités ? Loin loin loin...

David Bérubé...Brésil.

PS,,Merci de ton texte Claire....Je suis gauche pour dire que j'ai mouché du nez en le lisant...

PS du ps...Pour toi Claire.........Tu me fais penser à cela, dame.......

http://www.youtube.com/watchv=lOPuuyNL1sU

Écoute les paroles jusqu'au bout...C'est toi Claire, tu ne trouves pas ??? Les grands bras de la lumière............ Écoute la chanson au complet stp......

C'est toi, elle à été écrit pour toi Claire, pour l'espoir de VIVRE................Tu voles Claire, tu parles aux étoiles DANS TES PEURS, ET C'EST BIEN, mais vie encore.........Alors ??? :-) Vole bella, vole bella Claire....

PS du ps, du ps..Claire, ma Erika d'amour, elle est enceinte, nous aurons un ti bébé en octobre...C'est le Clair de la vie pour moi sur cela :) Je ne l'avais pas prévu ce bébé, mais je l'aime déjà, et la maman encore plus.....

PS de tous les PS...A ton prochain texte, je te fais jouer la chanson qui ressemble cette fois à ma mère.................

d'ici là, accroche toi que pour toi........et ne compte pas sur moi pour te laisser une chance de prendre la ligne droite et te mettre à faire semblant de E rien, c'est pas ton genre, il me semble............................

Mulher Claire xx

Anonyme a dit…

MOn cher David, je suis de tout coeur avec toi. Savoir ta mère en phase terminale, me donne des frissons...Oui, elle doit avoir vraiment hâte de revoir son fils près d'elle. Elle aura besoin comme jamais de la chaleur de tes bras et de lire dans tes yeux tout l'amour que tu lui portes. Étrange comme il est fréquent qu'une mort entraîne une naissance...Dire que tu seras père en octobre! C'est l'amour dans ce qu'il a de plus grand... Tes émotions sont profondes et à fleur de peau évidemment...Pas facile cette période de ta vie, hein ? Tu n'es pas égoiste! Tu n'as qu'un immense chagrin qui prend toute la place... Ne te laisse pas trop meurtrir le coeur. Il t'importe de voir la Vie dans ce qu'elle de plus beau...
Je pense à toi très fort, très fort.
Boa semana...
Claire.
PS. Désolée de te répondre par le blogue mais je n'ai pas ton adresse de courriel.
Tourlou.

quilestdifficile a dit…

Madame,

Je suis tombé par un heureux hasard sur votre blog il y a plus de 6 mois. Je commençais à peine à me relever d'une sorte de cancer.... une dépression majeure... Mais ce type de cancer est différent du vôtre car il me propose de continuer la vie... et c'est en vous lisant que j'ai eu envie de la continuer... pour moi mais aussi parce que je suis redevable à tout ceux qui ne peuvent la vivre comme ils le devraient... Plus d'un an s'est écoulé... Vos billets, quoique peu nombreux ces derniers temps, ont éveillé ma conscience. Malgré le départ de mon amoureux, la perte de mon emploi, le poids de mes 50 ans, vous m'avez convaincu que je devais revivre... Ce matin, j'ai réservé des billets d'avions. Je partirai trois mois. Trois mois à découvrir et à me redécouvrir. J'en profiterai pour croiser deux de mes enfants travaillant à l'étranger... J'en profiterai pour réapprendre à socialiser, j'en profiterai pour en profiter.
Mais je veux vous dire que pendant cette renaissance, je penserai à vous, qui je suis persuadée profiterez de la vôtre. Je sens que vous serez celle qui fera mentir les statistiques et les pronostics.
Merci encore pour votre dernier billet.
Il m'a fait tellement de bien, il a allumé en moi le désir de vivre. Et ça c'est énorme.

P.S. Votre soeur s'est absentée de son blog, ses écrits, à elle aussi, me plaisaient beaucoup. J'espère qu'elle se porte bien, merci de lui transmettre mes salutations.

Anonyme a dit…

joyeuses Pâques ma belle ClairexxxxxLa grand-maman anonyme.

Patricia Gagné a dit…

David Bérubé, vous m'avez fait pleurer! Courage!

Yves Boudreault a dit…

Merci, Claire, pour ce partage dont la générosité ne m'apparaît avoir d'égal que l'amour qui en émane.

Vous me permettez en quelque sorte (et à d'autres, à n'en pas douter) d'apprendre à vivre dignement mes moments difficiles, malgré la peur et avec courage.

Puisse votre vie être encore à tout instant emplie de lumière...

= : ') xx

Anonyme a dit…

bonjour très chère Claire moi aussi j'ai peur encore hier sans le savoir en pensant a`vous j,ai eu le courage de vivre un moment très difficile .Je souhaite qu,un jour je vous rencontrerai dans le vieux Longueuil et vous m,aiderez à comprendre le désamoursurtout l,accepter.....toujours la belle grand-maman d,amour.